La radicalisation politique et la destruction des institutions en Europe s’accélère dangereusement ces derniers temps. L’ennemi affiché reste le même, la Russie, et tous les coups sont permis. Le dernier en date est la mise en scène de toute pièce d’un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) au sujet du crash du Boeing MH17 en Ukraine, en pleine zone de guerre, avec l’armée ukrainienne au pis de son activité. Et ce n’est pas n’importe quel recours. Mais le recours d’un cabinet juridique australien, contre non seulement la Russie, mais également contre le Président russe V. Poutine. Donc avis aux cabinets juridiques du monde entier, Obama est à vous!
Le crash du boeing de la Malaysia Airlines en pleine zone de conflit dans le Donbass débutant sa phase armée de résistance fut un choc général. A la mi-juillet 2014, 300 personnes sont mortes. Des civils, des familles. Très rapidement, les Etats Unis ont accusé la Russie, mais faute de preuves, ont dû faire machine arrière. Pour autant, la mécanique de pression a été très bien mise en route. L’enquête menée en Hollande au nom de la communauté internationale a été sabotée et les résultats ont fait apparaître une zone de tir très large qui couvre tout autant les lieux tenus par l’armée ukrainienne, que par les combattants. Un missile de vieille production soviétique que l’on trouve dans tout l’espace post-soviétique, notamment en Ukraine. Et qui n’est plus produit en Russie.
Etant dans l’impossibilité d’insister sur la responsabilité russe, qui devait être le but, au minimum de l’enquête, un lobbying se met en place pour instituer un tribunal international. L’enquête internationale n’ayant mené à rien, un tribunal composé de personnes choisies doit réussir là où les enquêteurs internationaux ont échoué. Mais là aussi, ça n’a pas marché, les ficelles étaient trop grosses.
L’on continue donc à monter d’un échelon. Bureau d’enquête, tribunal international, maintenant la CEDH. Mais il n’y a pas de substance pour un recours. Donc il faut communiquer. Un recours a été envoyé à la CEDH. Pour information, en 2016, il y a 68 950 requêtes pendantes devant la CEDH, dont 16 050 dirigées contre l’Ukraine. Juste pour replacer les données dans leur contexte réel.
Bref, un recours, au milieu de milliers d’autres a été envoyé à la CEDH. Félicitations, quel exploit.
Il a été rédigé non pas par les familles, mais par un bureau juridique australien. Et j’aimerais savoir qui des proches ou du bureau juridique est à l’origine de l’idée… Pour 330 millions $ de compensations exigées, on peut réfléchir.
Au fait, ils auraient pu également porter plainte contre la Hollande. Mais c’est moins médiatique et ce n’est pas le but. Après tout, la Hollande a rempli sa part du marché. Donc recours fondé sur le rapport définitif qui ne détermine pas les responsabilités mais indique qu’un BUK, qui n’est plus produit en Russie et est présent dans tout l’espace post-soviétique a été utilisé pour descendre l’avion. Révélation croustillante s’il en est et pleine de perspectives.
Un recours non seulement contre la Russie, mais contre Poutine. Encore bravo. J’ai peur qu’Obama et ses prédécesseurs soient très occupés ces prochaines années à ce rythme là.
Toujours pour information, les Etats Unis sont les plus gros vendeurs d’armes au monde, lisons ce qu’Amnesty International écrit à ce sujet:
Les États-Unis sont, de loin, le plus gros exportateur d’armes au monde. ils sont à l’origine d’environ 30 % des transferts d’armes classiques (en valeur). Les États-Unis fournissent des armes à plus de 170 pays. (…) Ils ont restreint les transferts d’armes en direction du Myanmar, de la Chine, du Sri Lanka, du Zimbabwe et des pays visés par des embargos sur les armes décrétés par les Nations unies. Ils ont cependant vendu des armes à des pays comme l’Irak, Israël, le Sri Lanka, Bahreïn, l’Égypte et le Yémen, où il existait un risque substantiel qu’elles soient utilisées pour commettre de graves atteintes aux droits humains. Les États-Unis sont le principal fournisseur d’armes de l’Égypte et d’Israël, à qui ils vendent des armes lourdes ainsi que des armes de petit calibre, des munitions et des agents chimiques antiémeutes, malgré la répression violente menée contre les manifestants. Ils ont également fourni des armes de petit calibre, des agents chimiques et des véhicules blindés à Bahreïn. Ils fournissent aussi des armes, une aide militaire et des formations aux forces de sécurité colombiennes, malgré les atteintes répétées aux droits humains qu’elles commettent.
Mais soyons sérieux. Un recours médiatisé a été envoyé, il n’a pas encore été accepté par la Cour. Et ça peut prendre longtemps. Cour qui justement ici devra démontrer si elle est ou non une juridiction. Peu importe, l’information est dans tous les médias et l’on notera un article délicieusement pervers du Figaro qui a le mérite de déjà résoudre l’affaire.
Si ce recours avait été sérieux, il aurait été formulé différemment, évidemment pas contre le Président russe. Juridiquement, ça n’a aucun sens. Si la vérité intéressait la communauté internationale, l’enquête aurait été menée différemment et pas dans la presse.
En fait, elle intéresse quelqu’un. La Malaysie, qui a demandé à la Russie à l’aider à reprendre l’enquête et à faire le jour sur cette tragédie. Seulement la Malaysie n’intéresse pas l’Europe.
Karine Bechet-Golovko
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