Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, va se rendre en Russie, le 16 juin, pour participer au Forum économique de Saint Pétersbourg. Alors que, justement, l’UE doit maintenir les sanctions économiques contre la Russie. Rien de politique dites-vous?<
Croix de bois, croix de fer, si je mens … J.-C. Junker, bien que ne faisant pas l’unanimité de ses partenaires européens et américains en acceptant l’invitation pour participer au Forum économique de Saint Pétersbourg, a joliement esquivé: sur la signification de sa visite :
Ma visite à Saint-Petersbourg aura un caractère plus économique que politique et ne sera pas l’occasion pour que l’UE annonce un quelconque changement de sa position à l’égard de la Russie.
Autrement dit, rien de personnel just business. Rappelons que nous sommes en période de sanctions justement économiques. Adoptées par l’UE à l’encontre de la Russie. Donc la visite d’un des dirigeants de l’UE en Russie ne peut qu’avoir un caractère politique. Peu importe qu’il parle d’économie, de littérature ou qu’il échange des recettes de cuisines. Sa visite est en soi un acte politique.
Et un acte politique qui se place sur fond de contestation au niveau national de la politique de sanctions menée par l’UE, sur “recommandation” américaine, à l’égard de la Russie. Car si la Russie profite de cette période de facto protectionniste pour mettre en place des politiques de (re)développement de son économie, ce qui aurait dû être fait dès les années 90, les pays européens, leurs industries, leurs producteurs, leurs éleveurs, eux, paient la facture. Et pas seulement économique, mais aussi sociale.
C’est pourquoi l’on voit le Parlement français adopter la recommandation demandant la levée des sanctions. C’est pourquoi le Parlement de Venise a également adopté un tel acte. C’est pourquoi même dans les rangs de la très rigide A. Merkel, son ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, se prononce pour une levée progressive des sanctions contre la Russie, puisque les accords de Minsk s’appliquent en partie.
La visite de Junker est donc bien un acte politique. Et un acte politique potentiellement fort. Car la position des Etats membres est de plus en plus clivée sur la question des sanctions, suite aux pressions populaires qu’ils subissent en période de crise.
Autrement dit, L’UE a dans ses mains la possibilité de se crédibiliser en commençant enfin à défendre les intérêts des pays européens. Et Junker ici a totalement raison. L’enjeu n’est pas dans un changement de relations avec Russie, mais dans un changement de ses relations vassalisées avec les Etats Unis.
Bref, nous attendons tous la déclaration d’indépendance de l’Union européenne…
Karine Bechet-Golovko
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