Depuis quelques mois, un très jeune « journaliste » français tente de se faire un nom en surfant sur les événements dramatiques dans le Donbass. Nous dénoncions à la fois le personnage, sa nature et ses compromissions dans un article paru en février 2015. Le personnage ne laisse pas de doute au fil des traces qu’il laisse un peu partout sur la concussion avérée qu’il entretient avec le régime criminel de Kiev. Une interview de lui a été reprise le 31 juillet par le journal ukrainien Gittia, la vérité ukrainienne. Il est très intéressant de noter qu’il ne s’agit en fait que d’une reprise de La Vie Ukrainienne un média financé par l’ONG Internews-Ukraine elle-même financée par l’Agence américaine pour le développement international, l’USAID.
L’USAID fut fondée en 1961 avec la mission première de réduire la pauvreté et fait plus intéressant de « promouvoir la démocratie et la croissance économique, soulager les victimes des catastrophes naturelles et prévenir des conflits ». Avec de tels objectifs, il est certain que la structure fut construite pour s’insinuer dans les affaires de pays étrangers sous le couvert de l’humanitaire mais à des fins politiques impliquant manipulations et contrôles. Le seul bailleur de fonds est le gouvernement américain qui dans une note au début des années 2000 demandait aux contractants effectuant des missions pour l’USAID de mettre en avant l’image du gouvernement américain et ses actions « humanitaires ». L’agence a de fait était épinglée dans de nombreux pays pour ses activités d’espionnages, au point qu’elle fut finalement interdite en Russie en septembre 2012, en Bolivie en mai 2013 (par décision du président Evo Morales) et suspectée de manipulations dans divers autres pays : Venezuela, Pérou, Costa Rica et enfin en Ukraine.
C’est donc sous l’égide de cette « honorable » institution américaine qu’Pierre Sautreuil donnait une interview assassine pour les deux républiques du Donbass. Durant un long entretien où il parle toujours de sources locales, Pierre Sautreuil présente les autorités des républiques comme une organisation mafieuse ayant des réseaux différents menant (vous vous en douterez) en Russie à Moscou. Il évoque les assassinats de personnalités emblématiques de la résistance, comme celui de Mozgovoï, comme étant le fait de luttes et vendettas entre différentes coteries cherchant à s’enrichir sur la population du Donbass et particulièrement sur l’Aide humanitaire fournie par la Russie. De nombreuses incohérences, pour ne pas dire contre-vérités ou mensonges apparaissent dans son « enquête ». En premier lieu, le jeune carriériste oublie de dire que l’assassinat de Mozgovoï a été revendiqué par les Ukrainiens dès le lendemain. En second lieu, il affirme avoir passé trois mois sur le territoire insurgé alors qu’en réalité, il ne fut dans le Donbass que quelques jours.
Ce mensonge « pieux », Pierre Sautreuil l’utilise ayant été à l’école de son compagnon de route, le Canadien Frédéric Lavoie qui indiquait que le mensonge était louable lorsqu’il s’agissait de lutter contre une « dictature ». Les sources qu’il évoque une demi-douzaine de fois dans son article ne sont jamais citées. Selon lui, il ne resterait dans le Donbass qu’environ la moitié de la population initiale, soit environ trois millions de réfugiés en Russie. Il en profite ensuite pour indiquer que dès lors, la population locale ne se constitue plus que de vieillards et de gens très pauvres dans la nécessité absolue et tributaires de l’aide humanitaire. Me trouvant à Donetsk, cette affirmation m’a fait beaucoup rire, que le triste sire viennent passer quelques jours dans mon appartement et se balade dans les rues de Donetsk, il sera surpris (ou pas du tout d’ailleurs) de comprendre ou avouer (c’est selon) qu’il ne reste pas du tout que des nécessiteux grabataires dans le Donbass ! Sa description caricaturale du Donbass se poursuivait en indiquant que les gens d’ici ne vivraient en réalité que grâce aux convois humanitaires russes (une trentaine depuis le début de la guerre). Il affirme qu’environ 50 % de cette aide serait volée et vendue au profit des fameux mafieux.
Encore une fois, les sources d’Pierre Sautreuil n’étant pas citées, il me paraît assez cocasse qu’un freluquet de 22 ou 23 ans, puisse avoir les contacts nécessaires dans les plus hautes autorités du Donbass ou même au sein de la population en n’ayant en fait passé que quelques jours ici et plusieurs mois en Ukraine, notamment à Kiev comme le montre son Vkontakt, à noter qu’il ne se risqua sur la place du Maïdan qu’au mois de mars et juin 2014… l’information tout comme celle qu’il donne dans son article ne devait pas être très fraîche à ce moment-là ! Son Facebook est aussi très intéressant car ouvert à tous les vents (regardez minutieusement les photos, vous découvrirez très rapidement où il a réellement mis les pieds en Ukraine).
Dans un poste du 29 juillet, il parle d’un troll « pro-russe » dévoilant ainsi sa pensée profonde pour les événements dans le Donbass : la Russie serait derrière. Il enfonce péniblement le clou dans son article en indiquant qu’après avoir gagné la confiance de nombreux habitants (en quelques jours connaissant les Slaves, chapeau mon gars !) qui lui auraient révélés être contre le projet d’indépendance (non viable selon lui), ou d’intégration (dans la Russie) du Donbass et évidemment pour la paix. La remarque naïve qu’il serait facile de faire parler les quelques victimes des « fascistes ukrainiens » ne serait pour lui dixit « qu’un résultat de la nature humaine […] l’atmosphère de peur, la propagande joue un rôle crucial, il est facile de convaincre un père qui vient d’enterrer son fils de blâmer les fascistes ukrainiens ».
Cette dernière affirmation est monstrueuse et décrédibilise, s’il était encore nécessaire complètement Pierre Sautreuil. Je suis père de famille et si d’aventure je perdais par le fait de bombardement, mon fils ou ma fille, personne ne serait en mesure de m’influencer dans ma douleur pour que j’aille à coup de fusil venger la mort de mon enfant. Le jeune Sautreuil hélas est bien naïf et dans sa naïveté également monstrueux. La commission des crimes de guerre qui travaille ici à Donetsk a déjà rassemblé des milliers de documents sur les victimes de pillage, de meurtres, d’exécutions sommaires et de bombardements, des enfants, des femmes, des hommes, des personnes âgées. J’aimerais qu’Pierre Sautreuil, l’amoureux de sa carrière, le fruit de Science Politique réfléchisse un peu sur les milliers de morts causés par l’agression ukrainienne. S’il a la joie d’être père, je ne lui souhaite pas de perdre un enfant, alors peut-être dans un tel malheur pourrait-il penser aux absurdités démentes qu’il énonce dans ses articles. En effet cher Pierre, les journaux L’Obs, Le Parisien ou Le Monde doivent grassement payer vos services. Sachez que depuis que je sers la cause du Donbass, je n’ai reçu aucun salaire et m’enorgueillit d’avoir librement choisi cet engagement. Et vous Pierre ? Car pour ma part, toutes les personnes que je rencontre ici ne me racontent pas l’histoire que vous narrez. Ils sont pour la Novorossia, ils ne veulent plus vivre avec les Ukrainiens, trop de sang a coulé. Alors arrêtez de faire parler des contacts et des sources que vous n’avez pas, de citer la population du Donbass que vous ne connaissez pas, et dites franchement que vous servez le régime de Kiev et/ou votre carrière en France ou ailleurs. Le ridicule ne tue pas, vous vivrez très bien et dans l’opulence toute votre vie, mais ne venez pas insulter les morts ou les gens qui souffrent dans le Donbass, car dans l’au-delà ces gens vous attendent Pierre et vous devrez en répondre.
Laurent Brayard
3 Comments
joel
C’est trop d’honneur lui faire que de parler de cet insignifiant. Toutefois je comprends votre article, nous devons être informé.
Il fera carrière dans nos merdias, mais pas plus que tous les autres qui nous bombardent quotidiennement en utilisant les mêmes artifices.
Il est allé à bonne école pour faire une journalope très moyenne voire de très bas niveau, mais en France un vrai journaliste est au chômage, les collabos ont un boulot, il l’a compris et tente de se fabriquer un futur.
Rollingue
Espèce de bouffon d’extrême droite
Martin
Je partage pas forcement votre avis sur ce conflit (enfin je n’ai pas l’impression), mais je ne suis pas étonné que les journalistes sur place ne pondent que des articles qui correspondent aux points de vue et aux lignes directrices des journaux français.
Donc oui, s’il veut publier ces articles, il doit faire des articles qui respectent les clichés et la pensée genrale.. C’est triste.
Aussi, personne ne peut (ou presque contrôler ce qu’il dit. C’est le roi derriere sa plume..