Octobre s’approche à grands pas et avec lui le terme fixé par l’UE pour réagir à l’ultimatum posé par la Turquie concernant l’octroi du régime sans visa. Pour rappel, le gouvernement turc a posé l’ultimatum à Bruxelles : si l’Union Européenne ne supprime pas les visas pour les Turcs avant octobre, il dénoncera l’accord sur les réfugiés.
Beaucoup de choses ont été dites sur les dangers que cela représentait pour l’UE. Tout d’abord, cela signifierait une catastrophe humanitaire pour la Grèce en tant que le premier pays par lequel transite l’itinéraire des migrants. Les autres pays la suivront. Le trajet, bien connu, passe ensuite par les pays de la « vieille Europe » : l’Autriche, l’Allemagne, la France etc. Cependant, la Commission Européenne refuse de céder au chantage en se référant à 72 conditions pour supprimer les visas au passage des frontières.
Le ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne Frank-Walter Steinmeier a déclaré qu’il se peut que l’Allemagne n’ait pas donné très clairement sa position envers le putsch en Turquie, mais considère qu’Ankara ne devait pas s’offusquer pour chaque critique exprimée pas tel ou autre pays étranger. « La Turquie représente pour nous un pays-clé. Je le dis non seulement à cause de l’accord sur les réfugiés qui existe avec la Turquie », – a ajouté Steinmeier. Cette déclaration, faite il n’y a pas si longtemps, montre bien que Bruxelles a peur et ne souhaite pas avoir affaire au nouvel afflux de réfugiés la veille des élections.
Pendant quelques semaines, tout le monde a fait semblant que rien ne s’était passé, mais le compte à rebours tourne impitoyablement et l’ultimatum arrive à l’échéance dans très peu de temps. Le président turc est certainement un politicien dur à cuire et il peut très bien tenir sa promesse en ouvrant les frontières et en noyant l’UE par une nouvelle vague de réfugiés. Il a besoin de se débarrasser des conséquences du coup d’Etat raté, inspiré par les USA, dont la tentative a été entreprise le 16 juillet dernier. Le département d’Etat des USA a déjà reçu la demande officielle des autorités turques de procéder à l’extradition du prêcheur Fethullah Gülen, les relations duquel en Turquie avaient été utilisées dans l’organisation du putsch. Cependant, le département d’Etat nie l’existence d’un lien entre cette demande et le putsch, dont Gülen est considéré comme l’inspirateur, a déclaré le représentant du département d’Etat Marc Toner – informe l’agence Reuters.
La question de son extradition sera décidé en marge du sommet de l’ONU qui se tient actuellement, tandis que la question quelle sera la réponse de USA reste ouverte. Je pense que ce n’est pas le hasard si Barack Omama a abordé le sujet des réfugiés lors de son discours à l’assemblée générale de l’ONU, en essayant de montrer au monde entier que les USA pouvaient non seulement déclencher les guerre, mais d’en supporter aussi le poids des conséquences à l’égale avec les autres. Cependant, c’est loin d’être vrai. « Tous ensemble, nous avons intention de doubler le nombre de réfugiés que nous accueillerons l’année prochaine jusque plus de 360 mille personnes », a déclaré Obama lors de son intervention à l’assemblée générale de l’ONU à New-York. L’an dernier les pays de l’UE avait accueilli plus d’1 million de réfugiés et plus de 300 mille pour l’année en cours. En même temps, le nombre de réfugiés syriens accueilli par les USA représente un peu plus de 11%. A titre de comparaison, le taux des migrants venant de la Syrie dans le pays de l’UE est proche de 30% du volume global (source). Un autre fait significatif, le trajet des réfugiés qui arrivent aux Etats-Unis transite de toute manière par les pays de l’Europe. En plus, ceux qui atteignent les USA subissent une procédure de contrôle très stricte et le taux de refus d’asile est élevé.
Mais revenons à la Turquie. Lors de son discours à New-York, Erdogan a indiqué que près de 3 millions de réfugiés syriens avaient trouvé leur asile en Turquie qui a dépensé près de 25 milliard de dollars, sans pour autant obtenir le soutien des autres pays, ni de l’UE. Si on le traduit du langage diplomatique vers un français commun : euh, les gars, ou bien vous nous aidez, ou bien vous n’avez qu’à payer les pots cassés, moi, je n’ai pas l’intention de continuer comme ça.
Il semblerait bien que l’accord, conclu le 12 septembre dernier par les chefs des diplomaties des USA et de la Fédération de la Russie, couvre aussi le rôle de la Turquie dans ce conflit. Erdogan est parfaitement conscient.que personne ne le laissera passer à l’infini du camp de Moscou à celui de Washington et vice versa : une fois qu’il en aura choisi un, il va falloir rester fidèle. Du moins, pendant un certain temps. Ainsi, il tâchera d’exercer la pression aussi bien sur l’UE que sur Washington en exigeant la tête de Gülen des uns et le « sans visas » des autres. Vraisemblablement, il a de quoi faire la pression sur les USA puisqu’ils le courtisent ouvertement.
Le fait que l’accord sur la Syrie entre la Russie et les USA a été violé sans scrupules par ces derniers n’est secret pour personne. Les choses ne feront prochainement que s’empirer. Et tout le monde essayera de se constituer un capital politique là-dessus.
Gueorgui Morozov, rédacteur en chef de Novorossia Today
Traduit depuis le russe par Svetlana Kissileva
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