Il y a quelques semaines déjà que je me suis emparé de mon bâton de pèlerin pour battre la campagne en vue de réunir les fonds nécessaires pour partir vivre et travailler dans le Donbass. C’est après mon premier séjour que j’ai pris cette décision importante et compris là où se trouvait mon devoir : celui de la réinformation, celui de l’aide même modeste que je pouvais apporter, sans compter le fait de relever nos couleurs piétinées par notre classe politique. Cette décision n’avait pas été ni difficile ni longue à prendre, c’était simplement une évidence qui était apparue à mes yeux avant même d’ailleurs que je sois retourné en France. Je me suis donc lancé dans la rencontre du maximum de gens qui voudraient bien m’écouter, conférences privées, dîners débats, discours dans des parcs, rencontres sur une terrasse de café, j’ai ainsi sillonné autant que faire se peut les routes de France. C’est lors d’une rencontre d’auteurs avec les vacanciers du camping municipal de Dijon, près du fameux lac Kir que j’ai croisé par un plus grand hasard un couple d’Ukrainiens.
Ces gens avaient mon âge, une quarantaine et faisaient partie de la classe moyenne ou aisée de l’Ukraine. Dans de telles conditions économiques, les Ukrainiens qui voyagent sont évidemment des privilégiés. Ceux-ci venaient d’Odessa, la fameuse ville où se déroula le 2 mai 2014 l’abominable massacre par une horde déchaînée d’extrémistes nationalistes et néo-nazis de citoyens russophones qui ne comprenaient pas ce que devenait leur pays. Ils protestaient simplement et pacifiquement contre les dérives des oligarques de Kiev, les persécutions, les attaques contre la langue russe, les violences du Maïdan, les crimes déjà qui se commettaient dans le pays. Ils furent sauvagement mis à mort. C’est à cause de la couverture de mon livre comportant un drapeau ukrainien que l’homme m’aborda, il s’appelait Igor. Notre conversation au départ cordiale se déroula en russe et fut un échantillon effarant de la transformation du peuple ukrainien que j’avais connu lors de mes voyages. Je subissais de plein fouet les affirmations les plus délirantes bien que j’ai affirmé rapidement revenir du Donbass et travailler pour Novorossia Today. Je crus un instant que la conversation serait tout de même cordiale mais je dus finalement écouter pendant une bonne heure le rejet compulsif et bileux de la propagande d’Etat de Kiev qu’ils me resservirent avec force détails.
« Vous savez, nous avons bien fait de tuer ces gens à Odessa, il s’agissait de terroristes qui nous voulaient du mal »… ce fut ainsi que commença la déferlante terrible du discours de gens, qui en tenue de vacanciers paisibles m’expliquèrent comment leur pays était attaqué par la Russie, comment les volontaires « héroïques » avaient repoussé et vaincu les « Russes ». Selon eux, l’Ukraine ne possédait aucune armée digne de ce nom, ils me racontèrent comment dans un élan magnifique, les authentiques patriotes de Pravy Sektor et Svoboda firent barrage à une armée russe surarmée et suréquipée. Le discours se poursuivit sur le même ton, bientôt Igor se tut pour laisser la place à sa femme autrement plus virulente et agressive. Son comportement n’était pas en lui-même menaçant mais sa diatribe paisible n’était au final qu’un discours biaisé et haineux. Selon elle, tous les gens du Donbass qui avaient un peu d’argent étaient partis déjà de la région, fuyant les combats. Les soldats insurgés n’étaient que des soldats russes déguisés, les jeunes hommes du Donbass ne voulant pas se battre ou forcés de le faire, des mercenaires peuplaient les rangs des séparatistes payés grassement pour se battre. Elle poursuivit en expliquant que la Russie avait préparée dans le Donbass, à Odessa et en Crimée cette guerre de très longue date. Elle prenait pour exemple la Crimée en expliquant que la situation était catastrophique dans la péninsule et que le fameux pont dont la création était annoncée par la Russie ne serait jamais construit parce que ce pays était dans une situation économique gravissime, que les gens commençaient de manquer de tout, à la fois en Crimée et en Russie.
Totalement dépassé je ne pouvais qu’écouter et sourire, dans ma tête je me disais que finalement puisque je ne pourrais jamais retourner en Ukraine à l’heure actuelle, du moins l’Ukraine, un petit échantillon du peuple venait à moi, jusqu’à Dijon. Je pensais au Chanoine Kir, ce très grand résistant poursuivit par la Gestapo, blessé, qui avait été une figure emblématique de la Bourgogne, qui avait décidé la création du lac Kir qui se trouvait à quelques encablures et même fondé un jumelage entre la capitale de la Bourgogne et Volgograd (autrefois appelé Stalingrad). J’imaginais sa réaction s’il avait eu le malheur d’entendre ces gens me vanter le mérite des combattants néo-nazis des bataillons Azov ou Aydar formés par les partis ultra-nationalistes ukrainiens. J’étais triste et pensif lorsqu’ils continuèrent en indiquant que leur langue, l’ukrainien était en danger et que la perverse Russie avait tenté de leur imposer la langue russe que Dieu merci ils étaient en train de bouter en dehors de leurs frontières. Je souriais à cette dernière assertion, notre conversation se déroulait en russe… et c’était probablement la langue qu’ils utilisaient au quotidien depuis toujours. Mon amusement et ma tristesse ne furent pas moindre lorsqu’ils affirmèrent que la propagande russe avait retourné le cerveau de très nombreux membres de leur famille ou d’amis, notamment vivants en Europe.
Lorsqu’ils partirent pour se baigner dans ce lac, je compris la faiblesse des ressorts des Ukrainiens pour résister à la propagande de Kiev, de l’Union européenne et des USA. Ce jeune peuple connu principalement avant le XIXème siècle sous le nom de Petits Russiens, me démontrait par ces deux représentants son incapacité à lire une information, la faiblesse de sa formation politique et critique qui lui aurait permis de voir plus clair dans ce matraquage subit déjà depuis plusieurs années. Je ne pouvais m’empêcher de faire la comparaison avec de nombreux Allemands dans les années 30. Ces gens justifiaient l’assassinat d’innocents non armés, de femmes et d’enfants, je m’aventurais à émettre cet avis et reçu en retour l’affirmation que l’Ukraine devait se défendre « contre la sauvagerie » des Russes qu’elle n’avait que trop subie et que si cela passait par l’extermination de tous ces gens affamés dans le Donbass cela serait en fin de compte un devoir, un juste retour des choses et un bienfait… Avant de me quitter cette « brave femme » m’affirma que de toute façon : « qu’ils aillent au diable dans le Donbass nous ne voulons plus d’eux, que la Russie les prennent, ce ne sont que des bandits et de mauvaises personnes ». Je concluais dans les lignes de mon livre L’Ukraine le royaume de la désinformation que le peuple ukrainien n’était pas devenu nazi, j’avais ici la preuve que peut-être ma conclusion était sérieusement erronée…
Laurent Brayard
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