Le discours du Président russe devant l’Assemblée fédérale a fait passer, cette année, un message très clair: personne ne remet en cause le cours libéral de la politique économique du pays, pour autant la Russie a une histoire, des traditions et des intérêts auxquels il n’est pas acceptable de porter atteinte. La dominante fut l’unité nationale, la justice sociale et le développement économique.
Voici le discours (en russe) du Président russe V. Poutine devant l’Assemblée fédérale:
Alors que l’année dernière, un accent particulier était mis sur les questions internationales et surtout l’intervention russe en Syrie, cette année, le message est un message de politique intérieure, dont les trois point forts sont l’unité nationale, le renforcement de la justice sociale et le développement de l’économie. La Russie est un pays unie, sa population a donné un mandat au parti au pouvoir, non pas forcément par accord avec tout ce qui a été fait, mais pour mener à bien les réformes nécessaires. Toutefois, l’unité n’implique pas la remise en cause du pluralisme et la Russie rejette la censure, favorise le développement de projets individuels, l’implication des jeunes dans la société civile, etc. Pour autant que chacun respecte l’autre.
Le Président, à ce sujet, est revenu sur le scandale de l’exposition de photos classée +18 ans mettant en scène des enfants et des adolescents dans un contexte parfois suggestif, sans aller jusqu’à la pornographie. Cette exposition avait provoqué une réaction violente de la société civile, qui avait contraint les organisateurs à fermer l’exposition. Le Président a utilisé cet exemple pour rappeler la nécessité du respect dans le vivre ensemble: s’il est inadmissible de porter atteinte aux convictions, notamment religieuses des uns, il est également inadmissible de porter atteinte à la liberté d’expression des autres, dans les limites fixées par la loi. La violence privée n’est pas une réponse, c’est à l’Etat de réagir face à ces situations.
Sur le plan social, toute l’évolution de la médecine a été rappelée, et la nécessité de continuer dans cette voie. Economiquement, V. Poutine a rappelé que les sanctions adoptées contre la Russie ont permis aux industriels russes de se développer, mais ces mesures de protection ne seront pas éternelles, le marché russe doit se renforcer suffisamment pour supporter la concurrence. Il faut développer l’investissement, la formation des cadres, les hautes technologies. Le contrôle de la part des organes étatiques est important, mais il ne doit pas bloquer le développement des entreprises et la responsabilités des fonctionnaires a été renforcée. A ce sujet, la lutte contre la corruption a été soulignée, le Président rappelant que personne n’était protégé par ses relations, ses anciens faits d’armes ou décorations. L’actualité est en effet assez riche ces derniers temps. Mais une pique a été lancée au Comité d’enquête, sans le citer: il est inadmissible de transformer la lutte contre la corruption en show télévisé. Le porte-parole de cette institution, qui avait la furieuse tendance de parader, souvent et longtemps, devant les caméras, a été démis de ses fonctions, pour que le Comité d’enquête revienne à une communication plus professionnelle, qui ne porte pas atteinte aux droits des personnes interpellées, ni à la réputation de l’organe.
Une grande partie du discours a été été consacrée à l’enseignement, qui joue un rôle fondamental dans le développement de l’enfant et la formation de sa personnalité. Le but est de donner les capacités à chacun de se réaliser, mais pour cela développer des enseignements conduisant uniquement l’enseignant à amener l’enfant à “trouver” par lui-même n’est pas suffisant, l’école apporte aussi des connaissances. Si l’expérimentation pour faire évoluer le système est importante, il faut y recourir avec parcimonie pour ne pas porter atteinte aux intérêts de l’enfant.
D’une manière générale, il n’y a pas eu de surprises particulières, pas de grandes annonces non plus, plutôt un état des lieux, ce qui est normal à plus d’un an des prochaines présidentielles. Il est encore trop tôt pour lancer une offensive politique, le temps est à la consolidation. Et les marqueurs ont été posés très clairement: la Russie est un Etat souverain qui ne cherche pas le conflit mais défend ses intérêts nationaux, libérale sur le plan économique et prônant le respect des valeurs européennes traditionnelles.C’est uune tendance que l’on retrouve à des stades plus ou moins développés dans d’autres pays européens. Et la Russie pourrait être en mesure d’occuper ici une place de choix.
Karine Bechet-Golovko
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