Dans L’Homme-Dieu ou le sens de la vie, Luc Ferry dresse ce constat cinglant et sans compromis qui cependant peut être différemment conçu selon les sensibilités : l’homo occidentalis ne sait (ne veut plus ?) se sacrifier pour une cause transcendante, que ce soit Dieu ou la Patrie. Tout au plus serait-il capable d’abnégation vis-à-vis de sa famille ce qui semble être un contrepoids à la misère relationnelle qui caractérise une modernité ultra-individualiste. Cette observation est d’autant plus intéressante à analyser et à soumettre à la réalité actuelle que son auteur est un ancien manitou de Grenelle dont la philosophie a nécessairement marqué la jeunesse française.
A-t-il tort ? Je ne le crois hélas pas. Tout le démontre avec une éloquence accablante. Puisqu’il est question, lato sensu, de l’Occidental, prenons le cas tout récent et tout saisissant de l’Allemagne pour en revenir après à la France.
La nuit de la Saint Sylvestre ne fut pas des plus clémentes pour plus de 80 jeunes Allemandes sorties fêter l’approche du nouvel An et qui auraient goûté plus que de raison à la bonne bière du terroir. De leur terroir à elles. Celui de leurs ancêtres. Violemment abordées par une centaine de clandestins plus portés à combattre les mauvaises moeurs des Allemandes que les vilains barbus de Daesh, elles ont été tabassées (enfin, pour certaines), violées (enfin, seul un viol, un seul, a été recensé, mon œil !) et volées. C’est bien connu, la meilleure façon de voir satisfaire sa demande d’asile consiste à traumatiser les autochtones arguant des difficultés à s’assimiler vu leur intolérance.
Henriette Reker, maire de la ville, s’est érigée en reine de la prévention 2 en 1. Elle a d’abord activé l’option du surtout-pas-d’amalgame – dans le cas présent en taisant les affinités idéologiques des agresseurs – puis elle a renversé les responsabilités en pointant du doigt l’attitude provocatrice des victimes. Les prédicateurs saoudiens les plus radicaux n’auraient pas fait mieux. Issue du monde à l’envers qui devient le nôtre, cette dame ne s’est pas gênée pour distribuer des conseils de bienséance dont elle s’est démarquée peu après. Soyons clair. Le fait qu’elle maintienne ou qu’elle rétropédale ne change rien à l’affaire pour la simple et terrible raison que les Reker ont littéralement inondé l’Europe. L’antinationisme dont ils firent leur credo revient à écraser une franche majorité qu’ils ont le saint devoir de défendre par une minorité d’envahisseurs qui ne se cachent plus d’être ce qu’ils sont et qui en l’occurrence s’en sont pris à ces pauvres Allemandes pour ce qu’elles sont et non pas pour ce qu’elles font. Idem pour les chiites, des druzes, des yézidis et des chrétiens en Syrie et en Irak. Pourquoi les Européennes connaîtraient-elles un autre sort ?
Les Reker se diront peut-être pacifistes. Ils (ou elles) devraient être jugés comme tel (telles). Les pacifistes des années 20 ayant rempli les rangs des collabos aux heures de l’Occupation, on voit déjà dans quel camp vont se retrouver, comme par magie, les promoteurs angéliques du vivre-ensemble aux dépens des siens. Dans des situations telles que fut celle des années 39-45, telles qu’est celle d’aujourd’hui à travers les villes frappées comme vient de l’être Cologne, rester neutre relève de la mauvaise foi, voire du crime.Venez-donc dans le Donbass, à peine arriverez-vous à y trouver un habitant qui se déclarerait neutre tant vis-à-vis de Kiev que du voisin qui a perdu ses proches et dont la maison a été rasée par l’artillerie oukrop ! Les jeunes femmes passées à tabac dans la nuit du 31 décembre ont bien des pères, des frères, des amis, des collègues. Où sont-ils donc ?
L’Histoire condamne les collabos comme le christianisme condamne les « tièdes ». Ces deux catégories ont la triste vertu de faire bon ménage entre autres par le biais du déni.Molenbeek est une conséquence directe du grand Déni. Résultat : cette ville belge compte 22 mosquées contre 8 églises. Le problème, ce ne sont pas les mosquées en tant que telles mais le déni de soi exprimé à travers cette inversion quantitative choquante qui (heureusement) n’aurait pas d’équivalent inverse dans un pays musulman. La baignade séparée hommes/femmes revendiquée par le collectif « les Femmes de la Camy » de Mantes-en-Yvelines, là encore, dans l’esprit de Mme Reker, à des fins de sécurité, découle elle aussi du déni d’identité.Un inventaire dressé en 2015 révèle la menace qui pèse sur les églises de France avec au total 285 églises menacées. Manque de moyens, se lamente-t-on ? Il s’en trouve pourtant à gogo quand il s’agit de perfuser les désoeuvrés professionnels des cités ou de monter des expos obscènes dans les chapelles provinciales.
Je suis l’Esprit qui toujours nie, avoue le Mephisto goethien. Cet Esprit qui toujours nie enjambe insolemment le bémol de Ferry quant à la défense des liens de famille qui malgré tout demeurerait une constante. Cela parce que la défense de la famille est indissociable de celle de sa Terre. De son espace ancestral et vital. Le rejet de soi, loin de susciter l’empathie des envahisseurs, nourrit le dédain qu’ils ont d’une civilisation à leur sens – et il se trouve qu’ils ont raison – assez peu voire pas du tout viable dans son état actuel. A l’utopie finale de 1996 avec Depardieu en première ligne dans Le plus beau métier du monde se substitue, presque vingt ans plus tard, le chef-d’œuvre ambigude Philippe de Chauveron, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, assaisonné de répliques semi-comiques semi-amères du genre « Même les vieilles bourgeoises se convertissent à l’islam » lancée en arabe par le marchand d’une supérette halal ou encore « C’est ça la France maintenant ?! », celle-ci étant d’un haut fonctionnaire congolais. La péroraison moralisatrice venant clore les deux films n’enlève rien à l’effet produit par les piqûres de rappel dont s’avère parsemée la version 2014.
Le problème, je répète, ce n’est pas l’islam. La preuve, des jeunes filles kurdes s’organisent en groupes armés contre les salafistes qui violent et égorgent les leurs. Des ados sunnites rejoignent les forces armées syriennes au nom du salut de leur terre. Des martyrs tant chiites que chrétiens refusent l’allégeance à l’EI sachant très bien ce qui les attend. Le problème, c’est la tiédeur militante, aveugle et, à la lumière des derniers évènements, criminelle de l’homo occidentalis. De là le phénomène de la Cologne. De là le même coup de force sordide à Helsinki et à Vienne. Ferry avait raison. Mais pas assez. Il a dit A, il aurait dû se décider à dire B. Cela vaut pour toutes les nations européennes qui, à l’heure qu’il est, ont un exemple à suivre – celui du Donbass résistant contre les joyeusetés secondaires de l’atlantisme dont l’invasion (soi-disant) migratoire à laquelle nous assistons fait partie intégrante.
Françoise Compoint
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