Révélation sensationnelle : les Etats-Unis ont officiellement reconnu l’indépendance du territoire du Donbass de l’Ukraine il y a 56 ans ! Après l’adoption de la résolution de la Semaine des nations captives, le 17 juillet 1959, la Loi publique 86-90 est approuvée chaque année par le président américain, précise le teaser du coup de théâtre, le site canadien Global Research.
L’Ukraine, la DNR (la République Populaire de Donetsk) et la LNR (la République Populaire de Lougansk) sont mentionnées dans les documents comme deux pays et nations séparés : « La politique impérialiste de la Russie communiste par le biais de l’agression directe et indirecte a mené à l’assujettissement de l’indépendance nationale de la Pologne, de la Hongrie, de la Lituanie, de l’Ukraine (…) de la Cosackia». Le terme géopolitique du Cosackia désigne les régions où vivaient les Cosaques en URRS, à savoir, le Donbass et la République zaporogue en Ukraine actuelle.
Comme le veut la tradition, Barack Obama reconduit, chaque année, cette résolution d’indépendance du Cosackia en ignorant qu’il s’agit des deux républiques autoproclamées dans l’Est de l’Ukraine. Ce faisant, le président américain devance son homologue russe, Vladimir Poutine, ironise le Global Research. Tant que l’administration d’Obama s’abstient de commentaire à ce sujet, nous avons interviewé Pierre Lorrain, journaliste et écrivain français, spécialiste de la Russie et de l’espace postsoviétique, auteur du livre « Ukraine entre deux destins ».
Pierre Lorrain. « A l’époque, la décision des autorités américaines était prise dans le cadre de la guerre froide. Il s’agissait de stigmatiser l’Union soviétique en ce qu’elle avait mis la main sur un certain nombre de nations. Il est important que les Américains ne fassent pas de distinction entre l’Ukraine et le Cosackia, ce qui correspond à la division historique de l’Ukraine entre les Cosaques de la rive droite et de la rive gauche du Dniepr. Les Cosaques de la rive droite étaient sous la domination de la Pologne, de l’empire ottoman, tandis que ceux de la rive gauche étaient attachés à la Russie depuis l’Union de Pereïaslav en 1654. Le fait que les Etats-Unis reconnaissent cette division prouve bien que l’union de l’Ukraine ne repose sur rien. Historiquement, l’Ukraine-Etat unitaire n’existe pas. Pourquoi, à l’époque, reconnaissaient-ils une partie de l’Ukraine comme « ukrainienne » et une autre – comme cosaque ? Pourquoi, aujourd’hui, considèrent-ils que cette distinction qu’ils avaient faite en 1959 n’est plus d’actualité ?»
Question. Est-ce que cette loi a un poids juridique ?
Pierre Lorrain. « Il est difficile de considérer que cette loi ait un poids juridique parce que c’est une décision essentiellement politique. Il s’agissait, je le répète, de stigmatiser l’Union soviétique et, en même temps, de prouver à l’opinion américaine que les Etats-Unis avaient une action sur l’avenir des peuples soumis à ce qu’ils appelaient la dictature communiste. »
Question. A qui pourrait profiter la Loi publique 86-90 ? Pourquoi Obama l’a-t-il régulièrement signée ?
Pierre Lorrain. « Il l’a signé par habitude. C’était une énumération des peuples dont les juristes américains eux-mêmes ne connaissaient pas la localisation. Depuis cette époque-là, la liste a été systématiquement reprise. Barack Obama a relancé cette loi comme c’est fait tous les ans sans se rendre compte que la loi était à l’encontre de sa politique actuelle à l’égard de l’Ukraine. »
Question. C’est Lev Dobriansky, président du Comité du congrès ukrainien des Etats-Unis, qui a fait du lobbying en faveur de la sortie de l’Ukraine de l’URSS et qui a initié la Résolution de la semaine des nations captives. En 2005, couronné de la médaille présidentielle de la Liberté de Reagan-Truman, il a annoncé : « Les empires existent et tiennent les peuples captifs. Il y a assez de témoignages que Poutine a l’intention d’agir dans cette logique. Ce qui fut, auparavant, la République socialiste fédérative soviétique de Russie, oppresse, aujourd’hui, par ses ambitions impériales ». Saluant comme libératrices les révolutions de couleur dans l’espace postsoviétique, il a appelé Washington à ne pas s’arrêter sur ses acquis, mais à engager la lutte libératrice les peuples captifs dans le contexte de la lutte antiterroriste. Comment cette idée s’inscrit-elle dans ce que nous voyons aujourd’hui ? La Loi publique 86-90, serait-ce une loi du « morcellement de la Russie » à l’exemple du Moyen-Orient élargi ?
Pierre Lorrain. « Tout le débat qui a eu lieu aux alentours de la révolution orange en Ukraine a été faussé par des considérations purement de politique intérieure. Il s’agissait de montrer à quel point l’Ukraine était un pays libre qui cherchait son émancipation de l’ancienne Union soviétique, alors que cette dernière n’existe plus. Politiquement, la Russie n’a rien à voir avec l’Union soviétique, c’est un pays normal avec des autorités constitutionnelles qui agissent d’une manière normale dans le cadre du droit international. Son comportement n’est pas différent de celui des autres Etats. Elle défend ses intérêts, son attitude à l’égard de ses voisins est simplement pragmatique. La plupart des observateurs, y compris au sein de l’Alliance atlantique, reconnaissent qu’elle n’a pas de volonté hégémoniste ni d’intention d’exporter un modèle de développement ou une conception politique quelconque à l’extérieur du pays. Il n’y a pas de problème majeur avec la Russie, sauf que si l’on considère qu’on a besoin d’un épouvantail de manière à permettre certaines idées politiques de s’exprimer ou qu’on a besoin d’un ennemi pour valider l’existence de certaines alliances qui datent de la guerre froide, comme l’OTAN, sans chercher à les transformer en quelque chose qui corresponde au monde moderne. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on a figé le conflit de la guerre froide et l’on croit qu’il faut un ennemi qui ne peut être que la Russie.
L’Ukraine ne peut exister que comme un Etat fédéral, confédéral ou une union et non pas comme un Etat unitaire qui serait géré de la même manière que la France, par exemple. La France est un Etat unitaire parce que, pendant un siècle et demi, les jacobins ont imposé cette union par la force. Si l’Ukraine veut devenir un Etat unitaire, il faudra qu’elle emploie une politique de mise au pas de nationalités des différentes parties, non seulement du Donbass mais également de la Transcarpatie, etc. Ce sont les phénomènes historiques qui prennent beaucoup de temps, qui créent beaucoup de souffrances et beaucoup de morts. La meilleure solution, si l’on veut qu’il y ait un Etat qui s’appelle l’Ukraine entre l’Europe occidentale et la Russie et qui puisse servir de passerelle entre les deux, il faut une Ukraine ou fédérale ou confédérale au sein de laquelle puissent coexister des ensembles traditionnels qui ont leur culture, leur langue, leur histoire, leur autonomie de sentiment et de vision du monde. »
Valéria Smakhtina
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Roger in: Vladimir Putin remains a powerful, geopolitical force, former Defense Secretary Robert Gates
And the US is trying to maintain the status of a great power, and spen ...
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Slight correction Mr. Walsh: the business of the USA in Syria is now t ...
Roger in: Yatsenyuk: Ukraine’s economy just 12% dependent on Russia
Balls. You will end up by having no trade with anybody if you carry on ...
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