Cette attaque intervient après la troisième rencontre, le 23 juin, à Moscou entre Victoria Nulland, responsable pour le Département d’état américain de l’Ukraine, et son homologue russe, Vladislav Surkov. Comme d’habitude la rencontre a été fructueuse, intéressante et comme d’habitude pas de déclaration, ni de résolution. Ces rencontres permettant, semble-t-il, selon le porte-parole du Kremlin, de compenser l’absence des Etats Unis dans les négociations sur le Donbass pour qu’ils puissent avoir des informations en direct. Ils semblent être pas trop mal informés …

Cette attaque intervient également après la énième réunion des groupes de travail devant donner vie aux accords de Minsk. Ces groupes ont travaillé du 24 au 29 juin, ont discuté du retrait de l’artillerie, de la restauration de la voie ferrée entre le Donbass et l’Ukraine, surtout pour permettre d’approvisionner le reste de l’Ukraine en charbon. Les questions politiques ou humanitaires, sans même parler de l’échange des prisonniers n’ont strictement pas avancées.

Et le 29 au matin, l’armée ukrainienne attaque, artillerie et blindés en avant. C’est une belle démonstration de sa volonté d’appliquer les accords de Minsk et de ridiculiser tous ces processus diplomatiques. Mais au-delà de cet aspect politique, il y a aussi un intérêt militaire, même si elle a perdu l’attaque.

Certains experts militaires voient en cette action le résultat de la formation donnée par l’OTAN, la stratégie d’une attaque furtive, sans contre-attaque, pour permettre de mieux comprendre les possibilités de l’ennemi sembleraient assez classiques.

Il y avait, certes, un intérêt stratégique: couper les républiques de Lugansk et de Donetsk, mais qui ne pouvait raisonnablement être atteint avec une seule brigade. Sans contact entre elles, les républiques seraient fortement affaiblies. C’est pourquoi la direction de Debaltsevo est à ce point sujette aux combats, comme nous l’avons vu dès 2014 avec l’écrasante défaite de l’armée ukrainienne.

Mais il y a aussi un intérêt très local à ce type d’opérations. L’armée ukrainienne, ou plutôt ses marionnettistes, a pu établir certains éléments, comme la capacité de réaction de l’armée de DNR, sa détermination, sa capacité de feu, simplement même vérifier la situation sur le terrain. Toutes ces informations peuvent être utiles dans le cadre du processus qui se met en place du côté ukrainien pour relancer une attaque globale sur le front. Elle peut ainsi mieux déterminer de quelle puissance de feu elle a besoin.

Le danger d’une reprise du combat, danger dont on parle souvent, reprise qui est souvent repoussée, n’en est pas moins réel parce qu’il n’est pas réalisé. Le combat global est à chaque fois repoussé, non pas parce que le danger n’existe pas, mais parce que l’armée du Donbass ne baisse pas les bras et que son poids politique se renforce, parallèlement à l’éloignement de l’avenir européen de l’Ukraine. Résultat d’un difficile équilibre, dans lequel les accords de Minsk ne sont qu’un infime élément dans un jeu global.

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