Sur les 350 kilomètres de cette ligne de front qui fracture le Donbass aux confins de l’Ukraine et de la Russie, il existe des points sensibles où le feu des combats brûle intensément et sans répit depuis bientôt 3 ans. Zaitsevo, que nous avons déjà évoqué ici plusieurs fois est une petite localité agricole située au Nord de la ville de Gorlovka, entre Donetsk et Lugansk.
Lorsque la ligne de front se stabilise en 2014, la ville de Gorlovka devient une pierre d’angle de la défense républicaine, offrant un bouclier organisé autour d’un tissu urbain important et qui protège l’axe logistique reliant les 2 Républiques entre le carrefour de Yasinovataya (Donetsk) au Sud et celui de Debalsevo au Nord (Lugansk).
La semaine dernière nous avons eu le plaisir d’accueillir le géopoliticien François Grumel-Jacquignon, venu faire un voyage d’étude en Ukraine et dans le Donbass à la rencontre du terrain, des acteurs et de la population civile. Dans le court temps de son séjour cet analyste qui arpente avec la même passion les champs de bataille et les rayons des archives historiques a rencontré personnes, connues et anonymes pour recueillir leurs témoignages et partager un temps leur regard sur l’Histoire en mouvement.
Avant la guerre, Zaitsevo abritait une population de 3000 personnes environ, mais lorsque les bombardements et les combats éclatent, projetant ce paisible village dans le brasier de la première ligne du front, environ la moitié de la population fuit les orages d’acier, tandis que, par volonté ou par obligation les familles restantes organisent leur survie autour des caves et des angles morts offerts par les vielles maisons traditionnelles russes.
Depuis des mois l’armée ukrainienne tire quotidiennement sur ce secteur, sans différencier les tranchées et bunkers de la ligne de front républicaine située sur la limite Nord du village avec les zones résidentielles qui lui sont pourtant éloignées. Plus de 100 maisons ont été touchées par l’artillerie lourde et des rues entières exposées au tirs directs ont leurs fenêtres et facades criblées par les impacts des snipers qui s’amusent à terroriser la population fuyant les fenêtres et les jardins…
Au moment où la guerre frappe son village, Irina Dikun non seulement reste sur place malgré les combats mais se porte volontaire pour organiser l’entraide humanitaire et la survie de la population au milieu des ruines. Rapidement son abnégation et son courage exemplaires vont naturellement la faire élire représentante de cette population dont le village est pris en otage par le front d’une guerre de plus en plus meurtrière…
En 2016, lorsque l’armée ukrainienne entame la réorganisation de son armée pour préparer une nouvelle offensive contre le Donbass, Zaitsevo, dont le nom claque déjà comme un coup de fouet se retrouve en première ligne essuyant à nouveau des bombardements vespéraux quotidiens de plus en plus forts.
Les gens malgré la peur et les destructions restent sur place, essentiellement des personnes âgées comme ce vétéran de la seconde guerre mondiale qui a vu sa maison endommagée par des bombardements ukrainiens, ou des familles paysannes dont la survie est dépendante des maigres ressources rassemblées autour de leur ferme.
Irina Dikun, le coeur sur la main nous accompagne au milieu des ruines de son village, le visage grave mais qui invite encore un sourire à partager la foi et l’espérance portée pour cette terre noire travaillée et défendue par la sueur et le sang de ses aïeux.
Au détour d’une maison effondrée ou d’une toiture brûlée, des coups de feu retentissent ici et là matérialisant la ligne de front invisible sous un manteau de camouflage blanc.
Plus tard, en retrait de la ligne de front, nous visitons un établissement scolaire où ont été déplacés les classes des enfants de Zaitsevo dont l’école, régulièrement bombardée a été abandonnée. Ces enfants au regard grave, concentrés avec élégance sur leurs ouvrages scolaires nous offrent en silence une autre et belle leçon de courage, de foi et d’espérance. En effet, malgré la peur de la guerre et la fatigues de mille nuits difficiles passées terrés dans les caves humides et froides secouées par les bombardements, cette jeunesse confiante s’instruit pour pouvoir forger un jour prochain, sur cette terre noire rougie par l’Histoire, un avenir fort et pacifique.
Ici, nul besoin de propagande pour François Grumel-Jacquignon, car sur cette terre désolée par la guerre, cet observateur attentif de la tectonique géopolitique, récolte seul une moisson de Vérité inestimable, entre les murs griffés par la folie humaine et derrière lesquels règne toujours les valeurs de l’hospitalité slave ouvrant sa table aux visiteurs…
Le soir nous retrouvions la ville de Donetsk au rythme de nouveaux bombardements qui sur le front Nord avaient tenté de détruire dans la même journée une usine de produits chimiques et une station d’épuration d’eau, actes criminels illustrant ici encore le terrorisme génocidaire de ce pouvoir fantoche mis en place par Washington au coeur de l’Europe.
Erwan Castel
Photos Svetlana Kissileva
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