Ce vendredi 14 décembre 2015, l’Institut de la Démocratie et de la Coopération organisait dans ses salons de la rue de Varenne à Paris, une conférence sur le thème «La France et la Russie en Syrie : quelles convergences ?»
Cet institut de géopolitique prône la défense de l’Etat nation et manifeste un scepticisme certain devant le concept occidental d’ingérence humanitaire. Il affirme également que «l’ordre politique doit être fondé sur une perspective morale et en particulier sur l’éthique judéo chrétienne qui unit les parties Est et Ouest de l’Europe.
La séance a été ouverte par Natalia Narotchnitskaïa, présidente de l’institut qui, après avoir rappelé les récentes actions de l’IDC à travers l’Europe, a introduit le débat en rappelant le danger mortel que fait courir au monde le terrorisme islamique. Les orateurs de la soirée étaient le professeur Isaev, orientaliste, membre de l’Académie russe des sciences, Jean Bizet, sénateur de la Manche, président de la Commission des affaires européennes, Thibault de Montbrial, avocat au barreau de Paris, et Frédéric Pichon, historien, spécialiste du monde arabe.
Les intervenants ont tous insisté sur les intérêts communs unissant Russe et Français. Mme Narotchnitskaïa a affirmé que la Russie assumait désormais le rôle de protectrice des chrétiens d’Orient, mission longtemps assurée par la France. Elle a rappelé que la Russie, en intervenant militairement en Syrie soutenait son allié mais aussi protégeait l’Europe d’un déferlement ethnique qui ne manquerait de se produire en cas de victoire des terroristes islamiques. Le professeur Isaev n’a pas caché que son pays intervenait aussi pour assurer sa propre sécurité, selon ses sources, les terroristes compteraient dans leur rangs plusieurs milliers de combattants originaires de la Fédération de Russie. M Thibault de Montbrial a, lui aussi, prôné une alliance franco-russe contre le terrorisme. Pour lui la France doit contribuer à détruire Daesh au Moyen Orient, mais ne pas oublier que le Maghreb est en voie de déstabilisation. Au-delà du terrorisme, monsieur de Montbrial a déploré l’islamisation de la France incapable d’assimiler10 millions de musulmans pour avoir renoncé à ses valeurs et à son identité.
Si le constat des intérêts commun était unanime, l’unanimité régnait également pour dénoncer la pusillanimité de la France. Le professeur Isaev non sans ironie a appris a l’assistance que le porte- avions Charles de Gaulle envoyé au large de la Syrie au lendemain des attentats de Paris n’était resté qu’une semaine sur zone et avait été retiré du théâtre des opérations à la demande de Washington. Cette démission a déçu la Russie déjà ébranlée par le refus de livrer les Mistrals. Ce thème des Mistrals a été abordé par le sénateur Bizet qui a regretté que la France n’ait pas honoré sa parole.
C’est néanmoins Frédéric Pichon auteur d’un ouvrage récent «Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé» qui a été le censeur le plus sévère de la politique française. Il a dénoncé avec virulence le «vide sidéral» de la pensée stratégique française. Pour lui nos dirigeants mêlent arrogance et position de principe en méconnaissant totalement le dossier Syrien. Il a souligné l’alignement des Français sur les thèmes des «néo cons» américains notamment sur la création d’un «Sunnistan» facteur de déstabilisation et de nettoyage ethnique. La plupart des orateurs ont lancé un appel pour sortir la France de cette sujétion mortifère. Le professeur Isaev a incité les européens à s’extraire de leur «semi-dépendance» pour retrouver leur souveraineté. Il a dénoncé avec virulence l’attitude de la Turquie, cheval de Troie du terrorisme et vassal de Washington. Que ferais la France si demain la Russie abattait des avions turcs membres de l’OTAN ? Thibault de Montbrial a appeler à «changer de logiciel» c’est-à-dire à accepter le tragique de l’Histoire et prendre la mesure de l’état de guerre que nous impose le terrorisme. Il a martelé qu’il fallait «tuer l’ennemi» et «retrouver nos valeurs». Ces valeurs ont été définies par Natalia Narotchnitskaïa. Il s’agit du sens de l’honneur, du devoir, du sacrifice de la vie pour la patrie. L’Europe doit se refonder autour de ses valeurs chrétiennes. Elle doit refuser le monde unipolaire voulu par le nouvel ordre mondial. Appel à un réveil de la France, aux valeurs traditionnelles, à un monde multipolaire, les thèmes développés par l’IDC ont touché le cœur des participants de la soirée qui se sont séparé en ovationnant les orateurs.
Quand ces paroles de bon sens atteindront elle celui des dirigeants français ?
Vincent Perfetti
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