L’hystérie antirusse continue à être entretenue par les organisations occidentales. Manifestement, la violence de la propagande occidentale, son évidente radicalisation ces derniers temps, met en doute la solidité de la société dans laquelle nous vivons. Entre l’UE qui trouve dans la Russie un prétexte pour renforcer une propagande pro-UE primaire et l’OTAN qui se gargarise d’une possible et improbable invasion russe de la Pologne pour justifier le renforcement de sa présence en Europe, nos sociétés sont malades. Elles dérivent faute de véritables dirigeants.
Le capital confiance dont bénéficiait l’UE est en train de fondre. Une étude a été menée début juillet pour faire le point sur la satisfaction des populations européennes face aux politiques menées suite au Brexit.
Aujourd’hui, le taux d’insatisfaction est de 47%. L’on pourrait se rassurer en le trouvant encore en-dessous de la majorité. Mais l’évolution fait réfléchir:
il y a un peu moins de dix ans, le taux de satisfaction envers l’UE était en moyenne de 80% entre la Pologne, l’Italie et l’Espagne. Depuis 2007, ce taux a diminué de 20%.
L’écart entre les pays est très significatif. La Pologne, qui a tiré bénéfice de l’adhésion, reste majoritairement positive à plus de 70%. Dans une position diamétralement opposée se trouve la Grèce, qui paie très cher son appartenance et plus de 70% des personnes interrogées ont une opinion négative de l’UE. Le rapport note également la baisse constante du soutien populaire des pays fondateurs, comme en Allemagne ou en France.
Par ailleurs, il y a aussi un désaccord sectoriel, face à certaines politiques. La gestion par l’UE du flux migratoire massif qui touche l’Europe joue très fortement sur les populations locales:
Les pays les plus touchés par la crise des migrants ont, sans surprise, les plus hauts niveaux de désapprobation quant à la manière dont l’UE l’a gérée. En Grèce, pays d’entrée d’une majorité écrasante des migrants, 94% désapprouvent l’approche de l’UE face à cette crise. En Suède, qui a accordé l’asile à environ 200.000 migrants, 88% désapprouvent l’approche de Bruxelles. Ce sont les Pays-Bas qui voient l’approche de l’UE le plus positivement, mais quand même près de deux tiers (63%) des néerlandais désapprouvent la politique adoptée.
Et sur le plan économique, c’est un peu mieux, mais pas favorable dans l’ensemble:
Huit des dix pays interrogés ont une vision négative de la manière dont l’UE a géré les problèmes économiques – le plus important étant la crise de l’euro en cours. (…) L’Italie, la France et l’Espagne présentent un niveau d’insatisfaction similaire de 66% en moyenne. Même en Suède, Etat membre hors zone euro, l’insatisfaction est majoritaire (59%).
Sans entrer plus dans le détail, il est évident que le projet UE est un échec. C’est un échec car cette structure n’est pas apte à relever efficacement les défis qui se présentent à elle. Sans parler des différentes sorties de ses dirigeants, comme Juncker qui s’inquiète de ce que les Premiers ministres des pays membres n’écoutent trop leurs électeurs. Je ne reviendrai pas sur toutes les déclarations anti-démocratiques, elles sont largement connues et commentées … et n’ont strictement aucune incidence sur la carrière politique de leurs auteurs.
L’impunité anti-démocratique des dirigeants européens laisse pantois. Dans ce contexte, l’UE est face à une alternative somme toute assez simple: soit en tirer les conséquences et adapter et ses politiques et son mode de fonctionnement, soit renforcer le système de propagande pour influencer l’opinion publique. Le système est incapable de se restructurer car il est en place pour réaliser une idéologie qui est rejetée par la majorité de la population (il suffit de voir le soutien apporté à la réforme du droit du travail en France et de se souvenir des manifestations géantes contre le mariage pour tous). S’il change d’orientation, il remet en cause cette idéologie et ne présente donc plus aucun intérêt pour les forces qui le soutiennent.
Le choix a donc été fait de jouer sur la propagande. Pour cela, il faut un ennemi fédérateur et la Russie fait l’affaire. Un rapport vient d’être pondu par le Martens Centre, une fondation européenne qui fournit régulièrement des analyses sur les sujets européens. Un des derniers rapports concerne la Russie et s’intitule “L’ours dans une peau de mouton“. Non, ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût. cela montre simplement le niveau de la réflexion.
En quelques mots, la ligne de conduite est simple. La mauvaise image de l’UE vient de la propagande diffusée en Europe d’organismes russes, comme RT, Russia beyong the Headline ou quelques Think tanks comme le Club Valdaï, le Conseil russe pour les relations internationales, etc. Ces organes propagent tout à la fois une image positive de la politique russe et insistent sur l’échec de la politique européenne, contestent l’échelle des valeurs défendues par l’UE. Pour lutter contre la source du problème, il faut donc que les médias européens prennent le contre-pied et insistent sur les bienfaits de l’UE, sa défense des droits de l’homme, son efficacité. L’UE doit également renforcer le soutien à la société civile “pro-européenne” et diffuser des “informations objectives” en russes. Evidemment “objectives”.
Autrement dit, l’indépendance des médias est clairement étrangère à la politique européenne, elle qui prétend défendre des valeurs et des droits. Si chacun le savait, maintenant, c’est clairement affirmé. Ensuite, le rapport n’envisage le problème que superficiellement. Une contre-propagande peut être utile lorsqu’elle s’attaque réellement à une propagande, c’est-à-dire à la diffusion d’une vision déformée de la réalité. Or, le problème est réel: il y a un réel mécontentement des populations, un mécontentement qui ne va pas se calmer si on fait un lavage de cerveau. Ou alors il va falloir le faire à grande échelle, mais en sacrifiant les “valeurs européennes”.
Il faut dire que ce rapport intervient dans le contexte d’une ambiance délétère faisant de la Russie une menace militaire potentielle. Cette position est défendue par l’OTAN, comme chacun le sait. Mais elle est entretenue par différents Centres de réflexion, qui doivent entretenir la pression, puisqu’il n’est pas possible de faire continuellement des manoeuvres militaires aux frontières de la Russie.
Ainsi, le Atlantic Council a sorti un rapport expliquant que la Russie peut envahir la Pologne en très peu de temps. la ritournelle est connue, mais le Conseil innove dans le panel des “mesures défensives” proposées. L’on y voit l’attaque cybernétique de la chaîne russe RT (décidément, elle est dans le collimateur), l’attaque du métro de Moscou (donc un cible civile) et du réseau électrique de Saint Pétersbourg (qui est également un ouvrage non militaire). Il est également prévu d’envoyer des forces spéciales à Kaliningrad.
En lisant ces différents rapports l’on comprend bien à quel point la Russie est un danger pour l’Europe. Enfin, plutôt pour l’UE. Car elle est le signe vivant de sa faiblesse. Ce qui est inacceptable.
Karine Bechet-Golovko
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