Et en guise d’entrée ou d’apéro, c’est selon, une petite touche poivrée d’allemand : « Es Lebe Junta », ce qui se traduit littéralement par « Vive la junte » ! Normal, l’esprit du III Reich virevolte encore et toujours autour du Maïdan où vient d’ouvrir un resto au nom appétissant, Le châtieur. Si le terme en français est aussi prétentieux que caduc, il s’avère qu’une traduction plus nuancée casserait l’effet général. Jusqu’ici, j’ignorais que patriotisme et cannibalisme avaient quoi que ce soit en commun excepté la rime. C’est pourtant le cas. Si vous raffolez de chaire fraîche et que certains spécimens de l’espèce humaine réticents à la démocratie vous font saliver, laissez-vous tenter par les « Hommes Polis » (équivalent des petits hommes verts par allusion aux forces armées russes qui avaient pris part à la défense de la Crimée suite au coup d’Etat de Kiev de février 14), en fait, des pattes de grenouille, ou par les « 300 de Strelkov » (allusion aux 300 résistants qui se sont battus jusqu’au bout pour Slaviansk suite au retrait de l’armée républicaine), en fait, une escalope de veau grillée ! Les médaillons de porc « Pour la reprise de la Crimée », sans doute tout aussi succulents que les mets précédemment cités, associent de toute évidence les habitants de la péninsule à des porcs bons à être passés au fil du couteau. Maïdan est l’avant-poste de la liberté d’expression, peut-on lire, émerveillé, sur les pages d’un site aujourd’hui supprimé, maidan.org. Sachant que Le châtieur est présenté par ses promoteurs comme l’avant-poste du Maïdan place Maïdan, je vous laisse déguster tout votre soûl les arrière-goûts de cette soupe sanglante aux relents putrides. Entre la mise en scène de la décapitation d’un pilote russe par Daesh dans une boîte kiévienne, l’ouverture d’un café du même genre proposant des doryphores grillés par allusion aux morts d’Odessa qui portaient sur la poitrine le ruban de Saint-Georges dont les couleurs ressemblent à celles du doryphore ou le découpage supposément hilarant d’un gâteau représentant un nourrisson russe, les adeptes de l’eurointégration devraient déposer leur candidature dans une tribu cannibale d’Indonésie, j’imagine déjà l’accueil chaleureux qu’on leur ferait.
Alors donc que les « ukrops » affutent la lame de leur haine bestiale, les Pays-Bas affichent quant à eux leur rejet de l’hospitalité bruxelloise. Porochenko revêt le deuil et accuse Poutine d’avoir fait pression sur les Néerlandais pour, de un, gonfler le taux d’abstention au référendum sur l’association – il s’élève à environ 65% – de deux, faire en sorte que seul 1/3 des participants veuillent s’associer économiquement et politiquement à l’Ukraine. La surprise est tellement indigeste que Porochenko propose aux technocrates unionistes d’appliquer la démocratie à géométrie variable dont Kiev use sans modération depuis voilà deux ans. Selon lui, il faudrait faire fi des résultats obtenus et se mettre d’accord entre le gouvernement et les hauts fonctionnaires du Parlement. Malheureusement pour lui, le Premier ministre néerlandais ne l’entend pas de cette oreille. Il partage le verdict de son peuple et se moque éperdument des théories paranos-conspirationnistes qu’exhibe Kiev dans l’exercice de son pouvoir de séduction.
Les fantasmes sont une chose mais la réalité inverse les rôles. Dans les nouveaux think thanks du post-maïdan il conviendrait de saigner les russophones moskalophiles du Donbass jusqu’à ce que disparition s’ensuive. S’il est vrai que la trêve est malmenée, il est non moins vrai que l’UE saigne l’Ukraine à blanc … à rouge et sous toutes les sauces prévues dans le menu des engeances sorosites. On connaît leurs appétits et leur rare capacité à éviter les indigestions. Châtiera bien qui châtiera le dernier. L’UE ne tenant plus qu’à un spaghetti, le digestif ne tardera pas à être servi.
Françoise Compoint
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