Tôt ou tard, les rapaces se retirent. Repus de sang, ils font demi-tour en criant au loup, nous n’avons rien fait qui mérite vos reproches. Ainsi l’ont-il fait en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie et au Yémen, pourquoi n’en feraient-ils pas autant en Ukraine où l’on voit s’écrouler comme un château de sable les plans si peu coûteux mais ô combien ambitieux et long-termistes du Département d’Etat ? La question est de savoir quand en tenant compte des intérêts déjà tièdes des Brzezinski et des Soros ainsi que des moyens réels dont dispose la machine de guerre kiévienne.
Plusieurs éléments d’analyse permettent d’établir un pronostic préalable. Tout d’abord, comment ne pas relever les reportages purement descriptifs que met en ligne l’AFP ? L’un d’eux, d’une étrange brieveté, nous montre la ville martyr de Gorlovka en proie à de nouvelles séquences de pilonnage, le tout assaisonné de quelques sobres témoignages au leitmotiv prévisible : seule la diplomatie peut être gage de paix ! En principe, ce reportage ne vaut strictement rien : il n’éclaire pas le Français lambda sur la nature des hostilités en les replaçant dans le contexte de la violation flagrante et récurrente de Minsk-2. Néanmoins, si les rebelles «pro-russes» étaient jusqu’à présent tenus pour seuls responsables des agressions perpétrées, on s’aperçoit que le coupable n’est plus nommé. C’est à croire que la guerre n’aurait plus de visage et que l’ensemble de ses protagonistes seraient victimes de circonstances dépassant leur entendement. Comme les éclairages d’AFP sont révélateurs jusque dans leurs plus subtiles nuances des accès d’humeur washingtoniens, il est certain que le caractère hyper-neutre, voire délibérément flou du dernier reportage sur Gorlovka n’est pas le fruit du hasard.
Nous avons toujours tenu à distinguer les intérêts européens des intérêts américains qui ne s’entrecroisent qu’accessoirement. Il n’est pas exclu que le Parlement bruxellois soit exaspéré par les multiples dérapages de Kiev, notamment par le vecteur pro-bandériste de sa politique. Après l’EI qui s’invite joyeusement dans les pays occidentaux, il ne manquait plus qu’une Pologne inondée par des nazillons dont on ne sait même pas si demain ils ne seront pas à l’origine d’un Maïdan encore plus sanglant que le précédent ! Qui plus est, il est clair que l’UE continue à pâtir des sanctions anti-russes – maintenues du fait de la violation de Minsk-2 – alors donc que les USA ont bien au contraire augmenté leurs échanges avec la Russie de 23% (selon une estimation faite fin 2014). Les intérêts nationaux des pays de l’UE, auraient-ils enfin raison des conséquences de leur désouverainisation progressive ? On pourrait s’y attendre.
Deux questions s’imposent :
- Les USA, pousseront-ils leur aventure ukrainienne jusqu’à ses limites imaginables malgré le désistement d’un grand nombre de satellites ? Rien n’est moins sûr surtout qu’en réalité les 300 millions de dollars que le Congrès prêterait à Kiev pour combler ses dépenses militaires ne représentent pas grand chose. Il s’agit plus d’une mesure symbolique.
- Que reste-t-il des intérêts de la Maison-Blanche en Ukraine sachant que les deux principaux objectifs initialement poursuivis n’ont pas été atteints : primo, la Russie n’est pas intervenue et ne compte certainement pas le faire, de deux, l’économie russe a tenu le coup. Guerroyer pour le bassin houiller du Donbass ou pour le port certes stratégique mais pas assez d’Odessa ? Voilà qui ne rime à rien.
S’y surajoute la position plus que fragile de Porochenko. Le limogeage de Valentin Nalivajtchenko, chef du tristement célèbre SBU, s’avère à ce titre symptomatique dans la mesure où les histoires rabattues de corruption ont été montée de toutes pièces. Si le personnage a été évincé, c’est bien parce que Porochenko, se sentant plus que jamais menacé, avait tenté de réserver à SES hommes des postes clés, une tentative aussitôt étouffée dans l’oeuf. L’affaiblissement politique d’un chef d’Etat adoubé par Washington confirme donc la thèse d’un abandon progressif du dossier ukrainien. S’il est incontestable qu’un bain de sang reste toujours un bain de sang et que voir la dépouille déchiquetée d’une octogénaire relève de l’inqualifiable, il faut néanmoins distinguer la provocation de l’escalade réelle. C’est d’autant plus vrai quand on constate l’attitude de l’OSCE qui a derechef transgressé les limites rationnelles de ses engagements en interdisant à Narychkine la participation à la session d’été de son Assemblée parlementaire. Cet interdit ne vaut rien quand on sait qu’un contact bilatéral a été établi entre Victoria Nuland et le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Grigori Karassine. Il se pourrait fort que la Russie aide les States à se défaire de la problématique ukrainienne qu’ils traînent depuis quelques temps déjà comme on traîne un boulet et il se pourrait même que les élections locales qui se tiendront en Nouvelle-Russie le 18 octobre y contribuent fortement. Premièrement, ces dernières s’inscrivent dans la cadre du quatrième point des accords de Minsk sur «le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk». Deuxièmement, des observateurs de l’OSCE y seront conviés. Difficile donc de soupçonner des intentions d’opacité ! En fait, le point fort des Républiques, celui-là même qui leur permet de tenir contre vents et marées, c’est précisément le respect, au pied de la lettre, de Minsk-2.
Qu’en déduire à une échelle globale ?
L’Empire néoconservateur pseudo-manichéen mais à prétention messianique semble s’éteindre ses tours de force étant plus des soubresauts désespérés. Il échoue au Moyen-Orient, il a échoué en Ukraine et cherche maintenant des issues de secours. C’est Kiev qui payera une grosse part de la note en «lâchant» définitivement des Républiques dont l’infrastructure est déjà grandement endommagée. Reste juste à savoir si Washington ne voudra par rejouer la carte transnistrienne. Attendons.
Françoise Compoint
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