On ne dresse pas l’acte de décès tant que la mort n’est pas constatée par un médecin. Même si l’on sait que le malade est au plus mal. Même si l’on sait qu’il ne passera pas la nuit ou les dix minutes qui l’en séparent. C’est ainsi, le contraire aurait été inhumain. En termes organicistes, on pourrait en dire autant de l’UE, c’est-à-dire se dispenser de constater le décès avant qu’il ne soit avéré. Sauf qu’il y a une nuance cruciale dont nous avons perdu l’habitude de tenir compte: l’UE n’a jamais été l’Europe, l’Europe n’a jamais été l’UE. On peut donc se permettre de constater, sans que cela ne froisse notre humanité, la mort de cet organisme fabriqué de l’extérieur, tutellé, usé jusqu’à la corde comme l’on constate la mort de la chenille, puis celle de la chrysalide pour enfin voir naître le papillon. L’Europe a vocation à redevenir ce qu’elle fut: un ensemble de nations souveraines aux cultures différentes mais au dénominateur civilisationnel commun. Je ne vois pas en quoi est-ce que cela choque les champions de la bien-pensance. Après tout, excepté certains visionnaires tels que de Gaulle pour qui la Russie devait boire le communisme comme le buvad boit l’encre, presque personne ne croyait à l’effondrement de l’URSS. Et il est vrai qu’elle avait moins de raisons d’éclater pour la simple et assez bonne raison qu’elle était régie par une idéologie. Convaincante ou pas, justifiable ou répréhensible sur le plan des méthodes déployées, elle en était une.
Le problème de l’UE, c’est qu’elle n’a jamais eu d’idéologie. Rien que des idoles ou des simulacres au sens que conféra à ces notions la philosophie grecque. Bien plus tard, Baudrillard définissait la simulation comme l’art de feindre d’avoir ce qu’on n’a pas. La simulation sous-tend donc l’absence. Le vide. Le néant. Or le néant est stérile par définition. Aujourd’hui plus que jamais nous en avons la preuve. La désagrégation de l’UE face à l’afflux migratoire que ses technocrates ont longuement préparé à qui mieux mieux est le coup de grâce qu’elle se réserve dans un élan marasmatique sans précédent. J’ai l’impression d’avoir avoir affaire à une secte qui culpabilise ceux de ses membres qui refusent de se suicider. Les attaques récurrentes dont la Hongrie fait l’objet ces derniers temps – à croire que ce pays de 9 millions d’habitants à l’autonomie si difficilement acquise se soit couvert d’opprobre en refusant le génocide par substitution – démontre à quel point est-ce que l’instinct de survie des pays membres de l’UE est en voie de dégénérescence. Comme toujours lorsque le système se détraque, nous assistons au triomphe de l’absurde à travers des actes auto-destructeurs et un Verbe militant se voulant universaliste malgré des travers flagrants. Tout le monde n’est d’accord sur rien. Le Royaume-Uni se recramponne à son éventuel Brexit, la Péninsule ibérique gémit nonobstant les réticences d’une France socialiste à montrer qu’elle n’a pas les moyens d’accueillir les ressortissants de 15 pays en guerre soit des millions et des millions de pauvres hères, l’Allemagne est partagée entre l’envie de verrouiller les frontières en envoyant Schengen au diable vauvert et les invitations de Mme Merkel qui voulait faire d’une pierre deux coups: faire bosser pour trois sous des gens sans moyens et renforcer l’image d’une UE accueillante, droit-de-l’hommiste, éprise de justice et de liberté. Mais la réalité est toujours là: les nouveaux-venus sont rarement des enfants de choeur et même rarement des enfants tout court, beaucoup viennent en Europe par esprit vindicatif (on comprend!) et pour les allocs, la police n’arrive plus à séparer les victimes des djihadistes qui se fondent dans toutes ces foules torrentielles, la répartition des quotas désintègre davantage encore l’UE. Pour rappel, la Russie avait accueilli 1,5 millions environ de réfugiés ukrainiens. Vite, bien et sans en faire du journalisme à sensation. Serait-elle plus avancée sur un plan organisationnel? Je verse ici dans la provocation pour mieux montrer que ce déplacement de peuples qui pour certains sont loin de fuir des guerres résulte d’une opération fomentée depuis l’extérieur, facilement reconnaissable à ses prémisses et à ses fruits.
Ainsi, il est établi que:
– Le nombre de jeunes hommes devant normalement défendre leurs pays respectifs comme le font par exemple les femmes kurdes ou les chrétiennes de Syrie dépasse sensiblement le nombre de femmes et d’enfants franchissant Schengen. Nous n’allons pas revenir sur le financement de cet exode majoritairement masculin. On en voit les effets en Hongrie où des mâles parfaitement aguerris essayent de forcer la dernière ligne qui les sépare de l’Occident. La police a le plus grand mal à intervenir vu la présence au second plan de femmes et d’enfants (c’est un peu le bouclier à l’envers).
– Les url renvoyant aux invitations “journée portes ouvertes” envoyées soi-disant depuis l’Allemagne par des Allemands via leurs comptes tweeter ont été pour la plupart enregistrés aux USA et au Royaume-Uni. Une récente enquête bien documentée, captures d’écran à l’appui, initiée par Vladimir Shalak, docteur en philosophie, membre de l’Académie des sciences de Russie, a montré que les tweets d’accueil réellement envoyés depuis le territoire germanique ne constituent que 6,4% de la totalité des tweets de ce genre envoyés et non pas 76,8% comme cela nous fut initialement annoncé!
– Les monarchies du Golfe n’ont nullement l’intention d’accueillir ceux qui fuient le djihadisme. Trop préoccupées à construire leur immense rempart anti-djihadistes et à poursuivre leurs manigances en sous-main avec d’autres groupuscules islamistes, elles ont cependant la gentillesse de partager leurs pétrodollars avec les pays d’accueil et projettent la construction à leurs frais de 200 mosquées rien qu’en Allemagne. Sans doute est-ce en guise remerciement que l’Arabie Saoudite a été nommée à la tête du Comité des droits de l’Homme à l’ONU. On en déduit leur intérêt à ce que l’UE soit submergée comme on en déduit que les réfugiés en question ne sont pas là pour quelques mois ni même pour quelques années sans quoi il n’y aurait aucune nécessité à construire de nouveaux lieux de culte.
– Les USA comptent accueillir d’ici 2016 85.000 réfugiés dont 10.000 Syriens. On se demande quand est-ce que les conditions de cet accueil seront enfin réunis car cela fait plus d’un mois que nous n’en sommes qu’au stade des intentions.
Les faits énumérés permettent d’affirmer avec certitude qu’il ne reste rien de la démocratie en UE sans quoi les peuples auraient été consultés préalablement à l’accueil des clandestins, qu’il ne reste rien non plus de sa souveraineté sans quoi l’attitude de l’Arabie Saoudite et des USA auraient suscité bien plus d’interrogations qu’elle n’en suscitent, qu’il ne reste rien du bon sens aristotélicien qui marqua si longtemps l’Occident rationaliste sans quoi la politique syrienne de la France aurait été différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Ponctuant ce triple constat, je viens d’apprendre que les autorités bulgares ont autorisé les militaires à réprimer dans le sang la percée des sans-papiers: le simulacre des droits de l’homme s’est heurté à la réalité avec des résultats qui risquent d’aller au-delà des délires bisounours d’un Junker. D’une UE illusoirement unie nous avons vite balancé dans un état de pré-chaos propice à l’éclatement d’une somme de guerres semi-civiles et semi-religieuses.
Françoise Compoint
2 Comments
Laurence Guillon
Article plein de verve et de bon sens vraiment délicieux à lire en ce moment sinistre de notre déclin…
keg
Et si les migrants venaient ua secours des Peuples opprimés européens, enfermés dans une Europe qui n’est pas celle dont ils rêvaient et qu’on leur a volée. Non que je souhaite l’invasion de cette Europe forteresse prenable, mais que ces vagues successives signet l’arrêt de mort de cette Europe là,, incapable de cohésion. On ne peut créer une entité globale reposant uniquement sur une monnaie unique. Il eut d’abord fallut créer une Europe sociale, ensuite économique, ensuite politique, ensuite monétaire. A avoir voulu imposer l’inverse qui s’est limité à la seule monnaie unique, on perçoit aujourd’hui les bénéfices!
Demain l’Europe sera autre (ce qui induit la destruction complète de celle que l’on connaît et comme nous les occidentaux n’avons pas pris le soin de la démolir, d’autres le feront à notre place. Ce qui ne veut nullement dire qu’il faut épouser leur religion. Giscard avait raison d’insister pour indiquer “chrétienne” dans l’intitulé du traité de Lisbonne celui qu’on nous a imposé, en 2008, malgré notre refus au référendum de 2005) ou ne sera pas et chacun se repliera sur ses frontières. Aurons nous alors un nouveau Martell en tête?
https: //launedekeg.wordpress.com/2015/09/25/keg-ce-25092015-les-echelles-de-valeur-des-patrons-qui-frolent-le-smic-comme-les-cometes-frolent-la-terre/