Dans la nuit du 7 au 8 août 2016, deux incidents ont eu lieu en Crimée sur la frontière entre la Russie et l’Ukraine. Ces échauffourées ont conduit à un renforcement des troupes dans la région et à une augmentation des tensions diplomatiques entre les deux pays.
Dans cet article nous allons nous pencher sur le traitement de cette recrudescence des tensions dans la presse hexagonale.
Le12 août Benoit Vitkine ouvre le bal : « Ces craintes font écho à la passion supposée de M. Poutine pour les offensives militaires dites « olympiques » (guerre en Géorgie pendant les Jeux de Pékin en 2008 et annexion de la Crimée lancée au moment de ceux de Sotchi en 2014) ».
Les jours suivant tous les journalistes s’empressent de reprendre cette assertion sans même la vérifier (à l’exception de Michel Colomès qui nuance un peu).
Ainsi le 14 août dans le JDD : Emmanuel Grynszpan correspondant à Moscou écrit : ” Beaucoup d’observateurs soulignent la disposition russe à intervenir militairement durant les Jeux Olympiques (la guerre en Géorgie pendant les JO de Pékin en 2008 et la Crimée pendant ceux de Sotchi en 2014)”.
Vous noterez la locution ” beaucoup d’observateurs”, pour donner du poids à son propos. Qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Peu importe, le tout est de donner l’impression que ce que l’on dit est l’opinion générale.
Le même jour, dans Libération , Étienne Bouche correspondant intérimaire à Moscou, nous apprend qu’il est pour le journaliste russe d’opposition Oleg Kachine :
«Difficile de me souvenir qui a été le premier à avoir pressenti une escalade russo-ukrainienne pendant les Jeux Olympiques de Rio. Certainement un commentateur ukrainien, qui raisonnait ainsi : pendant les Jeux de Pékin il y a eu la guerre en Géorgie ; l’annexion de la Crimée a suivi ceux de Sotchi, et voilà que la Russie rate la possibilité de faire quelque chose couvert par le bruit des tribunes olympiques.»
Le 15 août, journée pourtant propice à l’élévation des âmes, Michel Colomès du Point, se laisse aller à nous faire part de son inculture :
“Les Jeux Olympiques sont décidément les moments de prédilection de Vladimir Poutine pour lancer un de ses mauvais coups”.
Vous noterez au passage la neutralité de l’expression « un de ses mauvais coups ». Pour Michel Colomès, le doute n’est pas permis Vladimir Poutine est le méchant de service.
Néanmoins faisant preuve soit d’un peu plus de culture que ses collègues ou, ayant mis à profit les 72 heures écoulées pour googeler, il nuance ses propos :
“En 2008, il avait profité des JO de Pékin pour amener à la faute le Président Saakashvilli et provoquer un conflit armé avec la Géorgie qui avait abouti à la quasi-annexion de l’Ossétie du Sud “.
Il semble donc obligatoire de donner une leçon d’histoire ou d’objectivité à messieurs Viktine, Colomès, Grynzpam et Bouche.
La guerre de Géorgie 2008 : L’offensive Olympique de Saakachvili.
Nous allons revenir sur les raisons de cette guerre et ainsi montrer que s’il y a bien eu une “offensive olympique”, l’initiative en revient au Président Géorgien Saakachvilli.
D’un seul bloc, les médias occidentaux rejettent communément l’initative de la guerresur la Russie. L’antériorité du plan de Mosocu, (deux ans avant l’offensive géorgienne), prouverait selon les médias atlantistes la préméditation russe.
Mais, ils oublient de dire que les plans russes de 2006 avaient été mis en place pour répondre à ceux d’invasion géorgienne de l’Ossétie et de l’Abkhazie établis en 2005. Information révélée en septembre 2009, par le Ministre Géorgien de la Défense de l’époque Irakli Okrouachvili. La très forte voir anormale augmentation du budget de la Défense géorgienne entre 2002 et 2007 passée de 18 à 780 millions de dollars (soit une augmentation de 4333 %), montre bien elle aussi les volontés belliqueuses de Saakavvilli.
La crise avaitelle aussi commencé par des accidents transfrontaliers début août avec un apogée durant la nuit du 7 et 8 marqué ar l’offensive géorgienne sur la capitale ossète (18 casques bleus russes tués cette nuit–là). La Russie réplique d’abord mollement le 9 août avant de lancer une offensive massive le lendemain.
La guerre de Géorgie n’est donc pas une initiative russe mais une « guerre olympique » géorgienne préparée dès 2005.
La crise de Crimée 2014
L’intervention de la Russie en 2014 après les jeux paralympiques, n’était pas une initiative de Moscou, mais seulement une réaction aux dérives de l’Euro-Maïdan.
Ce que peu de journalistes occidentaux soulignent, c’est le rôle central dans toutes les crises politiques ukrainiennes de la Base de Sébastopol. Cette dernière a été concédée à la Russie pour 20 ans lors des Accords du 28 mai 1997.
Après l’échec de la “Révolution Orange” de s’inscrire dans la durée (en 2006 Ianoukovitch est devenu Premier Ministre puis le 25 février 2010, Président), le gouvernement ukrainien redevenu pro-russe conclut avec Moscou le 21 avril, un prolongement de 25 ans du bail du Port Militaire.
Il faut également rappeler le rôle de la Flotte de la Mer Noire dans le blocus de la Géorgie en 2008. Blocus qui avait empêché une intervention sous couvert humanitaire de l’Ukraine et de l’Otan. Opération réalisée par le biais de navires militaires. Tout particulièrement l’ “US Mount Withney”, navire de commandement possédant alors les dernières technologies de contrôle d’espaces de combat en trois dimensions.
La Base de Sébastopol a aussi joué un rôle majeur dans l’approvisionnent des forces russes luttant contre l’État Islamique en Syrie.
La destitution du Président légalement élu ; Ianoukovitch, pouvait conduire sous la pression de l’Otan à l’abrogation de l’accord du 21 avril 2010 et ainsi mettre fin à la présence Russe en Crimée en 2017. Ceci, conjugué aux orientations ouvertement russophobes des révolutionnaires de Kiev a contraint la Russie à intervenir en Crimée pour protéger les populations et ses intérêts stratégiques.
Encore une fois, il est faux de parler d’offensive Russe, mais seulement de réactions face à une manipulation des USA.
La dialectique propagandiste et les sources partisanes :
Dans son article du 14 août Sébastien Gombert cite Andrei Kolesnikov expert russe du Centre Carnegie de Moscou. Pensant sûrement que présenter un avis russe, conforterait le lecteur sur son impartialité. De plus, qui des lecteurs de “Libération” connaît les opinions partisanes de ce soi-disant expert, ou plutôt propagandiste de la bonne parole US ?
La Carnegie Endowment for International Peace est actuellement dirigée par James C. Gather ancien Directeur de la Rand Corporation (think tank, issue de du Département de la Défense US). Cette fondation a un rôle de cheval de Troie dans les ex-pays du Pacte de Varsovie qui ne sont pas encore sous contrôle de l’OTAN. Par exemple, elle a pris la succession de la CIA (programme QRPLUMB), dans le financement des partis politiques ukrainiens (5 milliards de dollars de 1991 à 2013). Elle a aussi financé à hauteur de 30 millions de dollars la “La Révolution des tulipes” , la “Révolution Orange” et a été l’un des soutiens de l’Euro-Maïdan ukrainien.
Étienne Bouche lui s’appuie sur un journaliste d’opposition russe Oleg Kachine, qui cite une source ukrainienne dont il a oublié le nom !
Ce choix systématique d’opposants russes pour illustrer les articles montre la vraie nature propagandiste de ces écrits. Pour être objectif, il aurait fallu donner la parole à des russes partageant le point de vue du Kremlin.
Néanmoins, dans toute cette propagande aveugle, un rayon d’objectivité a point dans l’article de Benoit Vitkine dans Le Monde du 12 août : “mais Kiev lutte désespérément pour que l’annexion de 2014, passée par pertes et profits dans les négociations entre Moscou et les Occidentaux, ne soit pas totalement oubliée
Il aurait fallu que le journaliste du “Monde” pousse jusqu’au bout son raisonnement et ainsi mettre le doigt sur les vrais fautifs du non-respect des Accords de Minsk2 (Kiev).
Laurent Courtois
Source
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