Le manque de professionnalisme est toujours tragique. Mais quand c’est la politique qui est dans le collimateur, l’effet néfaste s’en trouve à la puissance 10 sinon 100.
Je tenais à vous entretenir cette fois-ci sur la méthode politique de Marine Le Pen qui lui a fait perdre les régionales. Je n’entends pas louvoyer et vous mets, noir sur blanc, ce que j’en pense me trouvant passablement excentré à Moscou. Il se trouve que Marine s’est tragiquement trompée dans son choix des effectifs humains. La seule force positive, le seul moteur propulseur de sa politique extérieure digne de ce nom était Aymeric Chauprade, éloigné de la direction du FN et, finalement, banni, peut-être même à jamais des rangs des fidèles. Ce jeune eurodéputé, plein d’allant, n’a pas su être apprécié à sa juste valeur par la clique qui entoure le pied du trône de Dame Marine. Le très doucereux Philippot n’est pas vraiment apprécié par la foule.
Quant aux autres lieutenants, il y en a peu en état de tenir la barre ou, au moins, d’avoir une compétence et une aptitude à gouverner surpassant celle du socialiste Le Foll si je prenais cet échantillon socialiste en guis de thermomètre de nullité absolue.
La très belle et non moins émotionnelle Marion Maréchal a, certes, un avenir prometteur mais point confirmé par sa culture politique. Interrogée par les journalistes ce qu’elle pensait sur un problème de politique extérieure, la belle est partie en sanglots pour cacher son manque de compétence. Tout ça pour conclure à l’inefficacité ou la très mauvaise qualité de l’équipe dirigeante du Front, pas vraiment à la hauteur de ceux qui croient dur comme fer en l’avenir de la nation française.
En fin renard, Nicolas Sarkozy, lui, a su s’armer de patience à toute épreuve pour, le moment propice, décocher sa flèche du Parthe et l’emporter sur le FN lors des régionales de décembre. En résulte une situation qui démontre que les Français ne sont pas dupes et qu’ils savent juger les hommes (et les femmes) à l’aune de leurs capacités politiques respectives.
Marine a perdu les régionales (sauf une région, mais rien qu’une seule) parce qu’elle avait une mauvaise vision du peuple et de la politique à suivre. Cela advint suite à la fausse idée que la lutte contre l’immigration peut faire le bonheur d’un pays. Le programme économique n’a pas été convaincant et les appels à bouter dehors les intrus sont privés de tout contexte pratique qu’ils devaient normalement comporter. Si Marine avait mis la nation devant ses défis, les questions auraient trouvé automatiquement leur réponse. Elle n’avait qu’à faire assumer à la nation la responsabilité de ses actes ultérieurs en explicitant aux Français qu’une partie du territoire national peut être définitivement perdu et que le couvre-feu dans les grandes villes avec le quadrillage ds quartiers dits difficiles et la construction des camps de rétention avec les travaux forcés pour tous les soi-disant réfugiés étaient la seule voie de salut. Et quand bien même elle aurait appliqué ces mesures draconiennes, que cela n’aurait pas été suffisant. Il fallait enfoncer le bouchon encore plus loin en appliquant le filtrage de la population de ces camps pour déceler les troublions. Ensuite la peine capitale pour meurtre prémédité par voie de terrorisme et la fermeture définitive des frontières s’imposaient. L’union avec la Russie pour la lutte contre les bases des islamistes en Afrique du Nord et au Proche- Orient, la sortie du dispositif militaire de l’OTAN étaient aussi les points à l’ordre du jour. Mais rien de ce programme n’a été ni peaufiné, ni présenté lors de ces élections.
Le seul message porteur de la chef du FN était un «je le savais»: «je savais que ça allait mal tourner, je savais que les immigrés allaient débarquer, j’étais sûre que l’Europe nous lâcherait»… A force d’écouter ces jérémiades, on était presque tenté de demander : et après ? Vous le saviez, d’accord, mais ça donne quoi en fin de compte ?
Sarkozy, lui, a gardé très exactement la même ligne que Marine mais avec un doigté bien net et une position beaucoup mois marginale. Ce qui, bien évidemment, n’a pas manqué à donner au centuple son résultat escompté. C’était un peu un pot de fer contre un pot de terre.
De façon paradoxale, je ne crois pas que la victoire de Sarkozy puisse changer la donne. Pour moi, ses compétences relèvent beaucoup plus de la tactique opérationnelle que de la géostratégie mondiale. Le train roule toujours à la vitesse infernale vers le gouffre et le frein reste mort. Je plains beaucoup ce manque de professionnalisme chez Marine tout en espérant qu’elle apprendrait que sans armée et religion elle ne saura faire lever les bannières et que l’heure est aux extrêmes et point aux apparences trompeuses pour faire joli-joli.
Alexandre ARTAMONOV, radio Radonezh
comments powered by HyperComments