Que les campagnes électorales soient l’occasion de tous les dérapages, c’est une habitude, un fait établi, presque une tradition. Mais de la part des candidats, pas d’un Président élu, en fonction, qui engage l’image de son pays et porte sur ses épaules l’obligation de mettre en oeuvre une politique, notamment internationale, la plus à même de défendre les intérêts de son pays. Or, quand le Président américain traite le Président russe – en substance – de dictateur, il dessert les intérêts de son pays. Puisque les Etats Unis ne sont pas à même de résoudre seul les conflits internationaux et que le monde n’est plus unipolaire.
Lors d’un meeting organisé en soutien à H. Clinton, le 13 septembre à Philadelphia, B. Obama s’est virulemment prononcé, certes sur la ligne politique du Parti Républicain, mais surtout sur la ligne de la politique américaine à l’égard de la Russie. Voici l’intégralité de son discours pour les amateurs, en ce qui nous intéresse, écoutez à partir de la 20e minute:
Ce discours est indigne d’un Président en exercice, qui a encore des responsabilités. C’est celui d’un irresponsable, vexé. En effet, il y a quelques jours de cela, D. Trump a donné une interview au mythique Larry King … sur RT, la chaîne russe diffusant notamment aux Etats Unis en anglais. Et Trump a annoncé, ce qui n’est pas la première fois, que les relations avec la Russie doivent être normalisées, qu’il pourrait même envisager de reconnaître la Crimée, que le Président Poutine est un homme fort, à la différence de B. Obama.
Et du coup, le discours de soutien à la campagne de H. Clinton s’est en partie transformé en règlement de compte de bac à sable. Bonne analyse sur RT :
Obama a vertement critiqué Trump pour cet interview en disant:
Imaginez ce qui se passe avec le Parti Républicain. Ils devraient être contre la Russie, l’autoritarisme, pour la liberté et la démocratie.(…) Qui s’est empressé la semaine dernière d’aller sur une chaîne publique russe, pour rabaisser nos militaires et déclarer sa sympathie à Vladimir Poutine? Il aime ce type.
Oui, ce type, He loves this guy. Un Président parle-t-il de cette manière d’un autre Président? Mettons cela sur un manque d’éducation, au même titre que les chewing gum et le reste. Mais la suite est pire:
Now their nominee is out there praising a guy, saying he’s a strong leader, because he invades smaller countries, jails his opponents, controls the press, and drives his economy into a recession.
Toujours la même image d’un pays totalitaire, voire concentrationnaire qui envahit ses voisins, met les opposants dans des cachots et conduit une politique économique digne de la Corée du Nord.
Obama, très en verve, fait encore monter les enchères. Car, ce qui l’a touché le plus, dans sa virilité, c’est cette accusation de faiblesse. Trump avait déclaré:
Just last week Trump said that Putin has “very strong control over a country.… Certainly in that system he’s been a leader, far more than our president has been a leader.
Et Obama a répondu:
“When the interviewer asks him [Trump], ‘why do you support this guy [Putin]?’ He says, ‘He is a strong guy. Look, he’s got an 82 percent poll rating.’ Well, yes, Saddam Hussein had a 90 percent poll rating. If you control the media and you’ve taken away everybody’s civil liberties, and you jail dissidents, that’s what happens,”
C’est à peine si Obama n’espère pas pour le Président russe le sort qui a été réservé à S. Hussein. Pour autant, il reste totalement inconscient d’avoir dépassé les bornes que sa fonction lui impose. En tant que Président, il doit préserver des relations équilibrées avec les autres chefs d’Etat, surtout lorsqu’il s’agit d’un pays clé sur la scène internationale.
Mais non, comme le déclare le porte-parole de la Maison Blanche, Obama ne pense pas qu’il puisse y avoir de conséquences négatives au niveau des relations entre les Etats Unis et la Russie, car ses propos étaient, soi disant, essentiellement orientés vers le Parti Républicain et non vers la Russie.
Il faut dire que si l’on regarde la presse américaine, l’image de la Russie et du Président russe est particulièrement mauvaise, moyen toujours efficace utilisé pour faire pression sur l’opinion publique. Par exemple, le Los Angeles Times a publié un article sur cet “incident”, soutenant totalement la position de B. Obama et poussant la comparaison de V. Poutine jusqu’à Hitler.
Imagine a Republican in the 1930s saying, “Hitler has been far more of a leader than Franklin Roosevelt.
En Russie, l’attitude de B. Obama, sur fond de russophobie ambiante dépassant le simple cadre de la campagne électoral, a été bien noté. Le porte-parole du Kremlin, D. Peskov, a répondu:
La rhétorique électorale du président américain à l’égard de la Russie tranche pour le moins avec le ton des négociations et ne peut pas contribuer à former une confiance mutuelle, a déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. “Il s’agit d’une rhétorique qui s’énonce dans un style électoral, et ces formules ne contribuent guère au succès des tentatives timides et très fragiles de construire quelque confiance mutuelle que ce soit”. Il a également indiqué que les Etats-Unis se servaient activement d’une “carte russe” dans le processus électoral. Mais il serait mieux, selon M.Peskov, de le faire à des fins positives. Pour l’instant, le Kremlin n’y voit que la démonstration d’une “russophobie à tous crins” de la part de Washington.
La russophobie est-elle conjoncturelle? Là est la question. Il y a peu de chances, car les enjeux ne sont pas conjoncturels, mais stratégiques: un monde unipolaire américano-centré ou un monde multipolaire. Bref, à la guerre comme à la guerre …
Karine Bechet-Golovko
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