Il était une fois un site d’annonces en ligne dans un pays lointain, sévère et montagneux, nommé Norvège. Le roi y fit publier à son de clavier qu’il offrirait un terrain bien commode et ajusté aux besoins militaires logé dans les entrailles d’une montagne protectrice si le demandeur sacrifiait 12 millions d’euros à la couronne. Il arriva que l’acquéreur fut le peuple voisin, les Russes, qui s’en est débrouillé pour seulement 4,4 millions.
Ce n’est guère un compte mais une gaffe historique sans précédent. La Russie, « ennemi potentiel de l’Alliance de l’Atlantique-Nord », a pu acquérir une base sous-marine otanienne en Arctique pour un prix d’un appartement moyen au centre de Moscou.
La grandeur de la perle maritime dans un fjord norvégien près de Tromsø est impressionnante. D’une superficie de 13.500 m² au sol plus 25.000 m² de quai abrité en eau profonde de 3.000 m², cet énorme complexe logistique attire de plus en plus de navires russes.
Ironie du sort : la décision de fermer la base a été prise par le gouvernement de Jens Stoltenberg, devenu depuis secrétaire général de l’OTAN, un poste d’où il exhorte aujourd’hui les pays membres de l’Alliance à ne pas baisser la garde.
La base d’Olavsvern fut construite par tous les peuples de l’Alliance de l’Atlantique-Nord dans les années 1950. Les Norvégiens, meilleurs constructeurs de tunnels souterrains, comme l’étaient à l’époque les héros mythologiques de petite taille des contes germaniques, se sont occupés de chantier proprement dit. Iliens et guerroyeurs par excellence, les Anglais furent responsables des fortifications qui, dit-on, résisteraient à une frappe nucléaire. Quant aux Américains qui fourrent partout leur nez longuissime, ils y ont installé les équipements électroniques les plus sophistiqués. Les travaux furent terminés en 1967. Près de 494 millions de dollars, une somme colossale à l’époque, ont été déployés. Pendant la guerre froide, Olavsvern avait pour but de retenir les forces armées de l’URSS qui étaient en plein essor. Rempart de l’OTAN au nord du cercle polaire arctique, la base permettait aux sous-marins de couper aux Russes le passage en mer de Norvège et, par conséquent, à l’hémisphère descendant.
En 2008, dans un contexte régional alors apaisé, la Norvège a décidé de renoncer à une base navale coûteuse et Bruxelles a donné son feu vert pour la vendre après le dépareillage. « A vendre, 12 millions d’euros » courrait le bruit dans certains milieux. Mais la vente a duré longtemps. L’OTAN ayant jugé le dépareillage trop coûteux et inutile, l’annonce fut publiée sur finn.no, un équivalent norvégien d’eBay, et le prix fut considérablement allégé.
Qui a besoin d’un trou dans les montagnes au nord du cercle polaire arctique pour autant d’argent ? Eh bien, un certain homme d’affaires nommé Gunnar Wilhelmsen a acheté la base pour 4,4 millions d’euros et depuis, soit l’a vendue soit louée à la Russie ! Ce n’est qu’aujourd’hui que les journalistes ont révélé les liens de l’acquéreur mystérieux avec Gazprom, mais il est déjà trop tard.
L’affaire serait, sans doute, vouée aux oubliettes, si des navires russes n’étaient pas entrés dans le port d’Olavsvern. Les bâtiments récemment arrivés sont l’Akademik Nemtchinov et l’Akademik Chtatski, tous les deux appartenant à la Sevmorneftegeofizika, entreprise russe de géophysique spécialisée dans les mesures sismiques en eaux basses et profondes.
Les Norvégiens battirent tout de suite le tambour. Bien que les statistiques sismiques soient un authentique domaine de recherches internationales, Sevmorneftegeofizika n’est pas n’importe quelle entreprise d’investigation : elle compte parmi ses clients aussi bien Gazprom qu’un tas d’autres entreprises entièrement ou partiellement possédées par le Kremlin. « Les navires d’investigation ne sont pas matière à plaisanterie, commente Göran Frisk, commandant en retraite de la marine suédoise. La tâche la plus importante de la marine russe est de s’assurer que les sous-marins nucléaires du pays peuvent se déplacer librement dans les océans du monde. Il est incompréhensible que le gouvernement norvégien ait pu commettre une telle gaffe. » Selon M. Frisk, les navires d’investigation au large des côtes suédoises, finlandaises et norvégiennes mettent aussi à flot des mini-sous-marins pour la surveillance et la préparation militaire, et explorent les fonds marins et les conditions hydrographiques. Effectivement, lors de la chasse aux sous-marins dans l’archipel de Stockholm en 2014, le navire d’investigation russe le Professor Logatchev était mystérieusement apparu, repartant rapidement avec un objet en remorque. Un an plus tard, se déroulèrent les exercices navals norvégiens, en parallèle avec les manœuvres de la flotte du Nord russe, d’une ampleur exceptionnelle.
Entre-temps, le ton monte entre les pays arctiques. Cette région du monde est convoitée pour ses immenses ressources naturelles et pour ses eaux de plus en plus navigables. « Il faut nuancer la vision de montée de tensions en Arctique, tempère Philippe Migault, expert de la problématique militaire de l’IRIS. La Norvège et la Russie ont signé un accord sur la délimitation de zones d’influence en mer de Barents. La coopération scientifique entre Russes et Norvégiens se poursuit avec des expéditions conjointes qui permettent d’explorer les ressources aquatiques pour une meilleure gestion de la pêche. »
Cependant, la remilitarisation de l’Arctique est indéniable. Le Canada s’est engagé, en 2007, à construire au moins six navires de patrouille pour contrôler la circulation maritime dans son passage du Nord-Ouest. Le premier de ces navires ne doit être livré qu’en 2018. Séduite par les richesses et les opportunités de la « Suisse arctique », la France projette de concevoir un nouvel hélicoptère lourd X6 adapté aux conditions arctiques. Vladimir Poutine, à son tour, a ordonné en 2013 de rouvrir les installations militaires près des îles de Novossibirsk abandonnées à la fin de la guerre froide et d’envoyer dix navires de guerre et quatre brise-glaces nucléaires dans la région…C’est là que l’OTAN regrette le plus son ancienne base norvégienne, car en Arctique, il ne dispose que des bases au Canada, au Groenland et en Alaska, toutes les trois étant éloignées de la Russie…
Valéria Smakhtina
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vlad
pour ces infrastructures défensives dans le grand nord contre le grand satan soviétique, mais qui se sont révélées totalement inutiles, l’oncle sam et les finances publiques de d’autres états, auront été les vaches à lait des grands manitous du btp et de l’électronique de la zone otanienne *** et l’état norvégien a dû participer à la dépense des 500 millions de dollars, et devait sans doute, après la chute du mur et la fin de l’histoire, se coltiner à lui tout seul les frais d’entretien de la ligne maginot du grand nord *** un machin qui a coûté bonbon, devenu inutile et invendable, de toute façon les élus occidentaux sont toujours des experts pour brader le bien public et permettre à quelque notabilité de revendre ensuite plus cher et s’engraisser au passage *** pour une fois la cupidité aura bien fait les choses puisque c’est l’état russe qui a racheté le domaine, et pas n’importe quel état de la zone otan dont les élus ne cessent de se prosterner devant les grands affairistes, lesquels ne s’étant pas bousculés pour faire de meilleurs offres à wilhemsen qui aura traité en douce avec la russie *** la morale est sauve.