Attentat contre Charlie Hebdo : la Russie prête à Intensifier sa Coopération Anti-Terroriste avec la France

Selon le communiqué officiel du ministère des Affaires Etrangères de Russie transmis à l’agence Interfax, “les deux ministres sont tombés d’accord sur le fait que cette tragédie confirme la nécessité de renforcer les efforts menés ensemble pour lutter contre la menace terroriste“.

Par ailleurs, les deux ministres ont traité dans leur conversation des démarches entreprises par la France et la Russie pour tenter de régler de façon pacifique la guerre civile ukrainienne. Les deux états maintiennent leur détermination à trouver une solution pacifique lors que la somme de colère et de haine sur le terrain semble leur donner tort. Des combats intenses ont repris depuis quelques jours sur la ligne de front dans les banlieues de Donetsk et de Gorlovka, bien que la trêve soit respectée sur 95% du front.

France et Russie, même combat ?

La France et la Russie n’ont pour l’heure qu’une coopération limitée dans l’antiterrorisme, et notamment depuis deux décennies sur les filières tchétchènes et caucasiennes, dont certaines ramifications se sont développées en exil dans notre pays.

Pourtant, leurs intérêts sont communs. La Russie fait face au quotidien à des menaces terroristes islamiques intérieures – en Tchétchénie et dans le nord-Caucase, dans le Tatarstan (Kazan) ou encore en Crimée, et lutte contre elles avec assez de succès en cumulant l’action des forces armées et de renseignement, mais aussi l’aide des populations musulmanes directement concernées. Malgré le raid jihadiste très récent sur Grozny,  l’année 2014  a été, avec quatre attentats seulement, la plus calme depuis plus de cinq ans.

Par ailleurs, si les français font face à l’afflux des armes en provenance des zones de conflit et au flux d’entrée et de sortie des djihadistes, les russes rencontrent les mêmes problématiques. Selon des sources indépendantes, des milliers de djihadistes russophones, originaires du Caucase, sont actuellement engagés dans le djihad international en Syrie et en Irak, voire sur d’autres théâtres d’opérations militaires. L’attentat de Grozny début décembre a montré que leur retour est une véritable bombe à retardement qui pourrait radicalement remettre en cause la stabilité si durement acquise aux frontières méridionales russes.

Par ailleurs, l’existence de plusieurs conflits gelés – dont le Haut Karabagh et les sécessions ossète et abkhaze -, la porosité d’une frontière qui passe à travers des montagnes et de nombreux lieux inaccessibles, et le passé récent guerrier dans le Caucase, en Tchétchénie et ailleurs fait de la région un lieu où les armes sont facilement disponibles et en nombre.

Un problème similaire se pose maintenant en Ukraine, aux portes de l’Europe. En proie aux extrémismes de toutes natures, à d’intenses forces centrifuges, à une guerre civile à l’est et à une augmentation très nette de la précarité et de la misère, le pays est surtout en situation de quasi-faillite sur le plan financier et économique. Chaque jour, en Ukraine ou ailleurs, de nombreux trafics d’armes sont découverts, d’autres alimentent une criminalité locale en plein boom (rapts, vols, raids contre les entreprises, réglements de compte, milices…) et encore plus d’autres restent inconnus; une part importante d’entre eux proviennent d’une armée ukrainienne entièrement minée par la corruption et démoralisée par ses échecs militaires, la guerre fratricide et le désordre général dans le pays. Il est d’ores et déjà établi que des fournisseurs clandestins d’armes qui opèrent en Europe de l’Ouest, et notamment en France, se fournissent en Ukraine.

Une solution pacifique de la guerre civile ukrainienne et le désarmement des protagonistes – Etat ukrainien y compris – dans les plus brefs délais permettrait d’empêcher que l’Ukraine devienne le supermarché aux armements légers et lourds – les chars d’assaut et les canons n’échappent pas aux trafics – pour tous ceux qui voudraient déstabiliser de façon sanglante la Russie et les pays d’Europe.