Le sommet du G7 qui vient de se dérouler en Sicile a officialisé le nouveau paradigme géopolitique, mettant les Etats au second plan, derrière les clans idéologiques. Trump, président des Etats Unis, s’est retrouvé face aux anciens alliés des Etats Unis, qui ne sont en fait que les membres du clan globaliste.
La fin de l’Etat comme centre stratégique
Les pays européens, le Japon et le Canada se sont retrouvés face à une nouvelle réalité géopolitique qui les a perturbé. Habitués à une alliance inter-étatique stable depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, selon laquelle les Etats Unis guident et protègent “le monde libre” contre tous les dangers et ennemis, la mise en retrait volontaire de D. Trump, le président du pays qui leur montrait la voie, les a laissé orphelins et perdus. Comme l’illustre cet intéressant article du journal Le Monde:
Non seulement, il n’y a pas d’accord sur le climat, mais en plus D. Trump s’est frontalement opposé à la légalisation de l’immigration, c’est-à-dire à la fin des frontières pour des raisons soi-disant humanitaires. Les accords commerciaux transnationaux sont remis à une date indéterminée, reste la lutte contre le terrorisme. D. Trump est allé au G7 comme on va en guerre. Les leaders “monde libre aligné” n’en n’ont plus l’habitude.
Côté européen, l’incompréhension est totale. La presse parle d’une mauvaise préparation de l’équipe américaine, d’un échec diplomatique, les politiques allemands estiment qu’il s’agit d’un sommet pour rien dont le financement aurait été mieux employé dans d’autres domaines, humanitaires évidemment.
Ce monde libre a perdu son leader, les Etats Unis, il faut une solution de rechange rapide. La Chancelière allemande fait une déclaration intéressante:
« L’époque où nous pouvions entièrement compter les uns sur les autres est quasiment révolue. C’est mon expérience de ces derniers jours », a déclaré la chancelière allemande lors d’un meeting à Munich, dans le sud de l’Allemagne. « Bien sûr, nous devons rester amis avec les États-Unis, le Royaume-Uni, en bons voisins, là où cela est possible, ainsi qu’avec la Russie. Mais nous devons le savoir : nous devons lutter nous-mêmes, en tant qu’Européens, pour notre avenir et notre destin », a expliqué Angela Merkel.
Donc l’UE doit remplir le vide laissé par les Etats Unis. Ce qui pose beaucoup de problèmes, mêmes techniques: l’UE n’est pas un Etat, elle ne dispose pas de ces leviers de pouvoir et n’en a pas la légitimité populaire. Surtout lorsqu’elle est engluée dans une crise existentielle. Va-t-elle pour dépasser cette impasse s’engager dans une voie autoritaire? C’est une très forte possibilité, que l’on sent avec le renforcement de la propagande et la radicalisation du discours qui ne permet plus l’opposition aux idées dites “européennes”.
Pourtant, l’appréciation faite par D. Trump de ce G7 et du sommet de l’OTAN sont diamétralement opposées, si l’on en croit ses déclarations sur Twitter:
Merkel and Macron have vowed to work together to further the pro-globalization agenda that Trump stands against.
Les membres du G7, les européens, mais aussi le Japon, attendaient le président des Etats Unis, ce pays qui était le leader du mouvement globaliste et ils on trouvé le président des Etats Unis, cet individu, devenu le leader du mouvement anti-globaliste, du mouvement souverainiste.
L’opposition n’est plus celles des pays, mais celle des forces idéologiques à l’intérieur de ces pays. Aux Etats Unis, le président se retrouve dans une réelle situation de cohabitation politique face aux forces globalistes qui tenaient avant l’élection de D. Trump tous les pouvoirs: institutionnel, médiatique, économique, judiciaire. L’élection de D. Trump a introduit une brèche dans cette gouvernance totalisante: l’institutionnel est sorti de la sphère de pouvoir globaliste. C’est pourquoi l’on voit Obama reprendre du service, voulant se poser comme le leader spirituel du mouvement globaliste. Pas en tant que Président des Etats Unis, mais en tant que représentant d’une force politique qui utilise les instruments étatiques (justice, parlement, etc) et sociétaux (presse, société civile) pour défendre ses intérêts. Pas les intérêts du pays, les intérêts d’un clan idéologique. L’Etat n’est devenu qu’un instrument parmi d’autres mis en avant dans un combat de pouvoir.
Ce mouvement globaliste étant trop insaisissable, il a besoin d’un visage et d’un corps, après avoir perdu les Etats Unis et son président. Merkel se pose en leader de facto, suite à l’adoubement d’Obama quittant ses fonctions. Macron, après sa visite d’intronisation en Allemagne, prend la place du dauphin. Un duo “européen” se met en place pour incarner le mouvement globaliste.
L’on comprend mieux alors la déclaration de Merkel quant à la nécessité de revoir les relations avec les autres puissances, comme la Chine ou la Russie. Si l’accord peut se faire sur la préservation des intérêts globalistes, il est temps de tourner la page. Les pays européens pourront-ils opérés ce grand écart, alors que toute la machine propagandiste est lancée contre ces pays? C’est à en douter, la révision des rapports avec la Russie ou la Chine peut être un frein à la révolution européenne.
Si Macron et Merkel, lancés par le mouvement globaliste, arrivent cependant à reformater l’UE pour tenir compte des nouvelles réalités géopolitiques et prendre formellement la tête de ce mouvement, cela peut sonner la fin des Etats européens. Et d’une certaine manière, la fin de l’Europe. C’est le plus grand choc et le plus grand défi géopolitique depuis la Seconde guerre mondiale. Et c’est dans ce contexte que le Président russe effectue sa visite en France, pour rencontrer E. Macron, nouveau leader régional de la globalisation.
Karine Bechet-Golovko
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