Difficile de sortir de ces présidentielles, même à distance, elles vous rattrapent. Il faut dire que la dernière grande nouvelle est que Macron a enfin accouché d’un programme. Je me demande simplement ce que ça change, finalement. Car, si je ne me trompe pas, il n’a toujours pas de parti. Alors, il compte gouverner comment? En fait, il ne compte pas gouverner, mais changer les règles du jeu.
E. Macron nous a enfin fait part de ses vues pour le pays. Lui-même l’annonce, pas de révolution, mais la continuation. Donc tout ça pour ça: en marche pour ne rien changer. Si l’on regarde très rapidement son programme pour l’école, il continue sur la même lancée de ce qui justement ne fait pas la gloire de ce Gouvernement; sur le plan économique, nous tombons sous une avalanche de chiffres grandioses visant la formation professionnelle des jeunes et l’investissement dans l’économie, mais tout en faisant encore plus d’économie et en diminuant les rentrées fiscales de l’Etat. La manière dont tout cela sera financé n’est pas très claire. Sur le plan social, des réductions en vue et une lutte contre le chômage qui passe par la facilitation de rayer les demandeurs d’emploi des listes. Ici aussi, il y a continuation. Pour les retraites on retrouve du Juppé, sur la police on voit du Fillon. Etc, etc, etc. Un programme entre hollandisme, regards à droite et populisme, sans colonne vertébrale. Bref, notre cher ami a attendu que les autres aient présenté et défendu leur programme pour piocher à droite et à gauche.
Le programme de Macron est à son image: un montage de communication. Vous voulez du sécuritaire, le voici. Une dose de populisme avec les retraites et la taxe foncière. Mais surtout une grande moralisation de la vie publique et la lutte contre l’infâme népotisme.
Les questions s’entassent déjà, notamment, puisque l’on parle tant de morale politique ces derniers temps, pourquoi ne sait-on toujours pas officiellement qui finance? En politique, ce n’est pas anodin. Et le fait qu’il refuse de dévoiler ses sources de financement laisse la place à tous les fantasmes. Mais aussi à tous les dangers.
Quoi qu’il en soit, le cas Macron pose de nombreuses questions. Mais une centrale retiendra notre attention: et s’il est élu, comment compte-t-il gouverner?
L’élection présidentielle est certes un choix d’homme, mais elle s’appuie sur les partis politiques. Et comment va-t-il gouverner sans parti politique? Les institutions de la Ve prévoient une coopération entre l’exécutif et le législatif qui s’articule autour de ces partis. Le Président forme le Gouvernement en fonction de la majorité parlementaire. Cette majorité est constituée de membres de partis politiques.
Il a alors deux possibilités. Soit il constitue un parti et ouvre les cartes, notamment sur ses soutiens réels. Ce qui n’est pas forcément à son avantage et risque de le mettre dès son début de mandat en situation de cohabitation. Ce serait une première. Soit il ne constitue pas de parti et joue sur le flou, par des accords de circonstances. L’inconvénient de cette stratégie sa faiblesse tant institutionnelle que politique, ce qui est inquiétant vus les enjeux internationaux (réforme de l’UE, coopération avec la Russie, relations avec les Etats Unis etc). Institutionnellement, cela l’oblige, en cas de victoire à constituer un Gouvernement sans stratégie intérieure, sans coordination, car avec des membres venant des différents courants politiques, afin de s’assurer les bonnes grâces des partis et des députés. Politiquement, il rassemble, lorsque l’on y regarde de plus, près des élus qui sont déçus par les partis, qui ont peur de la défaite, qui sont illuminés par un mirage. Dans quel mesure ces appuis sont fiables à long terme? A voir.<
Il reste encore un point fondamental, qui découle de ce qui vient d’être dit. Regardez bien cet article tiré du journal Le Soir:
Macron, dernier rampart contre le nauffrage. Sans en appeler à nos amis de Décodex, le titre laisse perplexe. Rappelons-nous que Macron est celui qui félicite la Chancelière allemande pour sa politique d’accueil des migrants, celui qui nie l’existence d’une culture française et défend le multiculturalisme en France. Celui qui stigmatise l’histoire de la France. Il refuse justement de se prononcer clairement dans son programme sur les problèmes de société qui nous touchent fortement ces derniers temps, à sa voir la laïcité et l’islam. Car il ne veut pas cliver avant le vote pour ratisser large, mais il s’était prononcé plutôt favorablement à l’islam et avec précaution sur la laïcité. Nous sommes donc bien dans la négation de la société française. L’élection de Macron serait donc le dernier pas à franchir pour tomber dans une vision communautariste de la France, contraire à nos valeurs.
Mais l’élection de Macron est également le dernier pas à franchir pour faire tomber le système politique de la Ve République. Il faut bien comprendre qu’au-delà de son programme qui n’a pas grand sens, il n’est ni de droite, ni de gauche. il utilise les institutions et les mécanismes politiques existant dans une vision globaliste, qui ne peut se satisfaire des partis politiques et des Etats désirant être souverains. C’est pourquoi il fait des concessions à ses traitres de droite, de gauche et de centre, il leur sert suffisamment pour les appaiser. Il invite à la traitrise, c’est cela son véritable programme. Car elle affaiblit les partis traditionnels et donc les institutions de la Vé République. Et c’est ici qu’est le mensonde principal de Macron: il n’est pas un candidat de la continuation, ni de la rupture d’ailleurs, en ce sens il est réellement anti-système. Il se prépare à abattre ce système politico-institutionnel au profit d’une vision d’un Etat minimaliste, multiculturel, ouvert à tous les vents, s’inscrivant dans un magma globalisant, sans passé donc sans avenir. Sa candidature remet ainsi en cause la classification droite / gauche que l’on fait habituellement. Cest pourquoi des juppéistes sont plus proches de Macron que de Fillon, ou des socialistes s’éloignent de Hamont. Ils ont en commun cette vision globaliste. Cela ne remet pas forcément en cause l’existence d’une droite et d’une gauche en France, mais ce paradigme n’est simplement plus déterminant. La possibilité même d’une candidature de Macron en est le signe.<
Ces élections présidentielles semblent revêtir une dimention particulière, réllement civilisationnelle. A nous de choisir, car personne ne mettra de bulletin à notre place dans l’urne.
Karine Bechet-Golovko
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