Hier soir les chars de soldats putschistes ont roulé sur Istanbul, quadrillé la ville, ceinturé l’aéroport Atatürk. Erdogan, après le sommet de Varsovie, se trouvait en vacances selon les média sur la partie européenne de la Turquie. Le pont reliant le continent européen à l’Asie a été coupé par les putschistes. Des avions de chasses ont survolé à plusieurs reprises Istanbul ainsi qu’un hélicoptère des putschistes qui tirait sur les forces de l’ordre. L’hélicoptère des putschistes a été abattu dans la soirée. Plus de 800 putschistes ont été capturés (UPD: 1 500 selon les dernières informations). Erdogan vise, maintenant, une vaste épuration de son armée, ce qu’il souhaitait déjà faire dans le passé. La Turquie s’est rapprochée de la Russie après qu’un de ses avions ait abattu un avion russe en 2015 à la frontière turque et syrienne. A écouter une conférence de presse d’Alexandre Dugin donnée le 14 juillet 2016 à Ankara, le putsch aurait été une action des Etats-Unis. A voir la tête des soldats putschistes non expérimentés on serait tenté de penser à une action stratégique de la part d’Erdogan pour éliminer ses ennemis.
Etat de siège violent. Le putsch aurait été bien préparé et dans la soirée un risque de bain de sang était évoqué si Erdogan n’arrivait pas reprendre la situation en main. Erdogan a donné un entretien au CNN turc via Skype ce qui a surpris tout le monde car le président turc a l’habitude de communiquer dans des conférences de presse bien organisées. Cette intervention sur Skype laissait entendre que le pouvoir avait échappé à Erdogan. Dans cet entretien Erdogan a demandé à son peuple d’aller dans les rues pour le soutenir et pour empêcher le putsch. Le peuple turc est sorti dans la rue et a stoppé les chars. La population est montée sur les chars avec des drapeaux turcs.
Erdogan plus fort. Ce putsch manqué et le soutien incroyable de la population turque pour leur président que cela soit en Turquie, en Allemagne, en France… confèrent à Erdogan un assise solide dans son pays. Toute la nuit des milliers de pro-Erdogan étaient rassemblés à Istanbul pour soutenir Erdogan. Ces mêmes scènes de soutiens ont été vues à Berlin devant l’ambassade turque et devant un bâtiment consulaire de la Turquie à Stuttgart. Un journaliste allemand présent devant les manifestants à Berlin a été agressé verbalement. Ce-dernier a montré sa crainte de voir son pays disparaître devant la virulence des Turcs. « Ils ont des drapeaux à l’effigie de Loups Gris, groupe extrémiste turc implanté en Allemagne, », s’est exclamé le journaliste. « Ils sont comme les nationalistes allemands de Pegida. Ils refusent de répondre à mes questions », dit le journaliste visiblement très irrité et dépassé par la situation. Les manifestants turcs ont insulté le journaliste d’être un membre de cette « Lügenpresse », cette presse officielle (ici Bild) qui ne fait que mentir sur les faits…
Putsch des U.S.A ? Le 14 juillet 2016 Alexandre Dugin donnait une conférence de presse à Ankara pour souligner l’importance de l’amitié et de la collaboration stratégique entre la Russie et la Turquie. Dugin a dénoncé le rôle des U.S.A dans les diverses guerres autour de la Turquie. La Turquie a visiblement changé son jugement vis-à-vis de la Russie et collaborerait avec la Russie ce qui aurait provoquer l’ire de Washington et de ses alliés. Les attentats à l’aéroport d’Istanbul aurait été une des conséquences du changement de politique de Erdogan envers la Russie. A entendre Alexandre Dugin, le putsch d’hier, qui a échoué, serait donc une action américaine pour déstabiliser Erdogan.
Pourtant des questions se posent. A voir le comportement des soldats putschistes capturés nous pouvons voir de jeunes hommes totalement perdus et non déterminés. Ce putsch n’était-il pas plutôt une action stratégique voulue par Erdogan en personne pour liquider des opposants au sein de l’armée ? Et pour établir son pouvoir plus solidement ?
Olivier Renault
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