Le regard d’un expert en psychiatrie légale de 40 ans d’expérience sur les évènements en Ukraine
Je veux dire à tous ceux qui parlent des citoyens ukrainiens, des militaires en disant qu’ils étaient “trompés”, qu’il faut leur laisser “du temps pour qu’ils comprennent la situation politique” etc., je veux dire : vous aussi vous êtes indirectement coupable du sang qui coule au Donbass. Vous justifiez les assassins ukrainiens par une carence mentale qu’ils n’ont pas. Vous dites, le garçon (et le “garçon” en question a entre 20 et 40 ans) s’est trompé et a tué une femme avec un bébé dans ses bras dans leur maison. Et la mère de ce garçon s’est trompée aussi quand elle l’a béni pour qu’il fasse ce meurtre… Et le chauffeur qui a conduit le “garçon” jusqu’au lieu de l’assassinant s’est évidemment trompé… Vous leurs fournissez une excuse bidon et c’est ainsi que vous préparez le terrain pour qu’il ait de nouvelles victimes : des nouvelles mamans du Donbass avec leurs enfants dans leurs bras.
En tant que psychiatre avec 40 ans d’expérience, je vous assure que quand les militaires ukrainiens disent qu’ils ont été trompés ou manipulés, c’est un pur mensonge, une simulation. Seulement les gens avec des dysfonctionnements sérieux du système psychique, que le tribunal reconnaît être irresponsable et incapable, ne savent pas comprendre la situation politique dans leur pays (et encore certains de ces gens comprennent très bien la politique ukrainienne et internationale). Tous les autres ne sont pas seulement capables de le faire mais doivent distinguer le bien du mal. C’est leur devoir. Surtout quand le sang coule à flot dans le pays.
Je me souviens qu’Ivan Karamazov avait renonce à l’harmonie suprême achetée au prix d’une seule des larmes de l’enfant martyrisé. Quelle harmonie achètent les Ukrainiens qui sont venus au Donbass de Jitomir ou de Lvov et qui ont tué chez tout une centaine d’enfants ? En ayant déchiré avec des obus des corps des enfants âgés de seulement 12 mois, de trois ans, de 5 ans, de 10 ans ? Dans les bras de leurs mères ? Sous les yeux de leurs pères ? Est-ce qu’ils ne doivent pas se poser la question sur la corrélation entre la fin et le moyen avant de tirer ? Avant d’envoyer ou de bénir pour tuer ?
Tous ceux qui sont venus au Donbass et qui écrasent la volonté du peuple du Donbass, qui refusent de reconnaitre les résultats de nos referendums, qui content des histoires sur une agression russe, qui détournent le regard devant des centaines de vidéos (en disant que c’est une mise en scène) où le peuple du Donbass crie (hurle !) son choix, crie les noms de ses assassins – ils ont tous pris la décision en toute connaissance de cause et doivent maintenant en assumer la responsabilité.
Cette décision ils ont prise en ayant pesé les “pour” et les “contre”. D’un coté des milliers de civils du Donbass morts, des dizaines de milliers de maisons détruites. D’un autre – les avantages (matériels et psychologiques) qu’ils vont tirer de la participation à ce projet ukro-américain.
C’est plus simple pour eux de tuer une maman de Donetsk avec son enfant que de perdre leur travail ou leur liberté pour une année ou deux. D’une part, je suis désolé pour les gens que le gouvernement a mis devant ce choix. Mais d’un autre coté, c’est le peuple ukrainien qui a voté pour ce gouvernement que le Donbass refuse de reconnaitre.
Je hais les gens qui sont capables de tuer les enfants pour garder leur statut social. Je préfère passer toute ma vie en prison plutôt que de tuer des civils et de détruire leurs maisons. Il n’existe pas un but au nom duquel je tirerais sur une maison où maman allaite son bébé. Visiblement dans d’autres villes ukrainiennes les gens sont élevés différemment. A Nikolaïev et à Kiev – pour l’instant à titre symbolique mais déjà en toute impunité – on mange des bébés et on boit leur sang.
Par Ivan Donetski
Traduction : Olga Zaikina
Source : Politikus.ru
One Comment
Ronald Zonca
Vous reprenez une phrase de Simone Weil issue du recueil de notes “la pesanteur et la grâce”. Je m’en réjouis tant cette femme doit être reconnue. Novorossia va faire face à une tache énorme de structuration et de reconstruction. Certains des ouvrages de cette philosophe (“enracinement”, “écrits de Londres”) pourraient être utiles à aux dirigeants de vos républiques comme ils l’ont été pour le Conseil National de la Résistance et le général De Gaulle à la fin de la 2eme guerre mondiale.