La visite de l’avocat Damien Viguier s’est terminée le lundi 23 novembre par une table ronde au Ministère des Affaires étrangères de la DNR en présence du ministre Alexandre Kofman, des députés du Conseil du Peuple, du représentant de la Chambre Publique de la Douma de la Fédération de la Russie, des juristes donbassiens, des médias fédéraux russes et de Donetsk.
Au préalable, dès son arrivée à Donetsk vendredi dernier, maître Viguier a tenu une réunion de travail avec son confrère maître Jigouline, président de la commission indépendante de la République Populaire de Donetsk pour les crimes de guerre qui répertorie des actes de barbarie et de violation des droits commis par l’Ukraine contre les populations civiles de la région. Le but de cette réunion a été de poser les bases de la future coopération entre les juristes européens et ceux du Donbass partant d’une vision commune et partagée de la situation.
Le juriste français a dit avoir trouvé dans la DNR une armée régulière constituée et des services de maintien de l’ordre fonctionnelles. Actuellement, le barreau, les tribunaux et le système législatif étaient en train de se mettre en place. Tout cela lui a permis de déclarer qu’un vrai Etat a été créé de fait, bien qu’il n’ait pas encore été reconnu par la communauté internationale.
La réunion a permis d’établir une feuille de route pour les actions à mener auprès des instances internationales afin de faire valoir les droits des victimes et leur rendre la justice. Mais aussi pour pouvoir informer le public en Occident de ce qui se passe dans le Donbass et lui faire découvrir la vérité en brisant le blackout médiatique.
Les jours suivants l’avocat français Damien Viguier a rencontré quelques victimes civiles dont il deviendra le répondant. Parmi celles-ci il y a eu des habitants de la périphérie de Donetsk qui vivent à seulement quelques centaines de mètres de la ligne de front et Anna Touve, originaire de la ville de Gorlovka.
La jeune femme âgée d’une trentaine d’années reste remarquablement courageuse alors que la guerre ne l’a pas épargnée. Le bombardement de la ville par des bataillons de punisseurs a surpris toute la famille dans le jardin de sa maison le 26 mai 2015. La fillette ainée, Katia, qui avait à peine 11 ans et morte coupée en deux par un impact direct d’un obus. Le mari de la jeune femme l’a poussée dans le couloir de leur maison la couvrant avec son corps. Il est mort sur place sauvant Anna qui a eu un bras amputé par les débris métalliques. Elle a réussi à se poser un garrot avec son collant et à extraire son fils de 3 ans, Zakhar, ensanglanté de sous les décombres. Le gamin a eu des brûlures aux yeux et les broches obstrués, mais est resté en vie. La petite dernière qui venait de naître seulement 15 jours avant les évènements et qui se trouvait dans la partie arrière de la maison a eu quelques blessures. Les secours ont mis du temps à arriver car les pilonnages ne s’arrêtaient pas, mais une partie de la famille a pu être sauvé. Les autorités de la République populaire et notamment le président Zakhartchenko a pu réunir de l’argent pour leur acheter un appartement de 3 pièces à Donetsk. Une partie des fonds provenait de différentes associations et donateurs, mais Anna a encore besoin d’une prothèse pour remplacer son bars manquant. De formation médicale, elle en a besoin pour reprendre le travail d’autant plus qu’elle reste seule avec deux enfants en bas âge en charge.
La table ronde au Ministère des Affaires étrangères a été la dernière étape de la visite de l’avocat français, maître Viguier, en DNR. Rappelons, que cette visite a été organisée par l’agence Novorossia Today et l’association Novopole et financée par le don d’un entrepreneur français qui a souhaité rester anonyme.
Svetlana Kissileva
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