Je voudrais rappeler pour la première fois avec douleur et amertume : au vu de toute la société, ils enterraient l’Union (NDT : l’Union Soviétique). Moi, je m’obstinais avec rage de prôner à toutes les occasions la sauvegarde de l’Union, mais le peuple se taisait. Les intellectuels qui comprenaient tout, se taisaient. Pourquoi ? Ils ont cru que la CEI (NDT : la Communauté des Etats indépendants) sera aussi une Union des Etats au sein de laquelle les dits Etats auront des droits plus larges. –
Mikhaïl Gorbatchev
Le 8 décembre 1991 dans la forêt de Belovej près de la frontière biélorusso-polonaise, les chefs de la Russie, de l’Ukraine et de Biélorussie ont tiré un trait sur l’URSS. Boris Eltsine, Stanislaw Chouchkievitch et Leonid Kravtchouk sont passé outre la volonté du peuple et ont apposé leurs signatures sous le texte suivant :
«Nous, la République de la Biélorussie, la Fédération de la Russie (la RSFSR), l’Ukraine, agissant en tant que les Etats fondateurs de l’Union RSS ayant signé le Traité d’Union du 1922, désignés ci-après les Hautes Parties Contractantes, constatons que l’Union RSS cesse d’exister en tant que sujet du droit international et réalité géopolitique. <…> Les Hautes Parties Contractantes constituent la Communauté des Etats Indépendants. <…> A compter de la signature du présent Traité, il n’est plus permis d’appliquer sur les territoires des Etats l’ayant signé les normes des Etats tiers, y compris de l’ex-Union RSS».
Vers la fin de 1991, la crise dans le pays s’accélérerait depuis déjà une décennie. Le gouvernement de Gorbatchev espérait trouver une issue à cette crise dans la Perestroïka et dans les reformes visant la «démocratisation». La Perestroïka, commencée en 1985, a provoqué un essor des sentiments positifs chez la partie libérale de la société. Néanmoins, cela n’a pas eu de répercussion sur la prospérité économique du pays, mais a contribué, bien au contraire, à la dégradation de l’économie : le niveau du bien-être de la population a baissé considérablement, les rayons de magasins restaient vides, la vente à la sauvette fleurissait, des conflits interethniques couvaient dans plusieurs ex-républiques soviétiques…
Par le passé, dans des conditions d’un pouvoir central fort et d’une idéologie communiste puissante basée sur l’amitié inébranlable entre les peuples soviétiques, il n’y a pas eu de conflits pouvant dégénérer vers des confrontations armées. Mais, suites aux réformes de Gorbatchev, le contrôle strict du centre sur la plupart des domaines de la vie dela société ainsi que les fondements de l’idéologie communiste ont été nivelés. Ce qui a provoqué, à compter de 1990, un déferlement des souverainetés.
Le premier territoire de l’URSS ayant proclamé son indépendance fut la République socialiste soviétique autonome du Nakhitchevan. Les républiques de la Lettonie, de la Lituanie, de l’Estonie, de l’Arménie et de la Géorgie s’en sont suivi.
La constitution qui était en vigueur à l’époque disait : «L’Union des Républiques Soviétiques Socialistes est un Etat uni fédéral plurinational fondé sur le principe de la communauté socialiste résultante de l’autodétermination libre des nations et une union librement consentie des Républiques Soviétiques Socialistes égales».
Disposant d’une souveraineté uniquement de jure, les républiques se sont mises à refuser la primauté du pouvoir central, des lois fédérales, ce qui n’a pas manqué de se répercuter sur le versement des impôts dans le budget commun ainsi que sur les liens économiques en général qui se sont mises à se détériorer. Boris Eltsine a profité de la situation qui s’était créée et, en tant que président du Conseil Suprême de la République Fédérale Socialiste Soviétiquede la Russie a contribué à la proclamation de leur souveraineté et de la primauté de leur propres lois sur celles de l’Union Soviétique.
En décembre 1990, Gorbatchev a proposé le projet d’un nouvel Traité d’union suivant lequel l’URSS devenait une fédération «souple’» au sein duquel les républiques souveraines disposaient de droits élargis, et le 17 mars 1991, il a organisé un référendum sino-soviétique lors duquel les citoyens ont décidé que l’Union Soviétique doit continuer d’exister sous une forme modernisée. La question était la suivante : «Pensez-vous qu’il est essentiel de préserver l’URSS sous forme d’une fédération renouvelée de républiques souveraines et égales où les droits et les libertés de chacun, quelle que soit la nationalité, seront pleinement garanties ?» Près de 80% de citoyens ont donné une réponse affirmative.
On prévoyait la signature d’un nouveau Traité d’union, mais son adoption a été empêchée par le putsch d’août 1991.
Le 1er décembre, l’Ukraine a proclamé son indépendance et celle-ci a été immédiatement reconnue par Eltsine. Plus tard, il a déclaré que le traité pour la création de l’Union des Etats Souverains n’avait pas de sens sans l’Ukraine et ils est parti pour participer aux négociations non-officielles avec les leaders ukrainien et biélorusse dans la forêt de Belovej .
Toutes les parties ayant signé le traité de Belovej ont dit pr la suite de ne même pas imaginer les conséquences que cela allait entraîner.
Est-ce vrai ? Eltsine, Chouchkievitch et Kravtchoukn’avaient vraiment aucune conscience de ce que l’URSS allait devenir après cette rencontre où, selon leur propres dires, ils s’apprêtaient à discuter de la «coopération dans les domaine de l’énergie et du fond des semences» la veille de la campagne de semailles ?
Gorbatchev, lui-même, en commentant les 25 ans du traité de Belovej, a accusé, une fois de plus, les personnes qui y avaient participé d’avidité du pouvoir et a souligné la passivité de la population : «Ils auraient fallu descendre dans les rues et soutenir l’Union Soviétique, soutenir Gorbatchev. Je pense que ce fut une sorte de folie».
Il s’agit incontestablement d’une tentative de fuir sa responsabilité ; aussi bien de la part de Gorbatchev, lui-même que des personnes qui s’étaient réunies dans la forêt de Belovej le 8 décembre 1991. Chacun poursuivait ses propres objectifs : pour Gorbatchev, c’étaient les uns, pour Eltsine les autres, pour Chouchkievitch et Kravtchouk encore les troisièmes. Et comme toujours, c’est le peuple qui a payé les pots cassés, ce peuple à l’encontre de la volonté duquel a été prise la décision de mettre la fin à l’existence d’un pays énorme, la décision qui a entraîné des changements radicaux. Malheureusement, aujourd’hui encore nous pouvons observer les conséquences de ces changements, tandis que le mot d’ordre et un des principes essentiels de l’Union Soviétique : l’amitié indéfectible entre les peuples soviétiques est tombé dans Léthé. Ce dont profitent nos «alliés occidentaux».
Gueorgui Morozov, rédacteur en chef de Novorossia Today
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