Depuis cet été, avec le départ du chef de l’Administration présidentielle S. Ivanov, la politique russe prend un virage. Sans pour autant revenir sur cette diversité qui la caractérise, elle se reconcentre autour d’un axe idéologique plus lisible. Ce qui provoque l’ire de l’opposition radicale, dite “libérale” et “pro-occidentale”, dans le sens “maïdanien” du terme.
Avec la présidence D. Medvedev, le paysage politique s’était fortement diversifié, à tel point qu’il manquait de cohérence, ce qui avait une influence sur les politiques mises en oeuvre, réformes et contre-réformes. Si la diversité politique est nécessaire, elle ne peut être gouvernante, une vision politique unie est ici indispensable. Lors du retour de V. Poutine à la présidence, la gouvernance a surtout été marquée par la technique de l’arbitrage politique, laissant les différentes forces politiques du pays s’affronter, se concurrencer, dans les limites constitutionnelles, l’institution présidentielle arbitrant lorsqu’un vainqueur ne s’est pas déclaré ou lorsque la décision prise s’écarte trop de la ligne, très générale, posée notamment par les quelque peu “mythiques” oukases de mai. La politique étrangère a, heureusement, été épargnée par ces mouvements dits “concurrentiels”, bien connus des mouvements néolibéraux. Sa cohérence explique aussi sa force.
Or, depuis cet été, l’on sent le vent tourner. Tout d’abord, le départ de S. Ivanov (voir notre article ici), dont la vision stratégique n’était peut être plus adaptée aux nouvelles exigences géopolitiques. La période du compromis à l’international est passée, pour négocier avantageusement il faut une position forte et claire. Ensuite, le départ de l’inégalable ministre de l’éducation nationale et de la recherche, Livanov, qui s’accompagna d’un cri de soulagement tant de la part des milieux scientifiques, que des parents d’élèves.
Ces deux personnes furent remplacés par des personnalités, A. Vaïno pour l’Administration présidentielle et O. Vassilieva pour l’enseignement et la recherche (voir notre article ici), d’un type totalement différent. Des personnes qui n’entrent pas dans les cercles des adeptes de l’OCDE, de ses réformes néolibérales. Ils représentent une vision de l’intérêt général, de l’intérêt national, contre la vision globalisante anti-étatiste. La nomination de S. Narychkine à la tête du Service du renseignement extérieur prolonge cette logique, cette recherche du professionnalisme. Proche de M Fradkov avec qui il a souvent travaillé et qui aujourd’hui part pour une cinécure bien méritée, il doit affronter des enjeux d’une importance particulière pour la Russie dans un contexte géopolitique particulièrement tendu.
Ce mouvement de reconcentration autour de l’intérêt national a été approuvé par les résultats des élections législatives, légitimé. Les partis radicaux ont obtenu des scores extrêmement faibles, tournant autour de 1%. Ce retour de ce qu’il est convenu d’appeler les “forces saines de la Nation” provoque la colère des soi-disant “libéraux”.
Le parti Iabloko qui ne peut reconnaître l’absence objective d’un électorat prêt à soutenir leurs propositions refuse de reconnaître la légitimité des opérations électorales. Iavlinski, évidemment sur Les echos de Moscou, publie un texte qui frise le ridicule. Ne pouvant se résoudre à la fatuité de sa carrière politique, il déclare que ces élections sont “le signe d’une rupture pronfonde entre le pouvoir et la société, entre l’Etat et le peuple“. Autrement dit, le peuple est avec lui, contre l’Etat, mais simplement il y a eu des falsifications de masse. Pour remonter son 1% à un niveau plus acceptable, je ne suis pas certaine que des accusations infondées de falsification de masse puisse convaincre quelqu’un, sauf certainement ses “amis”. Essentiellement ceux qui se trouvent à l’étranger.
Toutefois, la palme de l’incurie revient à cet individu qui se prétend avocat, M. Feygin, oui, celui qui avait fait semblant de défendre Pussy Riot avant de laisser la place à de vrais avocats qui se sont finalement occupés non pas de la comm mais des questions juridiques. L’on se souviendra également de sa défense grandiose dans l’affaire N. Savchenko. Donc cet “avocat” publie des tweets qui sont un véritable appel à la violence.
Traduction:
M. Feygin: Imaginez un instant tout ce qui aurait pu se passer alors, le 10 décembre 2011, si de Bolotnaya, nous n’étions pas rentrés à la maison, mais partis chercher des pneus?
Le commentaire lui répond que dans ce cas il serait en prison en train de couper du bois en Mordovie au lieu d’être dans son bureau à twitter et boire du café.
Réponse: NOON. Je serais commandant d’un bataillon de volontaires et je m’occuperais de types comme toi.
Pour ceux qui auraient encore des doutes, le rêve européen de ces individus, qui n’ont rien à voir avec des libéraux, est en fait un rêve ukrainien. La destruction des institutions étatiques et la mise sous tutelle étrangère. Système dans lequel il pourrait tenir un rôle de marionnette de premier plan. Forcément, le mouvement de renforcement des institutions étatiques qui se met en place les dérange.
Karine Bechet-Golovko
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