Le 7 novembre 1941, la parade militaire en l’honneur de la Révolution d’Octobre avait un goût particulier. L’ennemi était proche de Moscou, le front se stabilisait, mais la situation restait instable. Organiser une Parade militaire en pleine guerre, avec tous les risques que cela comporte, fut une décision personnelle de Staline pour remonter le moral des troupes et de la population. De la Place Rouge, les hommes sont directement partis sous la neige vers le front. Aujourd’hui aussi il neige. Aujourd’hui aussi la Place Rouge est blanche. Aujourd’hui aussi nous menons une guerre. Incidieuse et violente à la fois. Une guerre tout à la fois virtuelle et ancrée dans notre réalité, qui tue des êtres humains et transforme nos vies sans pour autant être déclarée. Une guerre dans laquelle le front est encore plus instable, mouvant. Une guerre dans laquelle la Russie est à la fois un allié et l’ennemi à abattre. Une sale guerre. Comme toutes les guerres. Une guerre qu’il faut gagner, comme toutes les guerres.
“La vérité est de notre côté. La victoire sera avec nous”
C’est avec ces paroles que Staline envisageait la Grande Guerre Patriotique. Fin octobre 41, à la surprise générale, alors que le front est à 70-100 km de Moscou, qu’une partie de la population a été évacuée de la capitale, que ce front instable se rapproche à certains endroits à près de 30 km, en plein coeur de la Bataille de Moscou, il lance l’idée d’organiser une grande Parade militaire ce 7 novembre 41, envers et contre tout. Des mesures de sécurité exceptionneles sont prises, l’heure est avancée au dernier moment, tout est organisé dans le plus grand secret pour éviter des bombardements allemands, à ce moment précis, sur le commandement du pays réuni en un seul endroit.
Sous une neige intense qui a le mérite d’ôter tout risque de survol par l’aviation ennemie, le défilé regroupe environ 28 500 personnes, 140 éléments d’artillerie, 160 tanks et 232 voitures militarisées. Une partie des troupes et des armements ont été retirés momentanément du front et y sont retournés directement après. La Parade n’a duré que 25 minutes et il fallu attendre 1945 pour pouvoir en organiser une autre, dans une toute autre atmosphère. Il ne fallut que 25 minutes pour entrer dans l’histoire, comme un symbole de courage, un défi lancé à l’ennemi :
“La vérité est de notre côté. La victoire sera avec nous”
Aujourd’hui aussi, une Marche est organisée en souvenir de cette Parade symbolique. 75 ans après. L’on y trouve 5000 militaires, cadets, élèves officiers. Et des artéfacts de la Seconde Guerre Mondiale sont également présentés.
Cette Marche symbolique n’a pas eu lieu lors des années considérées par l’UE et les Etats Unis comme hautement démocratiques, à savoir les années 90. La dernière eut lieu en 1990, avant le coup de Eltsine en 1991 et il fallut attendre le 7 novembre 2000 pour que la Russie rétablisse le lien avec son passé. Ce fut déjà une victoire. Intermédiaire.
“La vérité est de notre côté. La victoire sera avec nous”
Pour autant, cette guerre que nous livrons, les pays européens et la Russie ne la mènent pas du même côté. La vérité sera-t-elle suffisante pour obtenir la victoire? Cette phrase n’a jamais eu autant d’actualité qu’avec cette guerre de l’information qui déforme, désinforme, manipule. Cette guerre qui veut détruire l’homme de l’intérieur en lui otant son libre arbitre, sa liberté essentielle. Celle qui passe par le savoir et lui permet de devenir un homme. Cette guerre qui passe par la transformation de l’homme en instrument servile.
Comme l’écrivait déjà Voltaire: “Nous sommes de leur gloire un instrument servile, / Rejeté par dédain, dès qu’il est inutile, / Et brisé sans pitié, s’il devient dangereux”.
Alors que le slogan de la lutte contre le terrorisme est dans toutes les bouches, les groupes terroristes continuent d’obtenir le soutien logistique et financier de l’Occident. Alors que les terroristes doivent être sauvés à Alep, ils sont soi-disant combattus à Mossoul. Alors que la Russie a installé des caméras qui filment en temps réel ce qui se passe à Alep, la coalition américaine bloque l’accès aux médias pour la Grande Bataille de Mossoul. Nous sommes bien loin des opérations américaines heurées en fonction des pauses publicitaires sur CNN. Ici, la mise en scène demande plus de doigté, donc beaucoup, beaucoup plus d’ombre.
Alors que l’ennemi commun devrait être ce terrorisme, la guerre est lancée contre la Russie comme aux plus belles heures du maccarthysme. Même les élections américaines sont font pour ou contre la Russie. La Russie érigée en axe de toute politique par des représentants d’un certain “Occident”, atlantistes et minoritaires mais gouvernant, dont la crédibilité est en chute libre. La Russie est montrée partout, elle semble omniprésente et omnipotente. C’est une arme à double tranchant. Car s’il justifie aux yeux des structures du bloc américain – UE et OTAN – un renforcement du poids des Etats Unis, insister sur la force de l’ennemi, c’est aussi mettre en avant sa propre faiblesse. En exemple, la courbe suivie par l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. D’un poste qui peut sembler, à première vue, comme important, il se retrouve conseiller de P. Poroshenko en Ukraine. Cela relativise toute l’importance et l’autonomie de l’OTAN. Quant à son secrétaire général, un pion déplacé selon le vent des intérêts à court terme. Bref, un instrument de plus, c’est tout, au service de la véritable puissance qui défend sa vision atlantiste du Monde. Maintenant, Rasmussen lance un poignant plaidoyer pour le renforcement – et la légitimation – du rôle des Etats Unis à Sky News:
« Nous avons besoin des États-Unis en tant que gendarme du monde. Nous avons besoin du leadership des États-Unis dans le monde », a-t-il affirmé, ajoutant que les États-Unis devaient « rétablir la loi et l’ordre international ». (…) « Les superpuissances ne partent pas à la retraite »
Le monde n’a pas besoin des organismes internationaux, car il n’a plus besoin de droit international, il a besoin des Etats Unis et de leur force, les autres pays ne sont là que pour concourir au maintien du système. Un pays ne peut être, donc, que satellite ou ne doit pas être. Ce système n’a effectivement aucune place pour la Russie d’aujourd’hui, indépendante. Et elle est un ennemi beaucoup plus redoutable que le terrorisme.
Mais ne perdons pas espoir, la vérité est de notre côté, la victoire sera avec nous.
Karine Bechet-Golovko
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