Des gens s’en vont. Un homme brandit une pancarte à double face: « Je suis Donbass »/«Je suis Lougansk ». Un autre se lève soudain en déclarant solennellement: « Mister President, je suis Donbass », sous les applaudissements d’une partie de la salle. Une femme pousse une gueulante: « Je ne veux pas écouter quelqu’un qui tue des enfants! », dans la cacophonie des applaudissements, acclamations ou huées, dans ce cas, car il y a aussi des partisans du président Petro Poroshenko dans la salle, en léger surnombre, qui agitent le drapeau ukrainien. Et il y a les rangs de ceux qui se réservent au milieu du ramdam (mais non, pas du ramadan): on ne saura pas duquel côté ils penchent.
C’était lundi soir, 19 janvier 2014, à l’Institut européen de l’Université de Zurich. Le président de l’Ukraine Petro Poroshenko y était le conférencier invité sous l’une de ces bannières à laquelle je ne peux plus penser sincèrement qu’en me grattant longuement sous le menton ou le bras (« Special Churchill Lecture 2015»), pendant que son aviation militaire pilonnait de bombes de 500 kilos, à l’aveugle au-dessus d’une couche de nuages intégrale, presque sans mauvais jeu de mots, la ville de Donetsk et ses environs. Quelques personnes, sans doute, pendant qu’il martelait son discours à Zurich, pleuraient les dégâts « collatéraux » comme on les appelle dans le jargon: des maisons, un hôpital, des bâtiments publics, bref, la routine habituelle. Suivie de la même (dés)information habituelle: les Russes attaquent!
Rien de trop quoi s’étonner. C’est après…
D’après les répercussions médiatiques que j’ai enregistrées jusqu’ à l’aube du 20 janvier, (et au-delà à présent), tout s’est bien passé durant cette conférence à Zurich.
J’ai lu un article de presse en entier qui la relate; puis le bout d’un deuxième, enfin le titre d’un troisième, ah! j’ai compris: ils reproduisent tous la même information fournie par l’agence de presse ats/Newsnet.
« Dans son discours d’introduction à celui du président ukrainien, le conseiller fédéral Didier Burkhalter s’est de son côté dit inquiet face aux derniers développements sur le terrain. Il a estimé qu’une stabilisation de la situation serait dans l’intérêt de tout le continent et du monde. »
C’est ce que j’ai trouvé de plus intéressant dans la soupe à lettres que j’avale habituellement sans surprise ni sans broncher. Ben oui, moi aussi, tout comme vous, je salive à l’évocation d’une déstabilisation, d’une guerre continentale et inévitablement mondiale pour le dire sans ambages, qui nous sortirait de cette maison de fous qui jouent au chat et à la souris depuis des mois. Et je me ravale aussitôt en songeant que j’aurai peu de possibilités d’en réchapper grâce à un compte en banque démultiplié aux îles Caïmans, à Singapour, à Jersey, même en Suisse, tiens – mais cela n’est plus à la mode…
Mais quand même, tout s’est bien passé à cette conférence.
L’information à retenir est que le président ukrainien « prône la démocratie et la tolérance ». Vous n’avez pas plus orignal? Non, c’est répété, il combat « pour des valeurs telles que la liberté, la démocratie ou la tolérance – des valeurs centrales pour l’Europe et menacées par la guerre » (24 heures), c’est au moins clair. Il est présenté aussi « en président de la paix » (La Liberté) et en somme il « plaide pour des valeurs occidentales » (20 minutes). C’est forcément grandiose. Et il y a une information capitale que vous ne devez pas manquer: Petro Poroshenko sera à Davos pour participer au Forum économique mondial (WEF) cette semaine. Cela vous concerne.
Vous avez compris? C’est le même communiqué de presse fourni par une agence (ats/Newsnet), environ une page A4 en général, que doivent absolument reproduire tous les médias dits d’actualité, sous peine de ne pas en être. Relativement libre à eux ensuite de se remaquiller, parce qu’aucune fille sur le point de sortir en discothèque ne veut totalement ressembler à son amie, sa concurrente, elle le sait bien en son for intérieur, malgré la pression du groupe qui l’empêche de s’épanouir joyeusement elle-même… Alors elle se fait vite un trait libre en cachette. Mais c’est raté! Elle a tellement peur de se faire rejeter par le groupe…
Mais quand même, tout s’est bien passé à cette conférence.
Il est resté droit, calme, un peu trop, et plaisantant assez grassement (pour ceux qui ne supportent pas les doubles discours, ayant l’humour jusqu’à l’autodérision pour eux-mêmes, mais pas celui qui touche à la vie des autres), je ne sais pas comment cela s’est déroulé exactement encore, mais cela fait déjà du bruit, je vous le dis, en-dehors de la salle de conférence et de la presse que j’ai consultée jusqu’à l’aube du 20 janvier.
Parce que, en réalité, cette conférence était emplie de vacarme, à rebondissements multiples, une tension de hourvari palpable à des regards traqués dans l’assemblée par la caméra, néanmoins à la suisse, parce qu’en Ukraine quiconque eût osé élevé la voix se serait fait casser la gueule par d’anciens sportifs ou membres de sociétés interlopes qui font de la politique maintenant.
Officiellement, tout s’est bien passé. Nous allons main dans la main sur le chemin de la paix. La même que celle qui sera demandée, le 21 janvier à 12 heures, à Davos, par les organisateurs d’une Manifestation pour la paix en Ukraine?…
Jugez-en par vous-mêmes ci-dessous:
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