Plusieurs médias français ont lancé une offensive médiatique appelant à armer le gouvernement de Kiev ainsi qu’à durcir les sanctions à l’encontre de la Russie, dans le cadre du conflit armé qui oppose le gouvernement ukrainien aux indépendantistes du Donbass dans l’est du pays.
Cette offensive médiatique qui semble coordonnée à eu lieu ce week-end et a donné lieu à une véritable orgie de propagande de guerre à destination de l’opinion publique française.
Le 30 janvier, le journal Libération, propriété de Mathieu Pigasse, dégainait un article sous la plume de Marc Semo dénonçant la «peur» de l’Occident face à la menace que ferait peser la Russie sur l’Europe à travers son soutien aux indépendantistes :
Le premier paragraphe nous en apprend beaucoup sur l’angle d’attaque retenu pour cette offensive médiatique et ses probables commanditaires :
« Longtemps, l’idée d’une aide militaire occidentale à l’armée ukrainienne en difficulté face aux séparatistes soutenus par Moscou resta plus ou moins taboue à Paris comme dans la plupart des capitales européennes. Il y avait – et il y a toujours – la crainte «d’ajouter de la guerre à la guerre», selon la formule par laquelle François Mitterrand justifia sa longue passivité face à Slobodan Milosevic. Mais la question d’un soutien y compris en armes afin de permettre à Kiev de rétablir le rapport de forces, et par là favoriser un compromis, se pose désormais ouvertement Outre-Atlantique. »
Comme dans tout papier de la presse française sur le conflit ukrainien, la première phrase pose invariablement le lien avec Moscou, c’est le point principal à répéter mille fois et à incruster dans la tête des lecteurs. La deuxième phrase inaugure une séquence nouvelle et beaucoup plus offensive de la propagande de guerre en faisant un parallèle avec Slobodan Milosevic et le conflit en ex-Yougoslavie. Il s’agit là de diaboliser l’adversaire, Vladimir Poutine, même s’il n’est pas cité, en établissant une comparaison entre le conflit ukrainien et les guerres yougoslaves. Il faut rappeler ici que les conflits en ex-Yougoslavie avaient déjà donné lieu à de multiples manipulations et distorsions de la réalité et à une immense campagne d’intoxication de l’opinion publique concernant de soi-disant camps de concentration serbes qui se sont avérés inexistants. Premier problème de cette narrative, l’occident avait à l’époque soutenu les séparatistes croates, bosniaques, puis kosovars, face au pouvoir central de Slobodan Milosevic, soit l’exact opposé de la situation ukrainienne.
La dernière phrase indique quels sont les initiateurs de cette campagne, sans surprise, l’offensive est téléguidée par les Etats-Unis : «Mais la question d’un soutien y compris en armes afin de permettre à Kiev de rétablir le rapport de forces, et par là favoriser un compromis, se pose désormais ouvertement Outre-Atlantique.»
Quelles sources cite Marc Semo « Outre-atlantique » ?
On trouve d’abord Robert Menendez, dont il reprend la déclaration : «Nous devrions fournir du matériel de défense à l’Ukraine afin que le coût de son agression soit de plus en plus élevé pour Vladimir Poutine».
Robert Menendez n’est autre que le dirigeant du comité pour les affaires étrangères du sénat. Il a soutenu la campagne d’Hillary Clinton à la candidature démocrate en 2008. Cette dernière porte les principaux espoirs des néo-conservateurs pour la prochaine élection présidentielle et est notamment une proche de l’actuel secrétaire à la défense et ancien directeur de la CIA, Leon Panetta. Selon Robert Kagan, ancien membre de l’équipe Bush, cité par le journal The Intercept, « si elle poursuit la politique que l’on pense qu’elle suivra…c’est quelque chose que l’on a autrefois appelé ‘néoconservatisme’, mais il est clair que ses supporters ne vont pas l’appeler comme ça ; ils trouveront un autre nom.»
Le 29 janvier, Robert Menendez a pressé le secrétaire d’état John Kerry dans un courrier officiel de mettre en application l’ Ukraine Freedom Support Act : «The international community has an obligation to respond to these attacks and to Putin, who has willfully ignored commitments made under the Minsk Agreement and clearly signaled his intentions to escalate tensions in Ukraine and across the region. While we should continue to pursue a diplomatic track, a more assertive international response, led by the United States, is required.»
Ce texte adopté par le congrès en décembre de l’année dernière autorise les Etats-Unis à aider militairement l’Ukraine, notamment en lui fournissant du matériel, mais aussi à prendre de nouvelles sanctions économiques contre la Russie…
La deuxième référence d’autorité, citée par Marc Semo à l’appui de son plaidoyer pour un engagement militaire occidental aux côtés du gouvernement ukrainien, est François Heisbourg, conseiller du président de la Fondation pour la recherche stratégique. Et selon ce dernier, c’est très clair, il faut aider l’Ukraine militairement : « Au lieu de tout miser sur des sanctions qui ont politiquement renforcé Poutine avec un effet inverse à celui recherché, nous devons faire du soutien à l’Ukraine le cœur de notre stratégie : cela veut dire l’aider diplomatiquement, économiquement, mais aussi avec de l’armement.»
Problème là encore: François Heisbourg fut président de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) entre 1987 et 1992, un think tank anglais spécialisé dans les relations internationales et qui avait en 2002 été le seul centre de recherche dit «indépendant» à valider la thèse américaine concernant la présence d’armes de destruction massives en Irak en publiant un dossier intitulé « Iraq’s Weapons of Mass Destruction: A Net Assessment.» Le dossier de l’IISS avait servi à valider les allégations de la CIA auprès de l’opinion publique internationale, les «preuves» américaines étant classifiées. Dans le journal Le Monde du 10 septembre 2012, François Heisbourg déclarait : « Les armes biologiques et chimiques existent bel et bien, et leur emploi est tout à fait possible en cas de guerre« .
Le reste de l’article est à l’avenant. On y trouve les accusations du gouvernement ukrainien jamais vérifiées par les observateurs de l’OSCE présents sur place de la livraison de « matériel toujours plus sophistiqué dont sont dotés les soudards des autoproclamées «républiques populaires».
Aussi la conclusion de l’article de Marc Semo, qui se livre ici à un pur exercice de propagande qui n’a rien à voir avec de l’information, est on ne peut plus logique :
« Mais l’idée d’aider un pouvoir réformiste et pro-européen, issu d’élections démocratiques incontestables, à faire face à ce qui est clairement une agression extérieure devient de plus en plus évidente.»
Le 30 janvier, c’est le Nouvel Observateur, sous la plume de son rédacteur en chef Jean-Marcel Bouguereau, qui prend position :
Jean-Marcel Bouguereau y reprend la ritournelle de l’alliance «rouge-brune» des extrêmes qui seraient donc les « idiots utiles» de Vladimir Poutine, ce qui ancre d’emblée l’article dans un contexte de nouvelle guerre froide. Le procédé est primaire, et vise à disqualifier les adversaires de la narrative occidentale par l’insulte. Il faut également souligner le choix de la photo d’illustration qui présente le président Russe comme une sorte de docteur No tout droit sorti d’un film de James Bond. La propagande a décidément ces orfèvres et ces tâcherons…
http://referentiel.nouvelobs.com/wsfile/3191422692016.jpg
Vladimir Poutine en Docteur no sorti d’un film de James Bond…
Avec une telle entrée en matière, le corps de l’article ne pouvait qu’être une accumulation de mensonges et d’insultes à l’intelligence du lecteur, et il en fut ainsi.
On y trouve donc l’inévitable référence au Front National et à Marine Le Pen, qui a pour but de paralyser toute pensée :
«Il y a en Europe une étrange coalition qui fait de Vladimir Poutine son nouveau héros. On y trouve pèle-mêle des amis de Marine Le Pen jusqu’à l’extrême gauche.»
Mais discréditer les opposants à la narrative occidentale par un amalgame ad hitlerum ne semble sans doute pas suffisant à M. Bouguereau. Il faut qu’ils soient aussi stupides et manipulés :
«La guerre d’Ukraine offre l’occasion à ces forces de jouer les « idiots utiles » du potentat du Kremlin. Un peu comme du temps de la Guerre froide, certains « compagnons de route » étaient devenus les meilleurs supporters de l’Union soviétique. Ils doutent des intentions de la Russie dans l’est de l’Ukraine.»
Attention monsieur Bouguereau, vous vous rapprochez dangereusement de la théorie du complot…
Après les insultes et la réduction ad-hitlerum, on passe logiquement aux affabulations :
«Lorsqu’en avril dernier la Crimée a été envahie, c’était par des troupes russes mais qui répondaient à la « demande d’aide » !»
La Crimée a donc été «envahie» au mois d’avril, information dont Jean-Marcel Bouguereau est visiblement le seul à être en possession.
Ah, zut, on me signale dans mon oreillette que les habitants de Crimée ont demandé par référendum leur rattachement à la Russie le dimanche 16 mars. C’est quand même embêtant pour un directeur de rédaction d’être passé à côté… Effectuons donc un petit rappel historique :
Mais Jean-Marcel Bouguereau a plus d’une corde à son arc, et après la Crimée «envahie» par voie référendaire, voilà qu’il s’improvise expert géopolitique et psychanalyste et qu’il décrypte les «fantasmes» de Vladimir Poutine : « Il continue de vouloir reconstituer l’empire russo-soviétique sous la forme de l’Eurasie, cette chimère rêvée par Alexandre Douguine, ancien membre du parti national bolchevique et théoricien apprécié par certains cercles de l’extrême droite française. C’est là qu’on retrouve l’étrange coalition qui va de Marine Le Pen jusqu’à ceux qui soutiennent Poutine par penchants anti-américain ou par hostilité à l’Union européenne.»
Faisons un peu de géographie avec Jean-Marcel Bouguereau : Vladimir Poutine voudrait donc «reconstituer» l’empire soviétique, un peu comme le docteur No, «sous la forme de l’Eurasie». Voyons donc :
L’Union Soviétique:
Carte tirée de l’encyclopédie Larousse
Et maintenant l’Eurasie :
Carte tirée de l’encyclopédie wikipédia
Effectivement, on comprend mieux l’angoisse qui saisit Jean-Marcel Bouguereau. A moins qu’il ne s’agisse tout simplement de lacunes en géographie…
Ce projet machiavélique de domination du monde, un peu comme le très méchant docteur no, serait cependant partagé, selon Jean-Marcel Bouguereau, par « l’étrange coalition qui va de Marine Le Pen jusqu’à ceux qui soutiennent Poutine par penchants anti-américain ou par hostilité à l’Union européenne. »
Il s’agirait donc d’une sorte de vaste complot mondial rassemblant en vrac, le Front National, les sympathisants de Vladimir Poutine (à moins qu’il ne s’agisse des mêmes personnes?), les anti-américains (là ça fait tout de suite un paquet de monde) et les anti-Union Européenne.
Mais le plus inquiétant, dans ce bloubi-boulga géopolitique visiblement tiré d’un scénario de James Bond, c’est que Jean-Marcel Bourgereau est DIRECTEUR DE LA REDACTION du nouvel observateur, et ça, ça fait vraiment peur!
Mais il y a plus sérieux, et donc plus inquiétant.
Dans un article intitulé « L’Amérique de retour au chevet de l’Europe », paru le premier janvier dans Le Figaro sous la plume de Laure Mandeville, c’est une militarisation du conflit selon le schéma de la guerre froide qui est suggérée :
L’auteur attaque d’entrée de jeu en affirmant que : « L’Amérique commence enfin à prendre la mesure du danger que représente la puissance agressive de la Russie de Poutine pour le futur de l’Europe. »
La crainte d’une invasion de l’Europe par l’armée russe est réactivée, comme au temps de la guerre froide, afin de légitimer une militarisation du continent sous la houlette américaine, dans le but de faire face à cette menace fantasmée. Selon Laure Mandeville, les USA auraient même sous-estimé le « danger russe, qualifié de régional. Plus maintenant ». Qu’est-ce qui constitue précisément un « danger russe » pour Laure Mandeville ? Il s’agit comme toujours des mêmes éléments que l’on retrouve dans l’ensemble de la presse occidentale et sur lesquels se basait également l’article de Marc Semo pour Libération : «… l’annexion de la Crimée et la guerre déclenchée en sous-main par le Kremlin en Ukraine orientale en 2014 ».
Rappelons donc que la Crimée n’a pas été « annexée », la population s’est prononcée par référendum pour un rattachement à la Russie. Rappelons également que la Crimée a toujours été russe et ne fut rattachée à l’Ukraine qu’en 1954 par un décret de Nikita Kroutchev.
Deuxième affirmation erronée, la guerre aurait été déclenchée « en sous-main par le Kremlin ».
Un petit rappel des faits s’impose face à cette théorie de la conspiration qui a contaminé l’ensemble de l’espace médiatique. C’est la révolution du Maïdan, dans laquelle le parti néonazi Svoboda a joué un rôle de premier plan, et la prise du pouvoir par les factions d’extrême droite, qui a conduit à la révolte populaire des régions de l’est de l’Ukraine. Le 27 février 2014, un gouvernement provisoire est formé suite à la fuite du président Yanoukovitch, largement composé de factions d’extrême droite. Quatre postes importants sont confiés à des personnalités du parti Svoboda, qui s’appelait jusqu’en 2004 « Parti National Social d’Ukraine » : le ministère de la défense, de l’agriculture, des ressources naturelles, ainsi que le poste de vice-premier ministre. Le ministre de l’éducation, Serhiy Kvit, est un ancien responsable du groupuscule néonazi Trident. A cela il faut encore ajouter la nomination au poste de secrétaire du Conseil national de Sécurité et de Défense, du co-fondateur de Svoboda, Andrei Parubiy. Le parti Svoboda fut classé en 2012 par le centre Simon Wiesenthal en cinquième position dans le « top ten » des organisations internationales antisémites. Le leader actuel du parti, Oleh Tyahnybok, déclara notamment, en juillet 2004 :
« […] il faut rendre l’Ukraine aux Ukrainiens ! Et par conséquent, notre tâche pour chacun d’entre vous – les jeunes, les plus vieux, les cheveux gris – est que nous devons défendre notre Patrie ! Il faut que l’Ukraine soit en fin de compte rendue aux Ukrainiens. Vous, jeunes hommes et vous, cheveux gris, êtes la combinaison parfaite, celle que la mafia judéo-moscovite qui dirige l’Ukraine craint le plus.»
En juillet 2013, des députés israéliens de la Knesset ont rédigé un courrier adressé au président du parlement européen dans lequel ils font part de leurs inquiétudes :
« Cela fait plus de 6 mois que nous recevons des rapports alarmants sur la nouvelle tendance nationaliste en Ukraine agitée par le parti néo-nazi Svoboda, qui a remporté plus de dix pour cent des voix aux dernières élections législatives. Nous sommes alertés des menaces et des attaques calomnieuses lancées par les membres de ce parti contre les Juifs, les Russes et d’autres minorités. Ce sont des individus qui puisent leur inspiration dans les Nazis et glorifient ouvertement les meurtriers de masse des divisions SS ukrainiennes. »
Les habitants russophones de l’est de l’Ukraine, qui ont payé un lourd tribut aux exactions nazies durant la seconde guerre mondiale, ont donc logiquement refusés d’être dirigés par un gouvernement néonazi ouvertement russophobe, une réaction finalement plutôt saine dans laquelle les médias français s’obstinent pourtant à voir uniquement « la main de Moscou »…
Mais revenons à l’article du Figaro et à sa conclusion, qui donne une dimension particulièrement inquiétante à l’offensive médiatique actuelle.
Laure Mandeville cite tout d’abord le think tank américain néoconservateur Atlantic Council qualifié de « très en pointe sur ce dossier » et qui doit remettre un rapport appelant à fournir une assistance militaire pour un montant d’un milliards de dollars à l’Ukraine. L’organisation se présente elle-même sur son site web comme ayant pour but de « promouvoir l’engagement et le leadership dans les affaires internationales », dans le cadre de la « communauté atlantique ». Il s’agit donc clairement d’un lobby d’influence atlantiste. Parmi ses conseillers, on retrouve l’ancien conseiller à la sécurité nationale américain et partisan de la théorie du « containment » de la Russie dans le cadre du grand jeu géopolitique mondial, Zbigniew Brzezinski, pour lequel l’Ukraine est un « pivot géostratégique ». Selon son analyse « qui gouverne l’Europe de l’Est domine le heartland; qui gouverne le heartland (le cœur continental de l’Eurasie) domine l’île-monde (l’Eurasie), et qui gouverne l’île-monde domine le monde. »
Après cette promotion de la doctrine des néoconservateurs américains, Laure Mandeville livre un scénario et une conclusion particulièrement inquiétante, véritable exercice de conditionnement psychologique des lecteurs. Elle cite à cet effet une « source proche des renseignements américains » selon laquelle : « Washington aurait intercepté un texte d’un général russe appelant à exercer une frappe nucléaire tactique préventive contre l’Ukraine, en cas d’invitation à entrer dans l’Otan. N’excluant pas une fuite délibérée, visant à intimider, les services américains notent toutefois que de tels messages reflètent l’imprévisibilité d’une Russie prête à tout «pour garder l’Ukraine». Les Américains s’inquiètent aussi grandement du déploiement d’armes nucléaires tactiques en Crimée et de la «spectaculaire modernisation» de l’arsenal atomique russe… »
Cette déclaration, qui provient donc des services de renseignements américains, doit être analysée en fonction du contexte militaire actuel en Ukraine. Les Forces Armées de Novorossia ont en effet lancé une contre-offensive sur toute la ligne de front suite à l’assaut raté de l’armée ukrainienne contre l’aéroport de Donetsk. Elles ont déjà repris un nombre important de localités et encerclent dans un « chaudron » près de 8000 soldats ukrainiens coupés de leurs lignes arrière. Elles progressent également près de la ville de Marioupol. Il s’agit d’une nouvelle phase du conflit, avec un passage à l’offensive des forces des insurgés qui ont cessés de croire à la chimère des accords de Minsk et du cessez-le-feu, qui n’a cessé d’être violé par les bataillons ukrainiens de la garde nationale. Pour le premier ministre de la République Populaire de Donetsk Alexandre Zakarchenko :
« La RPD n’engagera plus de négociations avec Kiev pour mettre en place une quelconque trêve. Maintenant, on observera comment Kiev va réagir. Kiev n’a pas encore réalisé que nous sommes capables d’engager une offensive sur 3 axes simultanément. Plus aucune trêve, aucune rotation. Il n’y aura que des échanges de prisonniers puisque nous devons sortir nos gars de la captivité. Nous allons combattre les punitifs jusqu’à ce que nous arrivions sur les frontières de la région de Donetsk. Si je vois des menaces pour la terre de Donetsk depuis n’importe quelle agglomération, j’éliminerai cette menace là-bas aussi. »
Le gouvernement de Kiev est donc aux abois, et sur le point de perdre la guerre. Les bataillons néonazis de la garde nationale soutenus et équipés par les Etats-Unis et financés par l’oligarque israélo-ukrainien Ihor Kolomoyskyi, ne suffiront sans doute pas à repousser l’offensive.
On comprend donc bien que dans le contexte actuel, la Russie n’a strictement aucun intérêt à utiliser une arme nucléaire tactique, sans compter que cela constituerait le comble de la stupidité puisqu’elle signerait par là même son forfait. L’effet recherché par ces « fuites » des renseignements américains dans la presse atlantiste, consiste donc à suggérer aux opinions publiques la possibilité d’une attaque nucléaire russe qui refléterait « l’imprévisibilité d’une Russie prête à tout «pour garder l’Ukraine».
On connaît les règles de la propagande de guerre : il s’agit tout d’abord de diaboliser l’adversaire, de décrédibiliser les opposants, et de réduire au silence la propagande adverse. Il s’agit également, pour faire basculer les réticences de l’opinion publique à s’engager dans un conflit armé, comme ce fut le cas pour les guerres d’Irak, de Bosnie, et de Libye, de créer un choc émotionnel dans la population qui soit assez fort pour justifier une intervention. Lors de la première guerre d’Irak, ce fut l’affaire des couveuses koweïtiennes débranchées par l’armée de Saddam Hussein. En 2003, ce furent les accusations sur l’utilisation potentielle d’armes de destruction massives, toujours par Saddam Hussein. En 1992, ce furent les faux camps de concentration serbes en Bosnie, dont les images firent la une de la presse occidentale. En 2011 en Libye, ce furent les accusations de bombardements aériens contre la population civile qui permirent à l’OTAN de mettre en place une zone d’exclusion aérienne destinée à « prendre toutes les mesures jugées nécessaires pour protéger les populations civiles » qui servira à faire basculer la guerre civile en faveur des milices armées par la coalition occidentale et opposées à Mouammar Kadhafi. Tous ces « médias mensonges », comme les appelle le journaliste Michel Collon, ont été fabriqués de toutes pièces. Leur but était de créer les conditions psychologiques à un basculement des opinions publiques et des responsables politiques en faveur d’une intervention armée.
Les services de renseignement américains préparent-ils le même type de scénario en Ukraine ?
Cette hypothèse semble malheureusement prendre du crédit. Rappelons que le crash du vol MH17 a déjà été utilisé pour motiver le premier train des sanctions économiques contre la Russie, bien qu’aucune preuve de l’implication, aussi bien des indépendantistes ukrainiens que des russes, n’est pu être produite et que les résultats de l’enquête internationale soient soumis à une clause de confidentialité.
En décembre 2014 déjà, le directeur de l’institut des problèmes liés à la globalisation et conseiller d’état Mikhail Delyagin, avait fait part de ses craintes concernant la préparation d’une attaque nucléaire sous faux drapeau destinée à impliquer la Russie, lors d’un entretien à la radio Pravda. Le fait extrêmement inquiétant aujourd’hui, et qui laisse craindre le pire, c’est que le scénario évoqué par Delyagin en décembre sorte dans les médias français par le biais des renseignements US. Ce dernier affirmait ainsi : « Le schéma est le suivant : comme nous avons été incapables de convaincre quiconque que le Boeing malaisien a été détruit par les animaux russes nous allons expliquer aux gens que les barbares russes ont utilisé une arme nucléaire contre l’armée ukrainienne sans défense. […] soudain il y a une nouvelle perspective d’allumer une telle guerre. Car il s’agit d’un crime absolu, et qu’il n’y aura aucune preuve. Il ne s’agit pas d’un Boeing malaisien avec trois tonnes de fret et tout le monde tournant autour de l’épave en prenant des photos. Il n’y aura rien à photographier. Et prouver que nous ne sommes pas responsables sera impossible.»
Par-delà les craintes qu’un tel scénario se confirme afin de légitimer un soutien militaire plus massif et direct au régime ukrainien en difficulté, le rôle joué par les quotidiens de l’establishment français dans la propagation de la propagande de guerre, jusque dans ces affirmations les plus absurdes, pose une fois de plus la question de l’exercice de l’activité journalistique et du respect de la déontologie telle qu’elle est exprimée par la charte de Munich, et son article 9 qui stipule qu’il ne faut « jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ».
Il ne fait guère de doute que les articles analysés ci-dessus relèvent du domaine de la propagande, la seule question qui subsiste actuellement est de savoir combien de temps encore les agents d’influence de la presse française vont pouvoir continuer à manipuler leurs lecteurs avant de perdre leur crédibilité…
Guillaume Borel | 2 février 2015
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