Dans son interview au média russe Izvestia, le député de l’Assemblée Nationale de la France s’est exprimé sur la résolution contre les sanctions antirusses qui sera examinée par le Sénat le 8 juin prochain, ainsi que sur le non respect par l’Ukraine des accords de Minsk et l’état d’esprit actuel au sein de l’UE.
— Monsieur Mariani, fin avril dernier vous étiez à l’initiative de la même résolution qui a été adoptée par l’Assemblée Nationale. Que pouvez-vous dire sur le document que vos collègues sénateurs Yves Pozzo di Borgo et Simon Sutour présenteront au vote le 8 juin ?
— Premièrement, c’est une très bonne nouvelle. D’ici 6 jours, le document dont les clauses sont similaires à celui que j’ai initié à l’Assemblée Nationale sera examiné par la chambre haute de notre parlement. Je tiens à en félicité Monsieur di Borgo que je connais très bien et qui a été avec moi l’année dernière en Crimée et qui s’est rendu plusieurs fois en Russie. A mon avis, le vote au Sénat sera extrêmement intéressant car, au même titre que la résolution due j’ai proposée, celle-ci n’a que caractère d’une recommandation et le gouvernement a le droit de faire ce qu’il veut. Néanmoins, si les deux chambres du parlement votent contre la reconduction des sanction, je serai choqué si le gouvernement n’en tient pas compte.
— Vous avez certainement échangé avec Monsieur di Borgo sur la situation actuelle en Ukraine et sur la détérioration des rapports entre la France et la Russie qui s’en est suivi. Quel est votre avis sur ce sujet ?
— Comme je viens de dire, Monsieur di Borgo est un ami à moi et nous avons des opinions convergentes. A savoir que les sanctions ne servent strictement à rien. Vous connaissez la position officielle de la France que les mesures restrictives contribuent au respect des accords de Minsk. Mais que voyons-nous en réalité ? Jusqu’à ce jour la Rada Suprême (NDT : le Parlement de l’Ukraine) n’a conduit aucune reforme prévue par les accords de Minsk-2. C’est pour cette raison que nous nous exprimons pour la levée des sanctions à l’encontre de la Russie. Vous m’excuserez, mais si on réfléchit logiquement, il y a deux solutions. Premièrement, il faut lever les sanctions antirusses, et deuxièmement, il faut introduire des sanctions contre l’Ukraine. Parce qu’actuellement, Kiev fait preuve d’un manque de respect quand il ne met pas en œuvre des accords de Minsk. Et c’est la partie ukrainienne qu’en porte principalement la responsabilité.
— Quelles sont les chances que le Sénat adopte la résolution le 8 juin ?
— La probabilité de cela est très élevée. La majorité au Sénat n’est pas la même qu’à l’Assemblée Nationale. Dans l’Assemblée le parti des Républicains auquel j’appartiens est minoritaire. Ainsi, pour que la résolution que nous proposions soit adoptée, nous avions besoin de nous assurer le soutien des socialités ainsi que de certains membres du Front National voire des communistes. Tandis qu’au sein du Sénat l’opposition représente la majorité et notamment, di Borgo qui fait parti de la dite opposition dispose d’une majorité. Je pense que la résolution a toute les chances de passer.
— Néanmoins, le gouvernement français peut continuer à suivre sa ligne officielle même en cas d’adoption de la résolution par le Sénat
— Naturellement, puisqu’il ne s’agit pas d’une loi. Néanmoins, la résolution est une sorte de signal au gouvernement. Suivant la Constitution, le gouvernement peut avoir sa propre ligne politique différente de celle du parlement. Mais vous savez, traditionnellement, la France est un pays qui apprend au monde entier le respect des droits de l’homme, à la libre expression de la volonté du peuple et à ce que la voix du peuple doit toujours être entendue. Evidemment, je ne peux pas imaginer que lorsqu’un document est adopté par l’Assemblée nationale et par le Sénat, le gouvernement ne fasse pas la même chose. Parce que les deux chambres du parlement ont été élues par une voix démocratique et nous représentons la volonté du peuple français. Ce qui veut dire que l’opinion des gens diverge avec l’idée du soutien des sanctions. J’assisterai sans faut à la discussion au Sénat et suivrai ensuite la réaction du gouvernement.
— Le 28–29 juin un sommet de l’UE se tiendra à Bruxelles où, entre autres, il sera discuté la question de la reconduite automatique des sanctions. Plusieurs pays se sont déjà exprimés contre cela. Quelle sera la position de Paris ?
— Je ne sais pas quelle sera la position de notre pays. Avant, il faut attendre que le Sénat aura voté et ensuite regarder si la position du gouvernement change. Je pense que le 8 juin nous verrons ce qu’il faudra attendre du sommet européen à Bruxelles.
— Que pensez-vous dut fiat que le conseil de la région de Vénétie a récemment adopté la résolution qui appelle à son tour à lever les sanctions ainsi que reconnaitre que la Crime en tant que partie de la Russie ?
— J’en ai entendu parler. Selon moi, petit à petit les parlements régionaux et nationaux se posent la question pourquoi faut-il garder les sanctions à l’encontre de la Russie si cela porte préjudice à nous-mêmes ? Ce qui se passe dans les différents coins de l’Europe montre que les gens sont en désaccord avec la ligne officielle de l’UE.
Traduit depuis le russe par Svetlana Kissileva
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