Renaissance des mouvement fasciste en Ukraine.
Après avoir défini le fascisme ukrainien, nous être penchés sur la prise du pouvoir des institutions représentatives de la diaspora ukrainienne par les bandéristes et montré leur rôle dans la reconnaissance de l’indépendance de l’Ukraine par les USA. Nous allons nous pencher sur la résurgence des mouvements fascistes en Ukraine et en particulier sur les organisations Spadchina, UNA-UNSO et le “Trident” qui sont à l’origine de Svoboda et Praviy Sektor. Pour les périodes précédentes, les archives de la CIA étaient très partiellement déclassifiées, à partir de 1991, tout demeure secret.
Situation politique en Ukraine à la veille de l’indépendance :
A la fin des années 1980 commença à apparaître dans l’est de l’Ukraine (principalement en Galicie) des réminiscences nationalistes. La Galicie est en effet la région natale de tous les nationalistes ukrainiens (Yevhen Konovalets est né à Lviv capitale de la Galicie, Roman Choukhevytch à Krakovets, Stepan à Kalouch, Andriy Melnyk à Drogobytch, etc…). Cette région rattachée aux dépens de la Pologne à l’Ukraine en 1939 a donc échappée à l’Holodomor (1932-1933). Ce qui n’empêche pas les galiciens d’être le plus fervents à le commémorer. Il est à noter aussi que la quasi totalilé de la troisième vague d’immigration ukrainienne sur le continent nord-américain est d’origine galicienne et que la majorité des contacts de la CIA en Ukraine résidait alors en Galicie. Pour contrecarrer la renaissance du nationalismes les autorités soviétiques firent publier des séries d’articles dans la presse ukrainienne rappelant les crimes commis par les membres de l’UPA. On glorifia les héros soviétiques de la lutte contre l’UPA, tel Fedor Ioulanov.
On peut considérer une double origine à la renaissance du fascisme ukrainien. Une première interne à l’Ukraine (endogène), qui est une résurgence des combats de l’UPA contre l’armée soviétique à la fin des années quarante. Ce nationalisme a comme chef “spirituel” Roman Shukhevych. Et une seconde origine externe (exogène) au sein de la diaspora fidèle à Bandera et ses successeurs.
Le fascistes endogènes :
L’organisation оум Спадщина (Spadicha, patrimoine) : les Shukhevychistes.
Leurs activités ont entraîné de nombreuses confrontations avec les autorités soviétiques, tout particulièrement à Bilohorcha ou ils édifièrent un cénotaphe à la mémoire de leur mentor Roman Choukhevytch. Au début des années 1990 l’organisation prend une tournure paramilitaire et insurrectionnelle. Elle s’entraîne à la guérilla dans les Carpates. Une fois l’indépendance acquise, le mouvement prend une tournure politique est devient le parti sociale-nationaliste Ukrainien (Соціал-Національної партії України). Le parti sociale-nationaliste ukrainien porte depuis 2004 le nom de Svoboda. Néanmoins L‘оум “Спадщина” existe toujours sous sa forme initiale.
Les leaders de Spadtchina étaient : Andriy Parubiy, Taras Rodtsevycha, Bogdan Malyeryka, Taras Hovzana et Yaroslav Kaszuba. Andriy Parubiy fut 24 ans plus tard un des principaux acteur de l’Euro-Maïdan. Et de nombreux membres de l’association ont participé à la révolution orange et à l’Euro-maïdan…
Les SNUM : Les crypto-bandéristes.
Le mouvement a été créé en Juin 1989 à Karkov, il avait comme nom à sa création le SUM (organisation pour la jeunesse ukrainienne), le N de nézalejnoï, c’est à dire “indépendant” a été rajouté pour se différencier en apparence de la SUM de la Diaspora trop marquée Bandériste.
Les SNUM, “le syndicat indépendant de la jeunesse” (Спілки Незалежної Української Молоді) est une association de jeunesse et étudiante fondée à Makivka en août 1989 par Oleg Vitovitch (1967-2011), Igor Derkach, Andrii Sokolov, et d’autre jeunes de Soumy. Makivka est une montagne qui a été le lieu de combat en 1915 entre les russes et le bataillon Sich (Unité de l’empire Austro-hongrois composée d’ukrainiens) dans lequel combattait Andriy Melnik. Le choix de l’adjectif indépendant dans le nom de l’organisation pour se démarquer du bandérisme de la diaspora et le lieu de sa création, la montagne Makivaka ou Andriy Melnik combattit avec gloire, laisserait penser à une influence melnikiste, soit de façade, ou soit temporaire. L’hypothèse la plus probable est la seconde, Igor Derkach devait être alors de sensibilité melnikiste et Oleg Vitovitch bandériste.
La SNUM est un mouvement indépendantiste, prônant la dé-soviétisation, la dé-russification et l’ukrainisation du pays, ne serait-ce en combattant la langue russe en remplaçant les inscription en russe par des stickers en ukrainiens.
Le 27 mai 1990, à Ivano-Frankivsk a eu lieu une scission de la SNUM entre les modérés menés par Igor Derkach (2/3 des présents) et les radicaux de Oleg Vitovich. Il y a alors eu une deuxième SNUM ultranationaliste (Спілка націоналістичної Української Молодi). Il existait aussi au sein de la SNUM (indépendante) une branche nationaliste SNUM(h) dirigée par Dimitro Korchinsky qui sera un des fondateur de l’UNA-UNSO.
L’essor des mouvements indépendantistes estudiantins peu être mis en relation avec la série de conférence sur l’histoire ukrainienne donnée dans l’enseignement supérieur en 1990 par Anatole Kaminsky (agent QRPLUMB57 de la CIA) et Taras Gunchak beau-père de Mykola Lebed (agent QRPLUMB2 de la CIA). Le cocktail “Bandériste-Ruhk-Groupe d’Helsinki” font d’eux des probables contacts des agents du programmes de la CIA QRPLUMB. De plus cette association contre-nature entre des organisations indépendantistes modérées et une extrémiste, illustre le double langage des agents de QRPLUMB. D’un côté, il contente la CIA alignée sur la politique du “containment” en aidant les activistes modérés (groupe d’Helsinki) et de l’autre, ils contentent leurs aspirations personnelles en créant des mouvements nationalistes et indépendantistes.
La propagande de la SNUM est imprimée en Lituanie et en Pologne puis elle est renvoyée en Ukraine, ce qui conforte l’idée d’une aide par la CIA. Le projet QRPLUMB disposait d’une imprimerie en Pologne, publiant la propagande pour les pays baltes.
Leurs actions sont centrées sur des commémorations à Staryi Uhrinyv, village natal de Stépan Bandéra, régulièrement émaillées d’incidents avec les forces de l’ordre (un blessé par balle le 10 Juillet 1991). Une autre action centrale est la célébration du 30 juin 1941 (seconde déclaration d’indépendance). Le 30 juin 1990 eut lieu à Lviv la première célébration organisé par Oleg Vitovych. Le 4 Novembre à Kiev, des délégués venus de Lviv, Ternopil et Ivano-Frankivsk, de Tcherkassy, Jitomir, Kiev, Rovno et Poltava votèrent la création de l’UNS “union des nationalistes ukrainien” (UNS, Української Націоналістичної Спілки (УНС)) et l’intégration des SNUM (nationaliste) à cette dernière. L’UNS fut ensuite intégré l’UNA (Assemblée des nationalistes ukrainiens, Украïнська Національна Асамблея). Le 16 mars 1991 eut lieu la première manifestation à Lviv ou l’on pu voir des drapeaux noir et rouge (couleur des bandéristes) portés par des membres des SNUM et UNS. Avant cette date, seul le drapeau jaune et bleu, symbole nationaliste avait été arboré lors de toutes les manifestations.
Évolution des mouvements nationalistes après l’indépendance :
Les mouvements nationalistes existant avant l’indépendance étaient indépendantistes et anti-soviétique avec une composante insurrectionnelle. Après l’indépendance, ils se transformèrent en partis politiques “traditionnels” et russophobes, laissant de côté leur composante para-militaire, exepté l’UNA.
UNA-UNSO:
Retour de la diaspora Bandériste :
Congrès nationalise Ukrainien :
En juillet 1991, après 47 ans d’exil à Munich, Slava Stetsko retourne en Ukraine. Elle la femme et le successeur de Yarosloav Stetsko, bras droit de Stepan Bandera et dirigeant de l’OUN(b) et de l’ABN à la mort de ce dernier. L’année suivante, elle créa avec Roman Zvarych, citoyen des USA et futur ministre de la justice ukrainienne (2005, gouvernement Yulia Tymoshenko et 2006, gouvernement Viktor Yanukovych), le congrès nationaliste ukrainien. Slava Stetsko rencontra Roman Zvarych dans le cadre du bloc des nations anti-bolchevique (ABN) qui sera le creuset de nombreux acteurs de la révolution orange et de la vie politique ukrainienne. Le congrès nationale ukrainien peut donc être considéré comme le cheval de Troie du “bandérisme-cosmopolite”.
L’organisation pan-ukrainienne Trident (Всеукраїнська організація (ВО) «Тризуб» імені Степана Бандери):
Le “Trident” ou “Trizoub” est une organisation para-militaire créer pour protéger les manifestations du CNU et faire contrepoids à l’UNSO. Il a été crée à l’initiative de Slava Stetsko par Vassili Petrovitch Ivanyshyn et Dimitri Iaroch, futur leader de Pravyi Sektor. Le Trident a pour but : ” la promotion de l’idéologie du nationalisme ukrainien selon les conceptions de Stepan Bandera ; l’éducation de la jeunesse ukrainienne dans l’esprit du patriotisme et les activités de protections nationales, à savoir la protection de l’honneur et la dignité de la nation ukrainienne, dans toutes les conditions par tous les moyens et les méthodes disponibles. Le trident a cessé d’exister en novembre 2013, en se fondant dans Pravyi Sektor.
En quelques années, l’Ukraine est donc passée de l’URSS où le concept de nationalisme était proscrit au profit de celui de patriotisme, à l’Ukraine où le nationalisme était le moteur de l’indépendance. Durant cette période les drapeaux bleus et jaunes était opposés aux drapeaux rouges de l’URSS. Dans un second temps, succédant de peu à l’indépendance, le nationalisme devint de plus en plus le moteur du fascisme, cette période est marquée par l’apparition des drapeaux noirs et rouges et des portraits de Bandera et de Stretsko. Mais il n’est pas impossible que la bandérisation de l’Ukraine fut prévue dès le début du processus de l’indépendance et différée par pragmatisme, comme le laisse penser cet éditorial du numéro 2 de “Молода Україна” (Moloda Ukraïna, gazette des SNUM) concernant les élections législative de mars 1990 :
Західна Україна може висунути більш радикальних кандидатів у депутати, їм тут підтримка гарантована. Партбюрократи у нас пройти не повинні. А от на сході ситуація може скластися діаметрально протилежна. Тож там і потрібні ліберальні кандидати в депутати. Отож, тільки наш край зможе висунути достатньо радикальну депутатську групуDans l’Ukraine occidentale on peut proposer des candidats plus radicaux (SNUM), leur soutien est garanti. les bureaucrates de notre partie (Rukh) ne devrait pas s’y présenter. Mais dans l’est la situation peut se passer de manière diamétralement opposée. Donc, il faut des candidats libéraux (Rukh). Par conséquent, seulement notre région peut nommer des députés radicaux.
Dans cette articles nous avons vu qu’il existait deux mouvances dans le nationalisme en Ukraine, l’une purement endogène (qui survit aujourd’hui dans Svoboda) et un deuxième d’inspiration étrangère (aujourd’hui regroupée dans Pravyi Sektor). Dès lors, on est moins surpris que le lancé de grenade devant le Rada Suprême fin août fut le fruit d’un élément du Bataillon Sich, lié à Svoboda, mouvement nationaliste le moins enclin aux ingérences étrangères dans la destinée de l’Ukraine.
Laurent Courtois