Inutile de rédiger un préambule ou de faire un dessin. D’entrée, la réponse est oui. Sans l’ombre d’un doute. Ce qui importe, c’est de savoir si celle-ci a les moyens de le faire, si ces moyens sont applicables sur le court-terme et/ou dans l’absolu, et s’il n’y a pas, sur ce point-là, un réel conflit d’intérêt entre les Etats membres de l’UE acquis à l’OTAN et les USA. Cette question est toujours d’actualité mais c’est aujourd’hui que je tiens à la reposer, le jour de la célébration du 9 mai où nous fêtons, joie dans le coeur et larmes aux yeux, une victoire aussi géopolitique qu’idéologique qui est une Victoire non seulement sur le III Reich et ses supplétifs – dimension locale – mais aussi sur le nazisme sous toutes ses sauces et déclinaisons car il n’en manque pas. Rien à voir cependant avec le discours antifa qui n’est qu’un écran de fumée avec des noctambules pour certains vendus pour d’autres idéalistes qui s’en prennent ou feignent de s’en prendre à des moulins à vent à grands coups de novlangue socialo-trotskiste.
A l’Ouest, il y a enfin du nouveau. En tout cas en apparence. Les temps sont durs, nous raconte Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, tellement durs qu’il faut bon gré mal gré relancer le dialogue avec la Russie. M. Stoltenberg a la mémoire courte. N’est-ce pas lui qui avait désigné la Russie d’ennemi numéro 1 ? Douglas Lute, ambassadeur US à l’OTAN, déclare à son tour qu’une extension encore plus poussée de l’Alliance vers l’Est n’est pour l’instant pas envisageable n’en déplaise à la Géorgie et aux Balkans qui ne cessent de fantasmer sur sa carte de route ô combien ambitieuse où l’on voit écrit « door remains open » ponctué de chaleureux points de suspension.
Quid de la réalité ? J’ai vu il y a peu une interview avec R. Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères français, dans laquelle il regrettait l’absence (sous-entendu officielle) d’un accord sur la non-extension de l’OTAN vers les frontières de la Russie, à commencer par les pays qui lui sont frontaliers. En fait, précise-t-il, cet accord a bel et bien existé au moment de la réunification de l’Allemagne mais personne n’a aujourd’hui accès aux archives. Personne. Pas même Dumas qui a essayé de les consulter mais en vain sa demande ayant été fermement rejetée. Il faut absolument, dit-il, retrouver ces archives et en faire connaître le contenu si l’on veut éviter une éminente (et imminente?) catastrophe.
L’Europe du Nord et les Pays baltes sont bourrés d’armes lourdes américaines ce qui porte atteinte à une stabilité qui dépasse l’échelle régionale. Les évènements ukrainiens l’ont démontré avec une éloquence aussi implacable qu’instructive. De toute évidence, ce n’est pas à l’OTAN de faire respecter les accords de Minsk ni même au Conseil de sécurité de l’ONU. Leur rôle, ils l’ont déjà joué. On appréciera le résultat. Revoyez donc les revues de presse de ces derniers mois : l’Ukraine a disparu comme si elle n’avait jamais existé. Les prétextes ont une durée de vie limitée. Les FAU en ont assez de combattre leurs frères et soeurs, les bataillons bandéristes dont on voulait faire sur place des supplétifs de l’OTAN ne valent pas grand-chose en dehors de leur encadrement par les structures militaires officielles. Deux ans plus tard, la France ne sait comment lever des sanctions infondées qu’elle ne puit lever sans avoir le feu vert de Bruxelles, plusieurs milliers de personnes ont été broyées par une guerre inqualifiable en plein centre de l’Europe, les pays de l’UE doivent composer avec Moscou à travers le prisme d’une réalité virtuelle fondée sur l’axiome d’une ingérence qui n’a jamais existé.
Un esprit malade est porté au délire. Occupée par l’OTAN, l’Europe occidentale délire. Même quand elle prend conscience de délirer, elle doit faire semblant de persévérer dans ses délires. Les chars américains poussent comme des champignons dans les Pays baltes au sein desquels on alimente une haine rabique de tout ce qui de près ou de loin a trait à la Russie. L’Alliance entend poursuivre l’élargissement de son bouclier anti-missile. Non, bien sûr, elle ne le voudrait pas mais l’ « attitude agressive » du Kremlin l’y contraint. Ce bouclier anti-missile qui n’est pas simplement un « bouclier » et dont on disait, hier encore, qu’il était pointé sur Téhéran et Pyongyang,s’avère vraiment (faisons mine de l’apprendre !) pointé sur Moscou. L’heure de vérité a sonné. Les USA quadruplent leur contingent aux frontières de la Russie. Ils injectent des trillions de dollars dans le nucléaire militaire et violent à cœur joie l’accord sur l’utilisation du plutonium militaire hautement enrichi (bilatéral, ratifié en 2000, et actuellement suspendu pour de mystérieuses raisons). Quant à la Russie, elle est coupable. Par définition. Coupable, en l’occurrence, de piétiner les points clés du TNP. Nous vivons dans un monde merveilleux. Un monde où Odessa est gouvernée par un agent de la CIA hystérique poursuivi au bercail pour meurtres aggravés mais toléré et même bien vu par les maîtres du grand Jeu parce qu’il crée un terreau favorable au stationnement de bâtiments de guerre US dans les eaux de la mer Noire.
Dans une intervention toute récente, Noam Chomsky cite l’ancien secrétaire à la Défense sous Bill Clinton, William Perry. Selon lui, le risque de guerre nucléaire n’a jamais été aussi grand qu’il l’est actuellement. Même aux heures les plus sombres de la Guerre froide. Comme il ne reste rien du processus de dénucléarisation lancé dans les années 70 par les deux hyperpuissances, les pronostics sont tout sauf rassurants.
Le tableau semble apocalyptique mais à bien y penser … comment une guerre entre l’OTAN et la Russie est-elle possible puisqu’en termes simples il s’agirait d’une confrontation russo-américaine qui ne saurait être que nucléaire ?
- Primo, l’Europe au sens propre, la vraie, celle qui devrait retrouver sa pleine souveraineté, ne veut pas de cette guerre. Ne serait-ce que par pur pragmatisme puisqu’elle en pâtirait la première.
- Secundo, déjà en 2014, le ministre de la Défense russe, S. Choïgu, avait évoqué la création d’un système spatial uni (anti-missiles) sans équivalent. Ce système permet la détection des missiles balistiques intercontinentaux mais aussi des missiles tactiques.
Les Américains sont bien déraisonnables et dépensiers, direz-vous.
En réalité, c’est l’UE et la Russie qu’ils poussent à débourser des sommes exorbitantes dans le cadre d’une pratique rabattue et malheureusement efficace qui est la course à l’armement. Il n’y a pas d’autre moyen de secouer le CMI US et d’appauvrir simultanément l’adversaire russe et le laquais européen qui commence à se rappeler son Histoire et sa véritable vocation qui n’est pas celle du caniche docile dorloté quand besoin est par oncle Sam. TAFTA, négocié comme par hasard à huis-clos, n’est qu’un volet de cette guerre économique éprouvante et désimmunisante.
S’il est vrai qu’une guerre russo-américaine est impossible, cela ne signifie cependant pas qu’un conflit régional à effet domino ne puisse pas prendre germe aux frontières nord de la Russie. Le projet Ukraine a certes échoué mais n’oublions pas que les pays Baltes sont d’excellents agitateurs familiarisés aux valeurs épatantes du III Reich. Les cas de conscience ne faisant guère partie de l’arsenal démocratique des USA et de leurs serviteurs de l’Alliance, il n’est pas exclu que les populations russes d’Estonie (qui frisent les 400.000 habitants), déjà notablement maltraitées et dont une certaine partie est apatride, soient sujets à des provocations armées. Si Poutine s’est abstenu en Ukraine, peut-être va-t-il craquer en Estonie suivant le bon vieux principe qui ordonne de ne pas abandonner « les siens » où qu’ils soient et quoi que cela puisse coûter. Sauf que Tallin, ce n’est pas le Donbass. Il est acquis à l’Alliance alors vous imaginez les éventuels dégâts. Nous dépassons largement le cadre du containment préconisé par la doctrine Truman.
Les guerres psychologiques épuisent autant que les guerres économiques. L’une ne va d’ailleurs pas sans l’autre. Néanmoins, le terrorisme psychologique a ses limites. Dans le cas de l’UE, il se pourrait fort que le virus infiltré par les USA se retournent contre ces derniers. J’entends, par exemple, l’importation du salafisme dont les effets repoussants contribuent à la cohésion et au renforcement des mouvements souverainistes anti-UE et anti-OTAN sur fond de déstabilisation progressive généralisée.
La question du départ est donc à reformuler : l’Alliance, peut-elle détruire la Russie ? Non, car elle s’autodétruira avant. Sa disparition se fera dans la douleur et aura un effet cathartique sur l’Europe qui redeviendra ce qu’elle a été et devait rester : une entité animée par un groupe d’Etats-nations. En ce 9 mai, Jour de la Victoire sur le nazisme mais aussi, par extension, sur toutes les idéologies colonisatrices meurtrières, j’ose espérer le renouveau de cette Europe et son alliance, autant d’esprit que de cœur, avec la Russie. Le chemin sera long, périlleux et coûteux. Mais il en vaut la peine.
Françoise Compoint
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