Au fond, c’est pas si drôle que ça: Pietro Porochenko doit réellement choisir entre deux maux les deux n’étant pas des moindres:
– Il pourrait faire capoter Minsk-2 jusqu’à ce qu’il n’en reste stricto rien et provoquer la Russie qui aura alors légalement le droit d’introduire ses troupes dans le Donbass. Pourquoi? Et bien pour la simple et bonne raison que Moscou est garant du respect des accords de Minsk. Si elle n’avait pas ce droit d’ingérence, son rôle de garant perdrait automatiquement de son sens. Je vous laisse imaginer les dégâts de cette introduction, si elle a lieu, de Kharkov à Marioupol – frontières supposées du projet Novorossia – et les retombées que cela aura sur les régions du centre, la capitale y compris, et les régions de l’Ouest. S’il est clair que la Russie ne veut pas de ce scénario le conflit donbassien lui étant même dans son format actuel une grosse épine dans le pied, s’il est clair que les USA ne s’en porteront pas plus mal car, comme l’avait si bien dit un ami expert il y a quelques mois, Washington fera la guerre jusqu’au dernier Ukrainien mais même pas jusqu’au premier Américain, il est non moins certain que l’éventuelle ingérence russe signera l’arrêt de mort politique de Porochenko et de toute la clique putschiste kiévienne. Cet arrêt de mort ne viendra pas de Poutine mais des Ukrainiens eux-mêmes. Rappelons que 8000 militaires et policiers ukrainiens viennent de rejoindre les forces républicaines et qu’Alexandre Kolomïets, ancien assistant du ministre ukrainien de la Défense, analyste militaire émérite, est lui aussi passé du côté adverse. Les insuccès de la sixième vague de mobilisation ont été telles que même la ville de Soumy, un des principaux soutiens de l’EuroMaïdan, a peiné à dépasser les 15% des effectifs attendus! Le peuple semble avoir compris qu’on l’avait entraîné dans une fausse “guerre patriotique” et que les “patriotes” en chef ne faisaient que remplir l’agenda chargé d’une puissance étrangère. Néanmoins, vu la forte concentration d’équipements et le mouvement des FAU autour des Républiques, avant tout autour de la RPD (90.000 hommes seraient prêts à passer à l’assaut), il semble que Kiev soit déterminé à aller contre vents et marées. Quitte à fuir piteusement quand la situation deviendra incontrôlable. Ce constat nous amène à formuler le deuxième volet du diagnostic.
– Porochenko aurait pu s’en tenir plus longtemps à Minsk-2, encourageant des provocations plus ou moins régulières contre les civils en espérant que ces derniers se retournent contre les autorités locales. Il y avait en effet comme un sentiment de lassitude d’ailleurs évoqué par Babitski, ancien de RF, sentiment caractéristique des guerres alternant usure et périodes de semi-gel. Le problème, c’est qu’une journée de guerre coûte entre 2 et 7 millions de dollars … qui ne sont pas couverts pas Kiev, on s’en doute bien, mais bien par le FMI sur lequel les USA pourraient faire pression en cas d’instauration de la loi martiale en Ukraine, par la BCE et par l’UE. Leurs largesses ont des limites, surtout en temps de crise généralisée. Kiev est donc pris entre le va-t-en-guerrisme pressant des States qui comprennent bien qu’un conflit gelé dans le Donbass serait souhaitable mais difficilement envisageable en pratique ( expérience criméenne derrière et frontière commune de la région avec la Russie) et le chantage des ultra-nationalistes ukrainiens qui promettent aux Porochenko, Iatseniouk et co un très mauvais quart d’heure en cas de retrait.
Ces deux facteurs réunis, il devient flagrant que Porochenko a le choix entre deux dénouements au dénominateur commun. Il n’est d’ailleurs même pas question de choix à proprement parler mais de fatalité.
Reste à éclaircir la position du couple franco-allemand en cas de violation définitive de Minsk-2 parce que l’annoncer par la voix du ministère de l’Intérieur est une chose, passer à l’action en est une autre. Selon Rostislav Ichtchenko, politologue, président du Centre d’analyse systémique et de pronostic, Paris et Berlin restent des forces de dissuasion non négligeables que Kiev n’osera jamais défier en violant ouvertement Minsk-2. La réalité du terrain démontre le contraire: non seulement l’UE reste indifférente aux préparatifs des FAU et à l’augmentation du nombre d’instructeurs otaniens en Ukraine, mais en plus, il faut relever une campagne médiatique anti-russe encore plus féroce que par la passé. Comme toujours, les pluies d’encre précèdent les pluies d’obus. Nous sommes donc amenés à constater, une fois de plus et trois fois hélas, l’inutilité de la présence européenne dans les négociations. Plus que jamais, un accord US-Russie s’impose qui permettrait d’éviter une catastrophe d’envergure européenne. Les dernières prises de position de Kissinger sur les égarements de la politique US vis-à-vis de la Russie laissent entrevoir une lueur d’espoir. Peut-être d’ici là y auraient-ils d’autres Kissinger qui viendraient à la rescousse.
Françoise Compoint
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