En marge de la manifestation de Nantes, le 24 septembre 2016, l’interview de Louis Mélennec, docteur en droit et en médecine, historien.
NT : Pour nos lecteurs non initiés à l’histoire de Bretagne, pouvez vous nous exposer clairement les données du problème de Nantes et de son département, la Loire Atlantique ?
Louis Mélennec : Les Bretons sont établis dans la région nantaise depuis le 9ème siècle, à la suite de la défaite sanglante infligée aux armées de l’Empire franc, par le traité d’Angers, imposé en 851, par le roi breton Erispoé au roi franc Charles le Chauve. La Bretagne, totalement souveraine pendant des siècles, a été envahie, de 1487 à 1491. Elle a été annexée par la force et la concussion, contre son gré, en 1532, par des manœuvres déguisées en un faux « traité ».
Un décret, promulgué en juin 1941 par le gouvernement du maréchal Pétain, a amputé la Bretagne historique de Nantes et de son département. La Loire dite « Inférieure » a été détachée de la Bretagne, pour former avec l’Anjou une région dénommée « Pays de Loire ». En 2014, sans aucune connaissance du problème, sans tenir compte de l’histoire, dans la précipitation, l’amateurisme, l’incompétence, en violation des voeux de la population, et à la suite de « tractations » au bénéfice des « amis » du pouvoir, Paris a « redécoupé » les régions de France. La situation illégale instaurée en 1941 en Bretagne reste inchangée. Principaux responsables identifiés : Hollande, Le Drian, Ayrault, Auxiette.
Nantes et sa région sont devenues l’abcès de fixation des conflits multiséculaires entre les Bretons et les Français. Ce découpage de la Bretagne est inspiré par la volonté politique manifeste, en violation du droit international, qui interdit péremptoirement ce type de magouilles, d’empêcher les Bretons de reconstituer un ensemble géo-politique qui menacerait l’intégrité de la France, avec comme perspective inéluctable d’accéder à terme à l’indépendance. C’est un crime de lèse nation, qui engage indiscutablement la responsabilité du pays occupant, et de ses complices bretons.
NT : Que pensez-vous de ces manifestations pour la “réunification” de la Bretagne ?
Louis Mélennec : Le principe des manifestations organisées par Bretagne Réunie doit être approuvé. Mais il est très mal « managé », beaucoup trop timide. Au point où nous en sommes, la Bretagne est menacée de disparition pure et simple. Les Bretons ont conservé une identité très forte – infiniment plus forte que celle des Français – qui s’exprime partout, notamment dans ces réunions, dans lesquelles on ne voit plus un seul drapeau français. Mais l’inertie criminelle des politiques – les « élus » – et leur complicité active ou passive menacent de détruire le pays dans sa totalité. La Bretagne a été acculturée par la France, à partir de 1789, dans des conditions atroces. L’immigration incontrôlée a détruit l’harmonie de nos villes, et gagne les campagnes. La langue est en voie de disparition. Amputée par Paris de tout pouvoir de décision, la Bretagne ne possède AUCUN moyen de se défendre, en dehors de sa propre population.
NT : Votre avis sur les « identitaires » bretons, qui sont traités de nazis par l’Union Démocratique Bretonne ?
Louis Mélennec : L’UDB a quitté la manifestation de Nantes. Ce n’est pas en quittant des défilés de cette nature qu’on fait avancer les choses. Si certains manifestants ont bruyamment réclamé la sécurité des bretons en Bretagne, l’emprisonnement des voyous, des sanctions graves contre les vendeurs de drogue, ils ont fait, à ne considérer que cela, ce que souhaite 90 pour 100 dans la quasi totalité de la population bretonne, moi y compris. Que se passera-t-il lorsque la Bretagne aura rétabli son parlement et ses institutions ? Quiconque est incapable de discuter et de se réunir avec les autres travaille à la mort de la Bretagne. Le pays ne peut se reconstruire qu’avec le concours de tous les Bretons, sans exception. Celà suppose des concessions importantes pour les uns comme pour les autres. Si nous ne réunissons pas nos forces, nous resterons esclaves de la France ad vitam aeternam.
Selon les uns, le parti UDB n’est que le prolongement du parti socialiste, comme tel nécessairement mondialiste, créé pour faire obstacle à toutes les avancées dans la voie de la libération de la Bretagne. En somme : pour faire « comme si », un parti-prétexte, pour donner le change, en somme ; par conséquent, destructeur de l’identité bretonne.
L’UDB n’est certainement pas un parti doué pour le dialogue. Elle ne répond JAMAIS à mes lettres.
NT : Que pensez-vous de Bretagne Réunie ?
Louis Mélennec : Le but affiché de cette association est d’obtenir, selon ses slogans indéfiniment répétés, la « réunification de la Bretagne ». Cette formule est stupide. Le problème posé est celui de la restitution sans condition aux Bretons de leur territoire national, suivie de l’évacuation par la France de notre territoire.
Il y a des aspects positifs dans l’action de Bretagne réunie. Elle a réussi à obtenir un consensus relatif sur le principe de ces manifestations, dans notre capitale nationale ou ailleurs.
Mais dans leur forme actuelle, ces manifestations ne servent à peu près à rien. Ces sympathiques défilés,avec agitation de drapeaux bretons ressemblent, compte tenu de l’adversaire féroce auquel nous avons en face de nous depuis cinq siècles, qui a tout détruit dans notre pays depuis qu’il ose s’intituler le pays des droits de l’homme, à de gentilles promenades pour enfants de chœur.
Bretagne Réunie fait partie de ces associations qui, après les manifestations publiques, adressent aux pouvoirs publics des « motions ». La poubelle est le destin naturel de ce genre de littérature : elles ne sont probablement mêmes pas lues.
Bretagne Réunie, d’autre part, s’obstine à faire appel au sens de la démocratie de la France. Elle sollicite de ce pays totalitaire qu’il mette en œuvre une procédure de consultation de la population, pour savoir si cette population, qui réclame, à hauteur de 70 pour 100 au moins, de réintégrer son pays naturel, qui est sa propriété exclusive ! Absurde : la Bretagne est seule compétente pour décider de son avenir ! Elle n’a rien à demander au pays colonial, sauf de partir.
Cette stratégie de mollusques confine au ridicule. Comment peut-on invoquer la démocratie d’un pays qui nous a envahis, insultés, qui a détruit nos institutions, notre langue, notre culture, et qui a violé tousses engagements ? Il faut être fou pour penser que la France rétrocédera la moindre parcelle de ce qu’elle nous a volé, à mon qu’on use de tenailles pour les extirper. Ce pays ne connaît que la force. Nous ne devons rien lui demander, surtout rien solliciter : nous devons EXIGER. En particulier, nous ne devons en aucun cas demander à ce pays étranger de nous reconnaître comme peuple : nous sommes une nation depuis l’antiquité, c’est à nous de décider si nous condescendons à le considérer comme une nation, non l’inverse.
NR : Que pensez-vous des Bonnets rouges ?
Louis Mélennec : Le mouvement des Bonnets rouges de 2013 procède, en première apparence, de raisons fiscales. En réalité, il constitue surtout l’expression d’un ras le bol général à l’égard de la politique stupide de la France dans tous les domaines . Il a réuni des manifestants de toutes obédiences, de tous le milieux sociaux, de tous les partis. On a parlé, non sans raison, d’union nationale, ce qui est réconfortant : malgré le massacre mental de la Bretagne, les Bretons sont capables de se révolter ; ils le feront encore, pour se débarrasser de l’oppression. Mais ce, mouvement, né des circonstances, était disparate, hétérogène, il n’était ni pensé ni structuré. Dépourvu de stratégie claire, surtout de doctrine politique, il laisse aujourd’hui le souvenir d’un immense feu de paille, mais prêt à se rallumer. Cette poussée de fièvre prélude à ce que nous annonçons comme inéluctable, depuis trente ans : la prise de conscience collective par les Bretons que la France est un pays résolument étranger, et que l’essentiel de nos problèmes étant créé par son incompétence et sa corruption chroniques, il doit évacuer le terrain.
NT : Le succès de Livre bleu en Bretagne. L’UDB, les identitaires bretons, les bonnets rouges et Bretagne réunie, organisatrice de la manifestation de Nantes, font-ils la promotion du livre bleu de la Bretagne, si important et fondamental ?
Louis Mélennec : La première édition du livre bleu, en 2009 n’est rien d’autre que le rapport rédigé à la demande de Pierre Lemoine, ex-président de la FUEN, pour informer l’Europe de ce que la France a osé faire en Bretagne depuis cinq siècles : un travail éminemment destructeur, celui d’un pays colonial dépeçant sa victime. Nous n’avons bénéficié d’aucune aide : ni des médias – surtout pas ceux qui sont achetés par le pouvoir parisien, la presse de la collaboration -, ni des industriels, ni des « politiques », qui sont payés pour se taire, voire pour trahir. Les éditeurs se sont tous honteusement défilés. Tous se disent bretons convaincus, tous sont lâches – ou sots, ce qui est pire.
La deuxième édition, en 2014, a connu un succès colossal. Les mêmes ont continué à se taire, ceux qui tirent parti de la situation coloniale de la Bretagne. La version papier s’est littéralement arrachée.Plusieurs médias étrangers, russes en particulier, ont accueilli le livre avec une grande faveur. Les merdias – bretons et français – n’ont consacré à ce livre aucun commentaire. Rien dans Ouest-Torche ni dans le Télé-Crasse, bien entendu. Mais cette fois, la population bretonne – celle qui aime son pays sans aucun calcul d’intérêt -, nous a quasiment plébiscité. Une trentaine de blogs et de sites nous ont immédiatement soutenu, ainsi de le Parti breton et l’Adsav. Le cabinet du premier ministre en a commandé DEUX exemplaires François Hollande en a reçu un exemplaire par Bernard Poignant, ex-maire de Quimper. L’UDB a refusé d’en parler, au motif – tenez vous bien – que nous sommes des indépendantistes, et qu’ils sont seulement autonomistes. Les députés et les sénateurs ont reçu chacun un exemplaire, les maires aussi : aucune réponse, aucune réaction d’aucune sorte : tant mieux, voilà qui est clair, chacun est à sa place. Profil bas, aussi, du côté de Bretagne Réunie : merci, donc, de cet aveu.
NT : Vous avez démontré que la Bretagne est un Etat indépendant en droit international. Si cela est vrai, les lois de France sont-elles valables en Bretagne ?
Louis Mélennec : Être indépendant et souverain, décrit une situation juridique. Être l’occupant, sans aucun droit, est une situation de fait. Souvenez vous qu’il y a peu, l’ONU a admonesté la France, lui demandant d’évacuer la Polynésie, qu’elle n’occupe que par la force. La situation est la même en Bretagne.
Aucun Etat ne peut légiférer dans un Etat étranger. Tout ce que la France a fait en Bretagne depuis 1532 est nul, de nullité absolue. Nous sommes un certain nombre de juristes – et non des moindres – à le dire. Ma démonstration est sans aucun doute la plus accomplie, mais aucun juriste compétent n’est en désaccord avec moi. D’ailleurs, personne n’a même essayé de me réfuter.
Propos recueillis par Olivier Renault
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