Route de Castello
Depuis le début de la pause humanitaire proposée par la Russie pour permettre à la population de l’Est d’Alep, zone tenue par les groupes terroristes (“modérés” ou non), de quitter la ville, possibilité également donnée aux terroristes, peu de civils sont sortis et quelques terroristes ont demandé à être exfiltré. En revanche, bombardements des corridors humanitaires, répressions contre les civils qui voulaient passer à l’Ouest, tirs sur les journalistes et les postes de garde militaire se sont multipliés. Pour autant, aucune réaction internationale ne se fait entendre. Rien. Silence on tue. J’oubliais, ce sont les “pro-occidentaux” des quartiers Est d’Alep qui tirent, pas les soldats d’Assad.
Comme l’indique le rapport journalier du 20 octobre du Centre russe pour la réconcilliation des parties belligérantes en Syrie:
Dans la ville d’Alep la pause humanitaire a débuté ce matin à 08h00 et a duré jusqu’à 19h00. Ensuite on l’a prolongée de 24 heures. À partir du 18 octobre les Forces aérospatiales russes et les Forces aériennes syriennes ont cessé de porter des coups sur les positions des terroristes et au début de la pause humanitaire les forces syriennes ont été retirées à la distance qui permettait aux rebelles et aux civils de quitter la ville d’Alep orientalle par les huit couloirs humanitaires.
Les huit rebelles blessés ont profité de la pause humanitaire et sont sortis de la ville d’Alep. On leur a fournis une assistance médicale, une alimentation chaude et de nouveaux vêtements. Ensuite l’autobus les a transportés par le couloir du sud hors de la ville d’Alep sur le territoire sous le contrôle des formations armées illicites.
Le groupement terroriste «Ahrar al-Cham» a exécuté les quatorze représentants des autorités locales des quarties orientaux de la ville d’Alep, qui avaient appelé les civils et les rebelles à quitter la zone de la ville contrôlée par les terroristes.
Tous les couloirs humanitaires se trouvaient sous un feu ajusté constant. Trois officiers du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie ont reçu des blessures légères près du marché Souk-al-Khai aux cours des tirs des rebelles contre le couloir du sud. Ils ont été transportés sus la base de Hmeimim. Leurs vies ne sont pas en danger.
Dans la ville d’Alep, les groupements terroristes ont tiré aux systèmes LRM improvisés, à l’artillerie de tube, aux mortiers et armes d’infanterie contre les quartiers «3000», Suleiman-Khalyabi, Al-Maidam, Cheik-Maksoud, Arian, al-Khalidia, Khai-al-Antari, l’usine de ciment, l’académie militaire al-Assad, le centre de commerce «Kastello» et les positions des troupes gouvernementales près des quartiers «1070», Leramon, Ramoussi, Khai-al-Ansari, de l’usine de ciment et de la cité Beniamine.
Selon les journalistes russes sur place, au début de la journée, les soldats syriens étaient confiants, ils attendaient les civils avec le sourire, les bus verts étaient près, les ambulances bien garées. Ils pensaient que des groupes combattants allaient poser les armes, fatigués de ce conflit qui n’a aucun sens, voulant retrouver une vie normale. Ils espèraient la fin des combats.
Mais c’était sans compter le poids stratégique de Alep dans le combat contre le régime syrien. Les terroristes ne peuvent se permettre de perdre Alep, ils menacent civils et combattants qui veulent partir.
Les corridors humanitaires sont bombardés:
Ne voyant rien venir, le moral tombe. A la fin de la première heure du cessez-le-feu, il faut reculer les bus de transport et les ambulances, car les tirs s’intensifient aux abords des corridors humanitaires, afin de dissuader toute personne de les utiliser. A Boustan al Kassr, la situation est très tendue. Par téléphone, les membres surveillant le corridor humanitaire arrivent à discuter avec un contact sur place pour comprendre ce qui se passe. L’on entend principalement des gens crier … puis des tirs … puis plus rien. Quelques centaines de personnes s’étaient regroupées pour demander aux terroristes de les laisser partir vers l’Ouest de la ville, les terroristes modérés leur ont tirés dessus. Quant aux plus de 2000 personnes qui étaient stationnées aux portes du corridors dès le matin, ils furent immédiatement dispersés à coup de fusil. Et la route de Castello est sous le feu du mortier des terroristes modérés. Imaginons ce qui se passerait s’ils n’étaient pas modérés …
Les journalistes aussi furent pris pour cible, comme cette équipe de
Russia Today qui a vu trois obus leur tomber à côté:
C’était la panique. Tout le monde s’est précipité vers n’importe quel abri que nous pouvions trouver. Nos collègues arabes sont allés dans une maison, nous sommes entrés dans une autre maison un peu plus loin. (…) De toute évidence, ce qui s’est passé était voulu. Ils ont essayé d’envoyer un message.
Pourtant, étrangement, rien. Pas de réaction internationale. Quant à la presse française, l’attitude est déplorable. Dans
Le Figaro, un texte on ne peut plus lapidaire dont voici l’intégralité:
Des combats et des tirs d’artillerie ont eu lieu ce matin dans un des couloirs “humanitaires” définis par Moscou peu après le début d’une trêve à Alep, a constaté un journaliste de l’AFP dans le secteur rebelle.
Qui a tiré? Contre qui les tirs étaient dirigés? Silence.
Un photographe de l’AFP présent dans le secteur tenu par le régime a confirmé pour sa part avoir entendu des tirs, près du passage situé dans le centre d’Alep, tandis que l’agence officielle Sana a accusé “des groupes terroristes” d’être responsables de ces tirs.
Mais lorsque l’on lit l’article publié sur le site de
France 24, finalement on regrette Le Figaro. ici, l’on apprend que l’armée d’Assad assiège la ville … comme s’il s’agissait d’une armée d’occupation alors qu’il s’agit de l’armée régulière. Et son but semble plus que perfide au journaliste français:
En donnant son feu vert pour l’ouverture de ces corridors, Damas cherche à vider ces secteurs rebelles des quelque 250 00 habitants pour reprendre plus facilement ces zones qui échappent à son contrôle depuis 2012.
En effet, quelle drôle d’idée de lutter contre des terroristes modérés pro-occidentaux et de vouloir, pour un Etat, récupérer le contrôle de son territoire. Mais la suite est encore mieux:
Pour Karim Bitar, directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques, “les habitants d’Alep font face à un terrible dilemme, ils ont le choix entre risquer de mourir de faim ou risquer de mourir dans leur fuite”.”Une chute d’Alep constituerait un revers majeur pour les rebelles. Cela signifierait qu’Assad et (le président russe Vladimir) Poutine ont (…) repris le dessus”, indique-t-il. “La tragédie syrienne a souvent montré que l’humanitaire a été utilisé comme stratagème cynique servant des intérêts géopolitiques”, selon lui.
Aucun mot sur les représentants des conseils locaux fusillés pour avoir soutenu le départ des civils, sur ces civils fusillés pour avoir voulu partir. Comme si les gens voulaient rester avec ces gentils “terroristes modérés pro-occidentaux”, le mythe de la fameuse “Révolution de la dignité” ukrainienne revu et adapté à Daesh. Quant aux tirs sur les corridors, cela frise la désinformation:
Un médecin travaillant pour une organisation humanitaire a déclaré que les troupes avaient tiré au canon sur des familles se rassemblant près d’un autre de ces “corridors”, dans le quartier de Boustan al Kassr. Alors que l’aide n’est plus parvenue à Alep depuis le 7 juillet, des médecins syriens des zones rebelles ont également averti, depuis Genève, qu’une société entière était “en train d’être éradiquée sous les yeux du monde” à Alep.
Tout d’abord cela laisserait entendre que ces “troupes” sont celles du régime, car il n’est pas dit “rebels”, voire “terroristes”, ce qui est faux. Ce sont justement ces “opposants” soutenus par l’Occident et la presse qui sont en train d’éradiquer tout un peuple sous le regard vide d’une société occidentale zombifiée. Ensuite, pourquoi toutes les sources françaises considérées comme fiables sont-elles du côté des “terroristes modérés”?
L’on comprend, dans ce contexte de désinformation volontaire et de manipulation de l’opinion publique, la réaction de l’ambassadeur russe à l’ONU, V.
Tchourkine, qui s’interroge sur la position des instances dirigeantes de cet organe face aux groupes terroristes. Le secrétaire général de l’ONU lors de son allocution sur la situation en Syrie, n’a pas une seule fois évoqué ni Daesh, ni Al Nusra et le représentant spécial pour la Syrie, quant à lui, annonce garantir une exfiltration en toute dignité et ce au nom du Secrétaire général de l’ONU. Il semblerait que les deux corridors mis à disposition de ces groupes ne soient pas suffisants comme garantie …
Nous sommes impressionés par le degré de convergence entre les points de vue des groupes terroristes et des organes de l’ONU.
A-t-on oublié contre qui nous nous battons ou avons-nous changé d’ennemi en cours de route? Car ce sont justement ces terroristes modérés qui font exploser café et salles de concerts en France, qui font de la viande hachée des estivants, qui minent la société française. Mais il est vrai qu’ils permettent au pouvoir en place, en France, de justifier sa politique. Ca le vaut bien quand même …
PS; Etrange comme l’histoire se répète, il est à nouveau difficile de passer à l’Ouest, sauf que les rôles sont inversés. L’histoire se répète, radote, dérape. L’imagiation humaine est très limitée.
http://russiepolitics.blogspot.ru/2016/10/alep-les-groupes-terroristes-fusillent.html?m=1