Dans un article publié le 12 mars sur le blog de Marc Rousset, Bruno Mégret, haut fonctionnaire, fondateur du MNR (Mouvement national républicain), livre une réflexion intéressante sur le débat présidentiel, notamment sur les failles substantielles et techniques de Marine Le Pen qui, selon lui, aurait pu décrocher un score autrement plus important la conjoncture y étant plus propice que jamais. La lecture de sa critique et des recommandations qui l’accompagnent m’ont inspirée une série d’observations en rapport avec le devenir de la si mal nommée « extrême-droite ».
Primo, que Marine Le Pen ait pu gagner plus de voix ne fait aucun doute. La majeure partie des experts interrogés par des médias russes comme RT, dont des experts que l’on sent plus solidaires des Républicains ou de la France insoumise, ont fait le même constat. Néanmoins, les presque 34% de Marine Le Pen, même à imaginer qu’elle ait fait sensation au débat de l’entre-deux-tours, n’auraient pas rebondi au-delà des 40-45%. Or, il lui aurait fallu 51% pour entrer à l’Elysée. Elle ne les aura pas pour deux raisons : l’héritage un brin sulfureux du Menhir dont elle ne pourra jamais se défaire définitivement sauf à changer d’enseigne en créant un nouveau parti (ce qui impliquera une réforme drastique de ses thèses économiques et sociétales), un manque de souplesse qui fait que la candidate FN ne réajuste pas son programme économique aux attentes (lire aux angoisses réelles) des Français. Si les Français voulaient d’une sortie immédiate de l’euro, et de l’UE, Macron, même avec un M. Abstention clairement gagnant au deuxième tour, n’aurait pas fait le score qu’on lui connaît.
Secundo, et c’est là que je partage les analyses de Bruno Mégret et de Pierre-Yves Rougeyron, lors du débat (et d’ailleurs souvent en dehors de celui-ci), Marine Le Pen a tendance à soulever les dossiers qu’elle ne maîtrise que très faiblement au lieu de surfer sur des dossiers qu’elle maîtrise bien, d’une part, des dossiers de famille, si je puis me permettre, et des dossiers qui parlent aux Français : la désindustrialisation, la délocalisation, la submersion migratoire, particulièrement dans son rapport avec l’insécurité croissante, les économies faites sur le budget de la Défense, l’émiettement, voire le châtrage de l’Histoire de France, la fermeture des Eglises, leur vandalisation systématique, et la multiplication des mosquées, dont des mosquées salafistes (au nombre de 175 en France métropolitaine !!!), la GPA (il faut en parler plus, encore plus explicitement, insister lourdement sur l’impact de ces pratiques), soulever la question de la natalité non pas en polémiquant sur le remboursement ou non-remboursement de l’IVG mais en mettant au point une politique d’allocations familiales plus adaptée aux réalités quotidiennes des provinces profondes et des campagnes, etc. Autrement dit, il lui faudrait réenraciner le débat en élevant, d’un côté, le niveau de son populisme – flamboyant le jour de son pugilat avec Macron – de l’autre, en sortant des aspects techniques chiffrés qui sont plutôt le point fort d’un Macron banquier et technocrate jusqu’à la moelle des os. J’en veux pour preuve le faux pas de Mme Le Pen qui a proposé d’augmenter la taxe sur les importations tout en diminuant le prix des médicaments produits, à 75%, à l’étranger. Une incohérence aussi flagrante ne pouvait échapper à Macron qui a sauté dessus, exultant, et exaltant le ridicule de son adversaire.
Tertio, on convainc toujours plus difficilement par la négative ou par l’opposition à … . Macron, c’est le vide de la réflexion. Il pense, mais il ne réfléchit pas. Il n’a pas de valeurs. Bruno Le Maire, deux mois avant de devenir … ministre du cabinet d’En Marche, n’hésitait pas à le marteler sur Europe 1 : « Emmanuel Macron, c’est l’homme sans projet, parce que c’est l’homme sans convictions ». L’homme pour qui la République n’est pas multiculturelle lorsqu’il séduit les lecteurs du Figaro, l’homme pour qui il y n’y a pas de culture française mais des cultures en France lorsqu’il veut plaire au public éventuellement plus cosmopolite de France Inter. La vérité est que Macron n’est qu’un manager, quelqu’un pour qui le girouettisme, dans sa dimension éhontée, n’est qu’une tactique de négociateur dont il changera peut-être lorsqu’il s’agira de revendre son produit – la France avec ses châteaux, ses musées, ses hameaux, ses chapelles, les Français, en fin de compte – à un client plus donneur ou peut-êre désireux de conserver ses splendeurs pour des raisons personnelles ou touristiques. Des gens comme Macron ont vendu le Paris Saint-Germain au Qatar, l’hôtel Lambert a été racheté par les Qataris à la famille Rothschild (ici, on va droit à la source !), au total, près de 15 hôtels particuliers, des hôtels historiques en plein centre de la capitale, auxquels il faut ajouter les locaux du Figaro, ont été vendus au Qatar ! Les gens comme Macron sont même arrivés à vendre un bâtiment emblématique de notre pays (« CE pays », disent-il maintenant, à la manière anglo-saxonne) à Vienne, le palais Clam-Gallas. Macron, comme ses deux derniers prédecesseurs, est de la race des marchands. Ces petits marchands d’un Temple d’où Jésus les aurait chassé s’Il ne les attendait pas pour un autre type de jugement. Nous créerons une cellule spéciale anti-Daesh, avait dit Macron lors du débat : c’est ridicule. De quelle cellule veut-il parler en vendant les fiertés du pays à une monarchie wahhabite ? De quelle cellule veut-il parler quand M. Sarkozy, voulant singer les USA avec leur FBI, a fait fusionner le Renseignement général et la Direction de la surveillance du territoire de sorte que le Renseignement en est sorti très affaibli ? En outre, n’est-ce pas Macron qui a signifié aux Français, à l’instar de Valls en 2015, que cet « impondérable, cette menace [terroriste] fera partie du quotidien des prochaines années » ? Les Français ont voulu se débarrasser de l’Hollandie, les y revoilà via la Macronie. Comme quoi, tous les chemins y mènent. Il est regrettable que Marine Le Pen n’ait pas insisté, lourdement, méthodiquement, avec des mots simples et forts, sur la continuité hollandesque d’un Macron-clone qui vient de nommer un autre vendeur, encore un clone, M. Philippe, dont les liens avec les Frères musulmans sont de notoriété publique. M. Philippe prévoit quant à lui le réajustement de la loi de 1905, initialement conçue pour «[la gestion] d’un stock défini, et non un flux de cultes en métropole ». De quoi parle-t-on ? Des nouvelles tactiques digitales de gestion des stocks chez Decathlon ? Ou de la France ? Le FN a eu et aura à composer avec un lobby plus qu’avec un parti qui accélère, histoire de pognon, le BRADAGE de la France à l’islam radical. Il est inutile d’attaquer Macron, Philippe ou qui que ce soit de cette sinistre équipe. On ne se bat pas contre le vide, on ne polémique pas avec des vendeurs de supérette. On dresse un programme qui affirme par l’affirmation – et non le rejet contempteur et stérile de … – ce que doit être le sauvetage du pays.
A ce titre, on peut comprendre l’obstination du FN, principal parti d’opposition à ce jour, à promouvoir le référendum sur la sortie de l’UE. Mais ce n’est pas la bonne voie car le « référendum anti-Le Pen », pour reprendre l’expression de Frédéric Pons, est un référendum anti-Frexit et, par la même occasion, anti-sortie de l’euro. On ne peut pas imposer à un noyé une bouée qu’il refuse, il serait temps de s’en apercevoir. Ce que je comprends moins, c’est le peu de zèle avec lequel le FN promeut la sortie de l’OTAN.
De un, soulever la question avec plus de constance permettrait de remonter à la source de la plupart des défis actuels et de l’héritage gaulliste au quelle celle-ci est directement liée. Or, même sur le site officiel du FN, je constate que le dernier Communiqué de presse qui lui est relatif remonte à janvier 2016 et semble plutôt lié à l’impact de l’accession de la France au Protocole sur le statut des quartiers généraux de l’OTAN .
De deux, il ne faut pas hésiter à insister dessus, l’évidence crève la rétine : l’ennemi est interne. Comment est-ce qu’une Alliance pilotée par un continent qui a l’Atlantique pour rempart et les intérêts du CMI pour économie pourrait défendre les pays européens d’un ennemi interne objectivement renforcé par les campagnes menées en Afrique et au Moyen-Orient ? L’OTAN ne défend pas. Il provoque. Il augmente l’entropie. Ses mobiles (je privilégie ce terme connoté à dessein) déterminent le cours de la politique étrangère française. Et il coûte cher aux pays qu’il occupe prétextant des menaces mythiques.
De trois, les périodes troubles sont propices aux démarches osées. Envisager une sortie de l’OTAN (un des trois piliers de la resouverainisation) ferait moins peur car le peuple, peu importe sa nationalité, ne se soucie que passablement des fluctuations de la politique étrangère du moment que cette dernière n’entraîne pas une pluie de cercueils parmi les jeunes conscrits comme c’est le cas, par exemple, en Ukraine. Et encore que …
Que le FN dans son format actuel ait succombé aux maladresses tactiques et communicatives de Marine Le Pen, ainsi qu’au départ de Marion Maréchal Le Pen, ainsi (bien que cela reste encore à prouver …) qu’à la prise de distance de NDA, c’est un fait établi. D’ailleurs, il n’est pas exclu que Marion, loin d’être partie, n’ait fait que reculer pour mieux sauter le jour où un parti identitaire souverainiste convaincant se formerait. Marine Le Pen semble l’avoir compris elle qui a annoncé, juste après sa défaite au deuxième tour le 7 mai, et peu avant l’interview d’adieu de Marion, qu’elle allait former un nouveau parti. L’idée est bonne sachant que les 4% de Hollande ont rebondi jusqu’à 66 et des poussières en l’espace de 24 heures … comme quoi, il suffit parfois de changer d’enseigne en exacerbant des thèses massivement rejetées durant tout un quinquennat pour, en l’occurence, finir roi des malheurs d’autrui !
Pourquoi le FN n’en ferait-il pas autant en s’imprégnant davantage de certains points du testament de Marion ? .
Ces réflexions ne concernent que la facette civile du remède. La facette idéologique, si l’on veut. Mais l’ennemi est tellement enraciné, « enraciné » à sa façon, que les méthodes à déployer ne se limitent pas un simple plan de tracage dans les cités et au démantèlement des cellules, qu’elles soient dormantes, en état de semi-éveil, ou bien drôlement éveillées. Faisant abstraction des oukazes de Bruxelles, si vous ordonnez, dès demain, un moratoire sur l’entrée des clandestins et sur le regroupement familial, vous aurez une guerre civile. Si demain, à l’instar des Suisses, vous votez un moratoire sur la construction des mosquées, vous aurez une guerre civile. Il est tout à fait ridicule de disserter sur la nature spatiale/culturelle, astrologiques, ou encore météorologique des discriminations sexistes de Chapelle-Pajol du moment où l’on reconnaît que ce pan du territoire, étant conquis, n’obéit plus aux lois de la République. Ce n’est plus la France, ce n’est plus l’Europe.
Il faut donc oser prononcer le mot : la solution est militaire. Pour cette raison-là, remodelant son programme, Marine Le Pen doit s’attirer un maximum de sympathisants dans l’armée. Bien que non votante par définition (ce qui est regrettable !), la grande muette devrait pouvoir rompre le pacte du silence (donc rompre avec le loyalisme automatique et le politiquement correct) dès lors qu’elle acquiert un appui politique (idéologique) fiable à travers un parti souverainiste ET identitaire élargi. Le fait qu’il y ait plusieurs petits partis identitaires souverainistes dont la plupart ne se représente même pas est un mal auquel il faudrait remédier au plus vite.
L’appui identitaire souverainiste ne puit se passer d’une dimension transcendante. C’est la raison pour laquelle le futur FN devrait pouvoir renouer avec un électorat catholique lucide pour qui l’amour du prochain est exempt des abstractions socialistes qui l’ont gangrené. On n’aime que celui que l’on connaît. Notre prochain en tout. Comment voulez-vous aimer qui que ce soit en Afrique subsaharienne alors que vous ne connaissez même pas les états d’âme de votre voisin ?
C’est avec la plus grande attention que je relis le Camp des Saints. Derrière son style dense, parfois touffu, parfois ardu, voire alambiqué, cruel et réaliste, on re-découvre, consterné par l’exactitude du verbe, l’image de notre contemporain : « Si l’on veut comprendre quelque chose à l’opinion occidentale, face à la flotte immigrante ou face à n’importe quoi d’autre d’une nature étrangère, il faut se pénétrer d’une notion essentielle, à savoir qu’elle se fiche éperdument de tout (…). Mais imaginons un réveil brutal, un plongeon dans le réel, avec tout le monde au bain comme il ne s’en est plus produit depuis le Seconde Guerre mondiale. Le feuilleton crève soudain l’écran qui s’émiette avec fracas dans le bifteck-frites (…) ». En effet, que me disent des électeurs de Macron (ou des électeurs d’un Hamon, ou même d’un Poutou …) ? Le remplacement civilisationnel ? Moué, bof, ça existe, mais c’est marginal, c’est juste les médias qui mettent de l’huile dans le feu, ça va se tasser, on va trouver une solutio, ce qui compte, c’est les droits de l’homme, la France a toujours été un pays d’accueil … Les interventions ? Moué, on a fait des erreurs, mais enfin, la dictature et Daesh, c’est du pareil au même … Le programme économique de Macron ? Faut voir, au moins, il y a du neuf … C’est mieux que l’autre facho …
Jean Raspail pue le formol ? Ok, alors un Houellebecq qui par le biais d’un professeur de la Sorbonne, ex-identitaire d’ailleurs, explique comment l’intellectuel occidental moyen deviendra un renégat acquis à l’islam, est peut-être plus accessible à l’entendement du XXIème siècle. Encore hier, j’aurais cru que Raspail et Houellebecq exagèrent. Je constate, depuis l’élection de Macron, que ce n’est pas le cas. Je n’arrive pas à comprendre les analyses qualitatives des statistiques de votes d’adhésion et de votes par défaut. Cela ne change rien au résultat : il a eu plus de 20 millions de voix.
Néanmoins, avec plus de dix millions de voix pour Marine auxquels l’on ajoute les presque 5% de NDA, et au regard de la dynamique générale, je pense qu’il n’y a rien d’irrécupérable. Cependant, le sort de cette percée identitaire, net mais encore fragile, devrait être scellé d’ici 2022. Soit de manière chaotique, avant l’année des prochaines élections, soit l’année même des élections. Le délai du dénouement dépendra en grande partie de l’issue des législatives, de même que la capacité de la droite identitaire souverainiste à se ré-former, et à galvaniser.
Françoise Compoint
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