A l’issue du coup d’état organisé en février 2014 sur le Maïdan par les factions minoritaires pro-européennes, le nouveau pouvoir ethno-centré de Kiev, résolument russophobe et fanatiquement rallié à la stratégie agressive engagée par l’OTAN depuis la fin de l’URSS, a lancé contre le mouvement fédéraliste du Donbass une “Opération Spéciale Antiterroriste” qui a fait basculer la crise ukrainienne vers une guerre civile à caractère génocidaire.
Cette semaine, Arsen Avakov, le Ministre ukrainien de l’Intérieur, dans un entretien au journal allemand “Die Welt” à force rodomontades russophobes délirantes a relayé la propagande kiévienne, accusant l’armée russe de préparer une offensive imminente contre Kiev dans laquelle pérore t-il: “des dizaines milliers de soldats russes vont mourir”.
Qu’en est-il exactement ?
Malgré les accords de paix signés à Minsk en février 2015 qui ont certes stabilisé le front mais échouent toujours à engager une vraie désescalade du conflit, le pouvoir de Kiev, au contraire de ses déclarations diplomatiques victimaires accusant sempiternellement Moscou d’attaquer Ukraine, poursuit son agression contre la population du Donbass et prépare, étape par étape, une nouvelle offensive majeure contre les Républiques populaires de Donetsk et Lugansk.
Pour illustrer cette affirmation il suffit d’observer le déploiement particulier des unités de combat ukrainiennes sur le terrain et dont le dispositif permet sans hésitation de savoir si la stratégie de Kiev est de nature “défensive” comme le prétendent ses acteurs politique ou au contraire reflète une intention “offensive” comme le démontrent les choix des exécutants militaires. Sans entrer dans les considérations complexes de la stratégie nous pouvons cependant différencier aisément en observant les forces en présence une intention offensive d’une intention défensive. En effet si une articulation défensive des forces s’appuie toujours sur une combinaison de place fortes et d’un déploiement militaire échelonné dans la profondeur, une intention offensive va au contraire armer en priorité la première ligne avec des concentrations d’unités d’assaut les plus fortes.
Quand les faits militaires dévoilent les mensonges politiques :
Lorsque, comme le prétendent les autorité ukrainiennes, on attend de subir une offensive majeure et sans connaitre précisément son axe majeur, les forces de défense vont toujours être organisées dans la profondeur avec une première ligne qui encaisse et confirme le choc, une deuxième ligne qui le freine et même le canalise via un maillage de place fortes et autres “hérissons” défensifs, vers des réceptacles reconnus où une 3ème ligne va organiser une contre offensive avec des moyens puissants (artillerie et blindés).
Or, qu’observons nous sur le terrain du Donbass :
1 / Un dispositif offensif
Récemment, une cartographie du déploiement militaire de Kiev dans le Donbass, réalisée à partir d’informations ukrainiennes, nous montre une armée forte d’environ 90 000 hommes (sur les 250 000 officiels du pays) articulée autour de 3 corps d’armée autonomes de même importance (17-18000 hommes) auxquels il faut rajouter un corps de réserve à l’effectif identique. Au total près de 500 chars de combat, 2000 véhicules blindés d’infanterie appuyés par un parc d’artillerie d’environ 1500 bouches à feu, soit un rapport de force numérique de 3.5 contre 1 environ en faveur de Kiev, mais que les Républiques compensent grâce à leur position défensive et leur moral élevé.
Lorsqu’on observe l’articulation de ces forces de l’ “ATO” sur les 350 kilomètres de ligne de front du Donbass, nous sommes bien en présence d’un déploiement typique organisé pour une offensive, où la majorité des unités d’assaut (ici des brigades d’infanterie aux dotations “interarmes”) sont massées sur la première ligne de front, avec en retrait 1 seule brigade d’infanterie de réserve et 1 brigade d’artillerie de renfort (dont certaines unités sont déjà dispersées comme soutien en première ligne). Concernant les 2 brigades blindées (la 1ère et la 17ème) qui sont en retrait, leur positionnement “neutre” aux charnières Nord et Sud du secteur de “Donetsk” permet leur engagement rapide n’importe où sur le front, sans dévoiler prématurément l’axe principal de l’offensive.
Il n’y a donc pas, dans le déploiement ukrainien sur le terrain, d’articulation prévue pour absorber dans la profondeur une “offensive russe” sans cesse annoncée (et forcément massive et brutale) et de contre attaquer avec des forces blindées majeures disposées dans le fond de tiroirs défensifs balisés par les places fortes d’appuis.
2 / Une préparation offensive
L’homo sapiens a élevé les conflits militaires contre ses semblables au rang des caractéristiques principales de son espèce, jusqu’à même développer un “art de la guerre” dans lequel ses théoriciens militaires exposent les principes immuables du combat, que l’armement utilisé soit un casse tête ou un missile nucléaire.
Ainsi la trilogie tactique “Fixer – déborder – attaquer” qui est appliquée du combat sportif entre deux boxeurs jusqu’aux grands mouvements stratégiques des guerres mondiales, est une constante que nous pouvons également observer dans cette guerre du Donbass.
Acte 1 : Fixer par des “sauts de crapauds”
En décembre 2016, Oleksandr Turtchinov, le Secrétaire général du Conseil national de Sécurité et de défense de l’Ukraine avait annoncé que “mètre par mètre Kiev va reconquérir le Donbass”. De fait une série de “pressions offensives” mais limitées dans le temps et la profondeur est réalisée par l’armée ukrainienne depuis mars 2016 (Yasinovataya) , et de façon exponentielle depuis les 3 derniers mois tout au long de la ligne de front et principalement dans les secteurs de Yasinovataya (Nord de Donetsk), de Kominternovo (Est de Mariupol) et de Debalsevo (Est de Gorlovka) où des assauts blindés ont même complété l’intensification des bombardements.
La conséquence principale de ces “pressions offensives” est d’avancer la première ligne ukrainienne au plus près des lignes de défense républicaines, notamment par la capture militaire de la “zone grise”, cet espace neutre situé entre les 2 lignes du front et sensé rester démilitarisé sur une largeur minimale de 1500 mètres telle que définie par les accords de Minsk.
On a vu donc apparaître suite à ce que l’état major ukrainien appelle lui-même des “sauts de crapauds” plusieurs “zones de contacts” dangereuses où les bombardements et combats sont devenus depuis quotidiens.
Cette tactique ukrainienne, qui est effectuée au prix de lourdes pertes pour ne “gratter ” que quelques centaines de mètres de terrain, ne peut être justifiée que dans la cadre d’une préparation à une offensive plus importante, car limité l’espace entre les lignes, même si cela rend plus difficile la réalisation ultérieure d’un appui d’artillerie sécurisé, c’est avant tout réduire le temps de réaction des défenseurs qui , risquant de voir surgir brutalement des assaillants sur leurs positions, sont obligés soit de reculer soit de renforcer considérablement leurs effectifs.
Sur le plan militaire ces assauts ukrainiens poussent le front mais sans vraiment le percer, pour ne pas risquer des “mini chaudrons”, coûteux en hommes, matériel et moral, à l’issue desquels les positions initiales restent inchangées (comme le 29 juin 2016 où après une percée de 4 km en direction de Debalsevo, les unités ukrainiennes ont été obligées de se replier après de lourdes pertes). Lorsque les républicains ne disposent pas de profondeur stratégique leur permettant de redessiner le front à leur avantage (ce qui est le cas sur toutes les zones de contact créées par Kiev), ils sont alors obligés de le renforcer en puisant dans leurs forces en réserve, et c’est certainement le but de ces attaques répétées.
Sur le plan politico médiatique (sachant que la doxa occidentale leur est totalement acquise) les ukrainiens, en provoquant une riposte légitime républicaine sur une ligne de front qui globalement ne change pas, peuvent par une inversion accusatoire grossière manipuler l’opinion et faire croire, malgré les faits tactiques et les observations de l’OSCE, que ce sont les républicains qui ont pris l’initiative de l’attaque. L’exemple le plus flagrant et récent sont les attaques ukrainiennes menées entre le 29 janvier et le 3 février derniers de Avddevka vers Yasinovataya où, malgré des assauts flagrants et des bombardements étendus jusqu’au coeur de Donetsk, les projecteurs médiatiques sont restés exclusivement focalisés sur les dommages subis du côté ukrainien de la ligne de front.
3 / Pour quelle offensive ?
Acte 2 : Déborder les bastions républicains
Une fois que les républicains auront jeté le maximum de forces pour renforcer les “portes” sur lesquelles Kiev exerce en toute impunité des pressions offensives croissantes, on peut envisager que l’armée ukrainienne cherche à passer par une “fenêtre” (ou plusieurs fenêtres) pour obtenir une victoire militaire politiquement exploitable. Cette offensive cherchera à affaiblir suffisamment les Républiques pour trouver une position de force dans des négociations diplomatiques, et/ou elle provoquera la déflagration internationale espérée par les mondialistes par une intervention militaire réelle de Moscou qui de son côté ne peut, ni politiquement ni militairement, laisser détruire les Républiques du Donbass.
Une telle offensive majeure est aujourd’hui possible et même probable au vu des récentes concentrations blindées et logistiques réalisées depuis le début de l’année par Kiev, et qui ne peuvent être entretenues indéfiniment sans provoquer une aggravation de la désagrégation militaire, économique, morale et politique du régime.
Quel pourrait être l’axe principal d’une telle offensive majeure qui s’identifierait à coup sûr par le retour d’un appui aérien disparu depuis 2 ans et l’emploi massif de chars de combats pour le moment laissés de côté dans les récents assauts. Aujourd’hu il est encore difficile de le pronostiquer car Kiev cache ses intentions dans un ordre de bataille régulier et quasi symétrique pour les trois secteurs existants (Mariupol, Donetsk et Lugansk) : 5 brigades d’infanterie 4+1 ou 3+2), avec 1 brigade d’artillerie et 1 brigade blindée en réserve par secteur.
Personnellement, j’ai du mal à imaginer une tentative d’assaut direct sur une zone urbaine dense et fortement défendue comme Donetsk, Lugansk ou Gorlovka, car ce type d’offensive urbaine, militairement demande un rapport de force supérieur à celui dont dispose Kiev (entre 5 et 7 contre 1 avec une couverture aérienne importante) et reste médiatiquement très difficile à manipuler à cause des pertes et dommages collatéraux très importants provoqués (voir l’exemple d’Alep ou la propagande n’a pas résisté à la réalité).
En revanche, on peut imaginer une offensive potentielle, soit dans un secteur jusqu’ici relativement calme comme celui de Telmanovo (entre Mariupol et Donetsk) ou alors dans un secteur stratégique vital et qui représente un objectif militaire et politique exploitable comme Dokuchaievsk ou Debalsevo qui sont des territoires aux enjeux logistiques importants et en plus contestés par Kiev à la table de Minsk.
Acte 3 : Attaquer des objectifs logistiques et politiques
Les précédentes percées réalisées par l’armée ukrainienne s’étaient soldées par des “chaudrons” où leurs unités d’assaut isolées et fragilisées par une logistique étirée avaient fondues dans les “chaudrons” de la frontière Sud, d’Iliovaisk ou de Debalsevo pour ne rappeler ici que les plus importants.
La prochaine offensive de Kiev cherchera donc certainement à éviter de nouveaux chaudrons, en évitant d’étirer son dispositif trop rapidement dans la profondeur et en maintenant ailleurs des pressions croissantes pour continuer d’y fixer les forces républicaines, le temps d’organiser un cordon logistique large et fortement protégé sur les flancs de la percée.
Différents objectifs peuvent être imaginés : des villes moyennes comme Stakhanov, Dokuchaievsk, Telmanovo, des carrefours stratégiques comme Debalsevo ou Yasinovataya, des positions symboliques comme l’aéroport ou Spartak etc…
Ce qui est sûr, c’est que le véritable objectif de cette offensive potentielle et probable pilotée par les mondialistes, et qui sera certainement l’acte final du suicide ukrainien entamé sur le Maïdan, sera plus de provoquer une déstabilisation grave internationale que de réaliser une reconquête territoriale que l’Ukraine ne serait de toute manière pas en mesure de gérer, économiquement et politiquement.
Pour provoquer Moscou et s’accorder un sursis, le Nouvel Ordre Mondial agonisant peut donc être tenter d’utiliser très prochainement l’Ukraine avant qu’elle ne disparaisse, comme d’un bélier sacrifiable sur l’autel de ses intérêts et contre les murailles de l’empire russe.
Erwan Castel
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