Dans l’un de ses récents essais, l’Europe colonisée, Yvan Blot évoque deux types de colonisation. L’une, ostentatoire, s’opère par le bas, l’autre, plus complexe et plus pernicieuse encore, par le haut. La soumission des peuples par la langue en est un exemple caractéristique. S’il est question, dans le livre, de l’anglais – la France américanisée par d’innombrables anglicismes conditionnant le mode de pensée – nous constatons cette fois, à vrai dire sans surprise pour ma part, une tentative de coloniser nos petites têtes blondes (ou brunes, qu’importe) par l’arabe. Mme Vallaud-Belkacem s’inquiète de leurs insuccès en langues étrangères. Elle n’est pas la seule, il paraît même que l’OCDE ait clamé sa déception. Comme le changement, c’est maintenant ou jamais, l’étude d’une LV1, arabe y compris, sera obligatoire dès le CP. Mesure innocente visant à combler des lacunes objectives ? Voyons donc !
Il y a peu, Le Monde a publié une étude sans concessions et compromis montrant que le niveau de connaissance du français des élèves de 5ème d’aujourd’hui correspond à celui de leurs jeunes prédécesseurs de CM2 évalués en 1985. Nos enfants sont nuls ? Les profs sont incompétents ? Pas la peine de chercher midi à quatorze heures : encore deux ou trois heures de français par semaine en moins, et les 5ème dégringoleront au niveau CE1. Mais bon, l’AURTAUGRAFE, ça ne vaut rien à côté des jouissances inespérées dont pourrait nous gratifier une dose curative d’arabe dès la première sonnerie. C’est vrai qu’il s’agit d’une langue internationale, commerciale-mondiale, hautement prisée au sein de l’OCDE qui est sur le point d’en oublier son français et bien entendu son english ! Le turc est bien devenu l’une des langues officielles des institutions européennes de Strasbourg, la Turquie néo-ottomane et pro-Daesh est bien prête à rejoindre l’UE, alors où est le problème ? Mais je m’égare, je m’égare …
Marion Sigaut, historienne et professeur des écoles dans le passé, dénonce un renvoi aux oubliettes de plusieurs siècles d’Histoire si bien qu’un manuel de 2nde réedité au début des années 2000 fait passer les élèves de François I à la Révolution ! C’est dire que deux siècles et demi ont été jetés à la poubelle sciemment, pour pouvoir châtrer l’Histoire jusqu’à la racine de ses moments de gloire, mais c’est dire aussi, pour en revenir au fondement de la pensée et de l’identité nationale, la langue, que le français n’est plus qu’un outil. Vulgaire quoi qu’incontournable. Au lieu de renforcer l’enseignement du français et de l’histoire, tant sur un plan qualitatif que quantitatif celui-ci s’imposant éminemment, Mme Belkacem se targue de pousser la réforme du collège jusqu’à mettre en place l’étude des fameux ELCO (Langues et cultures d’origine). Jean-Jacques Bourdin dont j’ignore les affinités FN n’en revient pas : qui donc va assurer ces cours, lui demande-t-il sur BFM? L’arabe, serait-il dispensé par des profs venus de l’étranger ? La réponse est OUI. Dès lors que nous aurons les «moyens humains» de le faire, nous le ferons. Et ces moyens-là, nous les aurons à la prochaine rentrée, s’empresse-t-elle d’ajouter, curieusement optimiste.
On m’accusera forcément d’islamophobie la diktat de la novlangue actuelle étant une brochette de «phobies» métastatiques. Tant pis. Syrien de souche et islamologue, Bassam Tahhan n’était pas islamophobe lorsque dans les années 90 il recommandait aux autorités d’interdire l’enseignement en langue arabe dans les écoles coraniques. Son argument était simple : vous ne pourrez jamais contrôler ce qui s’y dit, or ce qu’on peut y entendre mérite votre intérêt. Annie Genevard, député LR du Doubs, met véritablement le doigt sur la touche (ou dans l’engrenage !) quand elle reprend le propos du Haut Conseil à l’intégration selon lequel les ELCO sont souvent de «véritables catéchismes islamiques». Faut-il reprendre l’analyse qu’elle fait elle-même de ce projet idéologique, véritable «outil de repli identitaire» et appui certain au communautarisme «qui mine la cohésion sociale» ? Je ne pense pas l’évidence crevant la rétine.
Ce projet islamo-intégriste qui n’a jamais été revendiqué par les immigrés assimilés est servi avec une inébranlable piété par l’anti-France : les BHL, les Bergé, les Eva Joly, etc. L’un propose de de supprimer les terroirs, bérets, binious, tous les attributs «franchouillards et cocardiers», l’autre, toutes les fêtes chrétiennes,Mme Joly, le défilé militaire du 14 juillet, un débris de régime «dictatorial» selon elle.
Trois constats s’en dégagent.
- La colonisation par la langue, de globale qu’elle fut et reste (anglais), sera d’emblée locale(arabe). Les arguments bidons de Mme Vallaud-Belkacem ne suffisent pas à dénaturer la réalité.
- Si l’on puit imaginer la Turquie dans l’UE, il est tout à fait prévisible que l’arabe devienne tôt ou tard deuxième langue d’Etat. C’est normal, démographie et destruction de l’idée de préférence nationale obligent.
- L’anti-France file du mauvais coton. Elle sera la première à être chassée par une civilisation plus habile à défendre ses intérêts.
Que l’on soit clair et lucide.
Le grand Souci, ce n’est pas l’islam, une religion révélée qui donne tous les jours des martyrs en Irak, en Syrie et dans les pays musulmans d’Afrique. Nos sociétés consuméristes douillettes devraient en prendre de la graine.
Le grand Souci, c’est l’islam qui évince le christianisme en terre chrétienne. A qui la faute ? Pas aux musulmans mais aux traîtres qui gouvernent et aux tièdes que nous sommes.
Le grand Souci, ce ne sont pas les mosquées en soi. Elles sont belles, elles sont la maison de Dieu, qu’importe son Nom. Le grand Souci, ce sont les mosquées qui jaillissent des ruines des églises de France.
Le grand Souci, ce n’est pas l’arabe dès le CP mais les heures qu’il arrachera au français.
Le grand Souci, au fond, ce n’est pas Belkacem en soi. Sûrement a-t-elle bien des qualités. Le grand Souci, c’est qu’elle représente un autre pays et qu’en plus de le représenter en France, la France, elle ne l’aime pas. Même le Dalaï Lama est plus franchouillard en France et plus germanophile en Allemagne.
Lorsque les peuples n’osent résister, il semble parfois que la nature recourt à des allusions pour le faire à leur place. Sous le regard distant du zouave du Pont de l’Alma, la Seine se cabre. Maintenant qu’elle a amorcé sa décrue, aux Français de préparer 2017.
Françoise Compoint
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